Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
un grand-prince.
    Elle planta sa fourchette dans une fleur de courgette enveloppée de pâte et fixa Tron avec attention.
    — Qu’avez-vous l’intention de faire ?
    Le commissaire se demandait maintenant pour quelle raison la princesse s’intéressait autant à ce crime. Connaissait-elle le consul ? Ou peut-être la victime ? Non, impossible. Prenait-elle soudain goût à parler de son travail pendant le repas ? C’était fort peu vraisemblable. En outre, il se demandait depuis un petit moment déjà dans quel ordre il allait aborder les desserts. Devait-il commencer par le tiramisu (dont l’arôme de macaron lui chatouillait de loin les narines) et terminer par la pâte de groseilles ? Ou procéder dans l’ordre inverse ? Ou bien déguster les deux en même temps ? Une petite cuillère par-ci, une petite cuillère par-là… Qu’est-ce que Maria désirait savoir, au fait ? Ah oui ! Ce qu’ils avaient l’intention de faire. Tron releva les yeux.
    — Nous allons vérifier l’alibi de Troubetzkoï. Bossi doit interroger le personnel.
    — Et s’il ressort que la grande-princesse a en effet menti ?
    — Dans ce cas, nous devrons envisager la culpabilité de son mari. Pour cela, il nous faudra des preuves solides. Le témoignage des domestiques ne suffira pas.
    — Le Titien ne serait-il pas une preuve solide ?
    Tron hocha la tête.
    — Si, bien entendu. Nous n’avons néanmoins pas le droit de perquisitionner chez eux. Troubetzkoï jouit de l’immunité diplomatique.
    La princesse fronça les sourcils.
    — En revanche, cette immunité n’arrêtera pas un cambrioleur, lâcha-t-elle au bout d’un petit moment sur un ton qui se voulait si anodin que le commissaire tendit l’oreille. Ce serait peut-être une idée. Un voleur dérobe le tableau et, comme par hasard, vous l’arrêtez à la sortie.
    Tron (qui avait entre-temps opté pour la troisième solution, c’est-à-dire la consommation simultanée des deux desserts qui rappellerait sans doute le goût d’une Sachertorte 1 ) ne put s’empêcher de rire.
    — Tu veux que je pousse un truand à s’introduire dans le palais Contarini ? Si jamais on l’apprend, je suis cuit.
    Elle jeta un regard peu amène de l’autre côté de la table.
    — On ne l’apprendra, objecta-t-elle d’un ton brusque, que si Troubetzkoï appelle la police. Or que veux-tu qu’il dise ? Qu’on lui a volé le Titien qu’il avait lui-même dérobé quelques jours auparavant ? Après avoir tué Kostolany ?
    — En supposant qu’il soit bien l’auteur du crime, remarqua mollement le commissaire.
    Il repoussa son assiette contenant les restes de fleurs de courgette et tourna la tête vers le buffet devant lequel les deux serviteurs éthiopiens montaient la garde et où étaient posés à gauche le tiramisu et à droite la pâte de groseilles. Au fond, la solution simultanée n’était pas nécessairement la meilleure. Un véritable dilemme. Son front se gondola et ses épaules se haussèrent dans un geste indécis.
    — J’ai des doutes, dit-il.
    — Si tu as des doutes, reprit la princesse, tu n’as qu’à envoyer quelqu’un au palais Contarini pour éclaircir cette affaire. Quelle que soit l’issue, l’enquête n’en progressera que plus vite.
    Puis elle ajouta encore – d’une voix un peu trop aiguë, presque trop forte, qui fit sursauter son fiancé : — Il n’y a pas de temps à perdre ! Un Titien ne peut quand même pas se volatiliser !
    Mon Dieu, songea-t-il, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?
    — Tu as parlé à la comtesse ?
    Elle hocha la tête.
    — Ta mère prétend que la reine assistera au bal si tu parviens à retrouver le tableau.
    Elle laissa sa fourchette tomber bruyamment dans son assiette.
    — Et la présence de Marie-Sophie de Bourbon résoudrait un petit problème. Depuis l’arrivée de Maximilien au Mexique, mes bons d’emprunt d’État ont certes repris de la valeur, mais ils sont loin d’avoir rapporté tout ce que j’en espérais. Cela signifie que l’Union bancaire de Vienne doit prolonger mes crédits. J’ai eu ce matin un entretien avec le directeur, M. Leinsdorf.
    — Et il a accepté ?
    — Il s’est montré prudent. En tout cas, nous avons également évoqué le bal.
    Bien qu’elle fût inutile, Tron ne put s’empêcher de poser la question : — Tu as laissé entendre que la reine serait présente ?
    Elle soupira.
    — Oui, une erreur fatale car Leinsdorf compte rester à Venise au moins dix jours. J’ai

Weitere Kostenlose Bücher