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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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    — Je ne sais pas, répondit-il. Je me suis juste rappelé une phrase du père Terenzio lors de notre entretien à San Pantalon.
    — Laquelle ?
    — Puis-je d’abord vous poser une question, Majesté ?
    — Je vous en prie, comte.
    — Lorsque vous avez passé commande de la copie, était-il déjà question de vendre l’original ?
    Elle secoua la tête.
    — Non, il s’agissait juste d’offrir un cadeau d’adieu à Maximilien. À l’époque, personne ne parlait de vendre le Titien.
    — Il était donc improbable que Sa Majesté décide de s’en séparer.
    — Tout à fait improbable. Mais pourriez-vous maintenant me révéler la phrase du prêtre à laquelle vous faisiez allusion ?
    — Le père Terenzio m’a parlé de deux copies sans la moindre gêne et sans que je pose de questions. Il a paru surpris quand je l’ai informé que Sa Majesté n’était pas au courant de la seconde. S’il m’a menti, c’était le meilleur menteur du monde.
    La reine avait immédiatement saisi le sens du sous-entendu.
    — Ce serait donc le colonel Orlov qui aurait commandé et vendu la deuxième copie à Kostolany. Voilà ce que vous voulez dire ?
    — La conclusion s’impose, Majesté. Le colonel a-t-il quitté Rome il y a deux mois environ ?
    Elle réfléchit un bref instant.
    — Oui, il a passé quelques jours à Florence.
    Le commissaire s’efforça de poser la question suivante sur un ton badin :
    — Et qu’a-t-il fait juste après votre visite au palais da Lezze ?
    La souveraine esquissa un faible sourire.
    — Vous ne croyez pas que vous allez un peu loin, comte ?
    — On a retrouvé le corps de Kostolany peu après onze heures du soir. Sa Majesté a quitté le palais da Lezze en compagnie du colonel Orlov vers dix heures et demie. Si Sa Majesté royale peut m’assurer que le colonel Orlov a passé ces trente minutes au Regina e Gran Canal , je la prie de bien vouloir excuser ma question.
    La reine soupira.
    — J’aimerais pouvoir vous l’assurer.
    — Mais ?
    — Sur le chemin du retour, le colonel Orlov m’a priée de le déposer au palais Grassi.
    — Vous a-t-il expliqué pourquoi ?
    La reine examina ses ongles, comme si elle pouvait y lire la raison de cette escapade. Enfin, elle dit :
    — Le colonel avait rendez-vous avec un Français. Il s’agissait de livraisons d’armes en Basilicate.
    — Il a donc rencontré quelqu’un qui, à l’heure actuelle, ne séjourne plus à Venise ? Ce n’est pas un très bon alibi.
    — Allez-vous l’interroger ?
    — S’il est innocent, je pense qu’il acceptera. Et s’il est coupable, il acceptera encore plus volontiers.
    — Vous avez l’intention de le convoquer ?
    Tron secoua la tête.
    — Je ne pensais pas à un interrogatoire officiel. Plutôt à une conversation à bâtons rompus.
    Le regard de la reine révéla qu’elle avait du mal à concevoir une conversation à bâtons rompus entre le colonel et le commissaire.
    — Le colonel Orlov se rend tous les jours au café Quadri pour écouter la fanfare, dit-elle d’un ton sec. Peu après quatre heures. Faites semblant d’un hasard, je vous en prie. Et surtout, ne lui dites pas que je vous ai parlé de ce Français.
    Un Français qui, bien entendu, n’avait jamais existé, pensa Marie-Sophie dès que la porte se fut refermée derrière Tron. Mais qu’aurait-elle pu dire d’autre ? Aurait-elle dû révéler au commissaire ce qui attirait si souvent le colonel dans cette ville ? Même à elle, il n’avait jamais avoué qu’il trouvait ici ce dont il avait besoin. Il évoquait uniquement des rendez-vous de conspirateurs, quoiqu’ils sachent tous les deux ce que ce code dissimulait. Non, en parler au commissaire aurait signifié une trahison qu’elle n’était pas prête à assumer.
    En outre, qu’est-ce que cela pouvait faire, continua-t-elle en silence, que le colonel ait peut-être commandé au père Terenzio une deuxième copie afin de la vendre ici, à Venise ? Ce mensonge nuisait-il à quiconque ? Deux mois plus tôt, Orlov ne pouvait pas se douter qu’elle serait obligée de vendre l’original et qu’elle s’adresserait à Kostolany en plus ! S’il l’avait su, il n’aurait à coup sûr jamais osé lancer un faux sur le marché.
    Malgré tout, il n’était pas entièrement exclu qu’il l’ait fait. Ne se comportait-il pas de manière quelque peu étrange depuis le meurtre de Kostolany ? Ne semblait-il pas appréhender un danger ? Et n’avait-elle pas eu plusieurs fois le

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