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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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besoins d'une famille nombreuse. Aussi, lorsqu'il alla passer quelques jours à Nohant en octobre 1837, George Sand conçut le projet de lui élever ses enfants et de le tirer de la misère à son insu.
    «C'est plus difficile que nous ne pensions, écrit-elle à madame d'Agoult. Il a une fierté d'autant plus invincible qu'il ne l'avoue pas et donne à ses résistances toute sorte de prétextes. Je ne sais pas si nous viendrons à bout de lui. Il est toujours le meilleur des hommes et l'un des plus grands. Il est très drôle quand il raconte son apparition dans votre salon de la rue Laffitte. Il dit :
    »-J'étais tout crotté, tout honteux. Je me cachais dans un coin. Cette dame est venue à moi et m'a parlé avec une bonté incroyable. Elle était bien belle !
    »Alors je lui demande comment vous étiez vêtue, si vous êtes blonde ou brune, grande ou petite, etc. Il répond :
    -Je n'en sais rien, je suis très timide ; je ne l'ai pas vue.
    -Mais comment savez-vous si elle est belle ?
    -Je ne sais pas ; elle avait un beau bouquet, et j'en ai conclu qu'elle devait être belle et aimable.
    »Voilà bien une raison philosophique ! qu'en dites-vous ?»
    Entre temps, Pierre Leroux reprenait auprès de George Sand la place laissée vide par Sainte-Beuve, lui servait de directeur de conscience. Il avait fort à faire. Elle le chargeait notamment de sermonner Félicien Mallefille, qui, occupant à Nohant le poste de précepteur auquel Eugène Pelletan fut trouvé impropre, ajouta à ses fonctions officielles un autre emploi que l'on présume. Six mois durant, il eut l'honneur d'être un secrétaire très intime, et il ne voulait pas abdiquer ; mais l'affection de George Sand suivit l'évolution coutumière.
    Au début, pendant l'hiver de 1837-38, elle atteste que Mallefille est une «nature sublime», qu'elle «l'aime de toute son âme» et donnerait pour lui «la moitié de son sang.» Or, il advint que le sentimental et envahissant précepteur s'avisa de vouloir supplanter ou doubler Liszt, et adressa à la comtesse d'Agoult une lettre enflammée et irrespectueuse. George Sand, que cette liaison domestique commençait à lasser, saisit l'occasion propice pour le rendre à ses stricts devoirs de pédagogue. Il résista, fit des scènes, faillit se battre en duel avec un ami de la maison. Afin de calmer cet effervescent, elle le dépêcha auprès de Pierre Leroux, en le munissant d'une petite image coloriée qui représentait saint Pierre au moment où le Christ le préserve d'être englouti par les flots. Elle avait joint cette dédicace : «Soyez le sauveur de celui qui se noie.» Et elle fournissait des explications complémentaires, dans une lettre en date du 26 septembre 1838 : «Quand viendra entre vous la question des femmes, dites-lui bien qu'elles n'appartiennent pas à l'homme par droit de force brutale, et qu'on ne raccommode rien en se coupant la gorge.» Pierre Leroux administra la mercuriale demandée, débarrassa George Sand, sauva Mallefille et fut son remplaçant.
    A Nohant, l'existence était celle de la liberté absolue, en même temps que du travail opiniâtre. De même à Paris, lorsque George Sand y faisait de rapides séjours. Elle se sentit délivrée de ses dernières entraves morales, lorsqu'elle perdit sa mère, à la fin d'août 1837. Tout aussitôt, elle écrit de Fontainebleau à son ami Gustave Papet : «Elle a eu la mort la plus douce et la plus calme ; sans aucune agonie, sans aucun sentiment de sa fin, et croyant s'endormir pour se réveiller un instant après.
    Tu sais qu'elle était proprette et coquette. Sa dernière parole a été : «Arrangez-moi mes cheveux.» Pauvre petite femme ! fine, intelligente, artiste, généreuse ; colère dans les petites choses, et bonne dans les grandes. Elle m'avait fait bien souffrir, et mes plus grands maux me sont venus d'elle. Mais elle les avait bien réparés dans ces derniers temps, et j'ai eu la satisfaction de voir qu'elle comprenait enfin mon caractère et qu'elle me rendait une complète justice. J'ai la conscience d'avoir fait pour elle tout ce que je devais. Je puis bien dire que je n'ai plus de famille. Le ciel m'en a dédommagée en me donnant des amis tels que personne peut-être n'a eu le bonheur d'en avoir.»
    Dans le nombre, Pierre Leroux occupe une situation avantageuse et comme privilégiée. Il n'était ni assez jeune ni assez séduisant pour obtenir l'affection exaltée qu'eurent en partage Jules Sandeau, Alfred

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