Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
le Nord.
    — Pourquoi cela ?
    Tron rapprocha sa chaise pour faciliter le passage à deux sous-lieutenants des chasseurs d’Innsbruck qui avaient repéré une table libre.
    — Parce que, dans ce conflit, c’est le passé contre le futur, reprit-il. La Sicile signifie l’agriculture, le Piémont l’industrie.
    À cet instant, il se rappela que, depuis un an, la princesse ne pouvait plus envoyer de verres à Atlanta.
    — C’est pour la même raison, ajouta-t-il, que les États du Nord vont vaincre ceux du Sud.
    Orlov haussa les sourcils.
    — Vous vous intéressez à la guerre civile aux États-Unis ?
    Non, en fait, c’était la princesse qui s’y intéressait – pour des raisons commerciales, parce que le marché américain représentait l’avenir. Tron, lui, suivait les événements de loin. Il esquiva la question.
    — L’issue de ce conflit aura forcément des conséquences pour l’archiduc. Le Nord tient avec Juárez. Si le Sud perd, la situation de Maximilien au Mexique deviendra précaire.
    — Et ce Juárez est pire que Garibaldi, renchérit Orlov avec une grimace de dégoût. Un vrai vandale. Si les Français se retirent, je ne donne pas cher de la peau de Maximilien.
    — Je comprends que la reine n’ait pas voulu lui offrir l’original de cette Marie-Madeleine.
    Tron décida d’exposer ses soupçons comme un plaisant jeu d’esprit. Il esquissa un sourire poli.
    — Ce qui m’amène au meurtre de Terenzio.
    — Vous pensez qu’il s’agit d’un meurtre ?
    Tron hocha la tête.
    — Dans ces conditions, poursuivit le colonel en le regardant fixement, vous vous demandez sans doute si c’est bien lui qui a tué Kostolany.
    — Le père Terenzio a affirmé que vous avez commandé la deuxième copie, dit le commissaire en renouvelant son sourire poli. Il en découle une hypothèse intéressante.
    — Vous voulez dire que moi , j’aurais vendu la copie à Kostolany en la présentant comme l’original ? demanda Orlov sur un ton plus amusé que vexé. Et que j’aurais refusé de lui rendre l’argent ?
    Il s’interrompit pour réfléchir un instant.
    — Quand je suis arrivé à Venise en compagnie de la reine, Kostolany aurait pu me menacer de tout lui révéler, raison pour laquelle je l’aurais éliminé. Ainsi que le père Terenzio quelques jours plus tard.
    Il but une gorgée de café – cette fois sans lever le petit doigt.
    — Sans doute voulez-vous maintenant savoir ce que j’ai fait après notre visite au palais da Lezze ?
    — Cela m’intéresserait en effet.
    — J’ai rencontré quelqu’un.
    Il soupira.
    — Par malheur, quelqu’un qui n’acceptera jamais de collaborer avec les autorités autrichiennes. Puis-je compter sur votre discrétion, commissaire ?
    — Bien entendu.
    Le colonel Orlov se pencha au-dessus du reste de Sachertorte et murmura :
    — Il s’agissait de livraisons d’armes. J’ignore où je pourrais joindre cet homme. C’est lui qui nous contacte.
    Il regardait le commissaire d’un air inquiet.
    — Est-ce que cela me rend suspect ?
    — Ni plus ni moins qu’avant, répondit Tron avec un aimable sourire. Peut-être pourriez-vous me dire encore où vous vous trouviez mardi après-midi ?
    Orlov fronça les sourcils.
    — Vous parlez du jour où Terenzio est mort ?
    Le commissaire hocha la tête.
    — Oui, en particulier entre quatre et cinq heures.
    — Ce jour-là, je ne suis pas venu au Quadri . Je me suis promené.
    — Où ?
    — Campo San Vidal, pont de l’Académie, Douane de mer, les Zattere d’un bout à l’autre et retour. Il faut une bonne heure.
    Le colonel sourit avec froideur.
    — Vous savez que vous n’avez pas le droit de m’interroger, je suppose. Je pourrais me plaindre à Toggenburg. Entendez-vous m’inculper pour de bon du meurtre de Terenzio ?
    — C’était une pure question de routine.
    Orlov porta de nouveau la tasse à ses lèvres.
    — Ne soupçonniez-vous pas Troubetzkoï à l’origine ?
    — Le tableau retrouvé sur le Karenine s’est révélé être un faux, expliqua le commissaire. Comme celui qui a disparu du palais da Lezze était l’original, nous n’avons plus de raison d’enquêter sur le grand-prince.
    Le colonel poussa le reste de Sachertorte sur sa fourchette à gâteau à l’aide de l’index. Puis, sans avoir l’air d’y toucher, il laissa tomber une petite phrase qui réduisit brusquement à néant toutes les théories du commissaire.
    — À condition que la reine ne soit pas venue à Venise avec

Weitere Kostenlose Bücher