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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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constate qu’il s’agit d’un faux. Il le revend à Troubetzkoï. Mais quand Orlov revient à Venise, cette fois avec la reine, le Hongrois lui réclame un dédommagement.
    Bossi marqua un temps d’arrêt pour réfléchir.
    — Sans doute l’a-t-il menacé de révéler toute la vérité.
    La suite allait de soi. Tron s’en chargea :
    — Sur quoi le colonel Orlov l’a étranglé et a déguisé le meurtre en crime crapuleux.
    Le sergent hocha la tête avant de reprendre :
    — Le père Terenzio devait mourir pour deux raisons. D’une part, il en savait trop. D’autre part et surtout, il représentait un assassin plausible. Sa disparition signifiait qu’on classerait l’affaire.
    Tron sourit.
    — Voilà une belle théorie cohérente, Bossi ! Hélas, vous n’avez aucune preuve.
    Le sergent semblait avoir réfléchi à ce point également.
    — Nous pourrions demander à Orlov où il se trouvait quand Kostolany a été assassiné et s’il a un alibi pour le meurtre du père Terenzio.
    — Vous voulez lui laisser entendre que nous le soupçonnons dans les deux cas ?
    — Il serait intéressant d’observer sa réaction, estima Bossi.
    — Et s’il dispose d’alibis solides pour l’un comme pour l’autre ?
    Le sergent haussa les épaules.
    — Nous nous excuserons.
    Tron secoua la tête.
    — Le risque de fâcher la reine me paraît trop grand. Elle fait entière confiance à son intendant. Sinon, elle ne l’aurait pas emmené dans un voyage aussi délicat.
    — Que proposez-vous, commissaire ?
    — Je vais rendre visite à Marie-Sophie de Bourbon demain matin. Je l’informerai des progrès de l’enquête et l’interrogerai discrètement sur l’emploi du temps du colonel après leur départ du palais da Lezze.
    Il hésita un moment.
    — Au fait, il y a autre chose, Bossi.
    — Oui ?
    — Cela concerne le commandant.
    Tron toussota pendant plusieurs secondes.
    — Selon toute apparence, Mlle Violetta est à nouveau…
    Mon Dieu ! Pourquoi était-il gêné d’importuner le sergent avec de telles questions ? Bossi, lui, ne voyait aucun mal aux souhaits particuliers de Spaur. Il se contenta de hausser les sourcils.
    — Importunée ? Comme l’année dernière par cet étudiant de Padoue ?
    Tron acquiesça.
    — Exact. Sauf que cette fois, il s’agit d’un homme ayant une bonne situation.
    — Vous connaissez son nom ?
    Le commissaire secoua la tête.
    — Par malchance, non.
    — Et que désire le commandant ?
    — Que vous établissiez l’identité de ce personnage. Et que vous découvriez si Mlle Violetta le rencontre souvent.
    — Ensuite ?
    Comment Spaur s’était-il exprimé déjà ? Ah, oui !
    — Ensuite, nous le dégoûterons de Venise, dit Tron.

31
    Elle avait reçu le télégramme de Bruxelles pendant le petit déjeuner. Vingt lignes qui avaient dû coûter les yeux de la tête et ne faisaient pourtant que répéter le contenu de la lettre reçue quelques jours plus tôt. Dans la capitale belge, la situation continuait de se dégrader ; sans l’arrivée d’argent frais, la catastrophe paraissait inévitable. De l’argent, songeait Marie-Sophie, qu’elle ne pourrait envoyer que le jour où le Titien aurait refait surface et où elle aurait réussi à le vendre – par exemple à ce Sivry que le commissaire avait chargé d’examiner le tableau découvert sur le bateau du grand-prince. En pensant à l’expertise, elle partit d’un rire furieux. Comme si elle connaissait d’avance les conclusions de ce marchand d’art. Enfin, on pouvait toujours espérer un miracle après tout.
    La reine, vêtue d’une crinoline en velours pourpre qui mettait en valeur le teint de son visage et assombrissait la couleur de ses cheveux, quitta son divan et s’avança vers le miroir. Elle faisait vieille, jugea-t-elle, résignée. Avec ses poches sous les yeux, on aurait dit une femme d’une trentaine d’années. Elle recula d’un pas, se tourna de côté et se rappela tout à coup qu’elle portait la même robe le jour où ils s’étaient rencontrés pour la première fois.
    De manière curieuse, elle ne se souvenait que de quelques étapes de leur parcours : d’abord leurs regards profonds, ensuite les rencontres en apparence fortuites, les promenades à cheval dans la campagne italienne et enfin leurs rendez-vous nocturnes. Puis soudain, le drame, son départ précipité pour la Bavière où elle avait passé plusieurs mois dans une solitude absolue et son retour à Rome où elle menait une

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