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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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dire : «J'affirme ;» disons : J'espère ! ce n'est pas dire : «Je sais.» Unissons-nous dans cette notion, dans ce voeu, dans ce rêve, qui est celui des bonnes âmes. Nous sentons qu'il est nécessaire ; que, pour avoir la charité, il faut avoir l'espérance et la foi ; de même que, pour avoir la liberté et l'égalité, il faut avoir la fraternité.»
    En l'année 1855, une grande douleur frappa George Sand. Elle perdit sa petite-fille Jeanne, issue du mariage, hélas ! si orageux, de Solange et du sculpteur Clésinger. Ce deuil, cruel à la grand'mère, ne fit qu'aviver et renforcer l'idéalisme de l'écrivain. «Je vois, mande-t-elle le 14 février 1855 à Edouard Charton, disciple de Jean Reynaud, je vois la vie future et éternelle devant moi comme une certitude, comme une lumière dans l'éclat de laquelle les objets sont insaisissables ; mais la lumière y est, c'est tout ce qu'il me faut.
    Je sais bien que ma Jeanne n'est pas morte, je sais bien que je la retrouverai et qu'elle me reconnaîtra, quand même elle ne se souviendrait pas, ni moi non plus. Elle était une partie de moi-même, et cela ne peut être changé.» Quinze mois révolus, le ler mai 1856, elle écrit encore à madame Arnould-Plessy, la délicieuse artiste : «Ce que j'ai retrouvé à Nohant, c'est la présence de cette enfant qui, ici, ne me semble jamais possible à oublier. Dans cette maison, dans ce jardin, je ne peux pas me persuader qu'elle ne va pas revenir un de ces jours. Je la vois partout, et cette illusion-là ramène des déchirements continuels. Dieu est bon quand même : il l'a reprise pour son bonheur, à elle, et nous nous reverrons tous, un peu plus tôt, un peu plus tard.» Elle a mis de côté les poupées de l'enfant, ses joujoux, ses livres, sa brouette, son arrosoir, son bonnet, ses petits ouvrages, et elle contemple, aïeule mélancolique, tous ces objets qui attendent vainement le retour de l'absente.
    Il faut pourtant que la vie de labeur suive son cours, il faut travailler, peiner, produire ; car le budget de Nohant est lourd. Pour que la maison maintienne sa large hospitalité et que les siens aient le superflu, George Sand se prive souvent du nécessaire. Le 8 janvier 1858, elle avoue à Charles Edmond qu'elle n'a pas pu s'acheter un manteau et une robe d'hiver. Depuis vingt-cinq ans, elle gagne au jour le jour l'argent vite dépensé. Les circonstances ou sa nature lui ont interdit l'épargne. Et elle entasse les volumes, sacrifiant peut-être la qualité à la quantité.-En 1855, c'est Mont-Revêche où se manifeste la thèse proclamée dans la préface : «Le roman n'a rien à prouver.» Il ne s'agit que d'intéresser.
    Ici, Duterte, grand propriétaire et député, marié en secondes noces à une jeune et jolie femme, Olympe, fait la cruelle expérience des misères qu'entraîne la disproportion d'âge. Olympe succombe à une maladie de langueur. Les caractères dissemblables des trois filles de Dutertre, Nathalie, Eveline et Caroline, sont agréablement dessinés. Mont-Revêche est d'une littérature fluide et facile.-La même année, George Sand termine le Diable aux Champs, commencé avant le Deux Décembre et dédié à son intime commensal, le graveur Manceau. Le livre parut, expurgé de toutes les théories politiques et sociales que l'Empire eût pu trouver subversives, et ce sont, sous forme de dialogue, des dissertations longuettes sur la nature du diable, sur les châtiments après la mort, étranges propos tenus par des personnages au nombre desquels figurent des héros de George Sand, tels que Jacques, le mari qui se suicide pour libérer sa femme, et Ralph, d'Indiana.
    La mort d'Alfred de Musset, ravivant des souvenirs vieux d'un quart de siècle, provoquait en 1858 la déplorable polémique, réciproquement diffamatoire, où George Sand publiait Elle et Lui, et Paul de Musset Lui et Elle. Si ce fut une faute grave, une manière de sacrilège sentimental sous forme posthume, George Sand en a été trop rudement châtiée. Elle avait expliqué une crise, commenté une rupture. Paul de Musset lança contre une femme des imputations ignominieuses. Elle produisit, peu après, une justification émue et éloquente, dans la préface de Jean de la Roche, où, à propos de Narcisse, elle affirme le droit pour l'artiste de puiser dans sa vie et d'analyser les sentiments de son coeur. Venant alors au cas de Paul de Musset, elle le résout par prétérition :
    «Sans nous occuper,

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