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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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une copie…
    Pardon ? Le genou de Tron cogna la table, faisant tinter la tasse d’Orlov contre la sous-tasse.
    — La reine a tenté de vendre un faux ?
    Le colonel secoua la tête.
    — Non, je n’ai pas dit cela. Mais elle pourrait avoir confondu les deux.
    La fourchette disparut dans sa bouche. Dès qu’il eut avalé les dernières miettes, il reprit :
    — Nous savions quel était l’original grâce au vieux cadre. Cependant…
    — Cependant quoi ? s’impatienta Tron.
    Orlov haussa les épaules.
    — Eh bien, je suis entré par hasard dans la chapelle au moment précis où la reine échangeait les tableaux. Elle m’a prié de remettre l’un d’eux dans le cadre et de porter l’autre dans son salon.
    — L’original qu’elle entendait vendre à Venise ?
    Orlov acquiesça.
    — Telle était son intention. Toutefois, au moment de désigner le tableau, elle a hésité. On aurait dit qu’elle ne savait plus trop.
    — Ce qui signifierait, enchaîna Tron, que l’original se trouve peut-être encore au palais Farnèse. Et ce qui signifierait par ailleurs que…
    La suite faisait penser à un objet perdu dans un banc de brouillard. Avant qu’il en ait distingué les contours avec netteté, le colonel termina la phrase à sa place :
    — Qu’il n’existe pas nécessairement deux copies ! dit-il sur un ton guilleret.
    Tout à coup, le commissaire eut le sentiment d’être assis sur un énorme toit glissant.
    — Mais quelle raison le père Terenzio aurait-il eue de me mentir ? De prétendre que vous aviez commandé une deuxième copie ?
    Orlov lui adressa un regard rempli de pitié.
    — Je l’ignore, commissaire. Tout ce que je sais, c’est que je n’aimerais pas devoir résoudre cette affaire et que je…
    Il s’interrompit de façon brutale. Le commissaire remarqua que ses yeux s’écarquillaient et que son menton tombait avant de se relever avec non moins de lenteur. Pendant un instant, le colonel lui évoqua un poisson dans un aquarium. Il fixait quelque chose dans son dos.
    Tron se retourna et découvrit un jeune homme mince, vêtu de l’habituelle queue-de-pie des garçons du Quadri . En temps normal, il devait servir à l’intérieur car il ne l’avait encore jamais vu en terrasse. La bouche du garçon était elle aussi entrouverte, ses sourcils étaient relevés dans une expression mêlée de surprise et de joie. C’était – comprit-il subitement – la joie des retrouvailles.
     
    — Le colonel m’a juré n’avoir jamais vu ce garçon de sa vie, rapporta-t-il à Bossi une heure plus tard.
    Par les fenêtres grandes ouvertes de son bureau au commissariat de police, on apercevait une bande de ciel bleu au-dessus des toits de l’autre côté du rio San Lorenzo. En raison de la chaleur, Bossi avait ôté son casque et défait le dernier bouton de sa veste d’uniforme. Il se pencha en avant d’un air sceptique.
    — Et vous le croyez, commissaire ?
    Tron secoua la tête.
    — Non, le garçon m’a convaincu. Il se souvenait d’Orlov à cause de ses pourboires et voulait juste lui dire qu’à partir de demain il servait à nouveau en terrasse. Il a eu l’air déçu qu’Orlov le renvoie.
    — A-t-il précisé à quel moment c’était ?
    Oui, il avait donné une date pour lui rafraîchir la mémoire.
    — En avril.
    Le sergent ricana.
    — En plein dans le mille !
    Le commissaire fit une grimace pensive.
    — La déclaration d’un garçon de café ne suffit pas, Bossi. Et les formulaires des hôtels – à supposer qu’il soit descendu à l’hôtel – sont adressés à la Kommandantur. Il faudrait réclamer le dossier à Vérone. Cela risque de s’éterniser.
    — Quand le dossier arrivera, Orlov aura pris le large depuis longtemps, l’approuva son subalterne.
    — S’il est venu droit de Rome, réfléchit Tron, il a sans doute pris le paquebot de la Lloyd à Ancône. On pourrait peut-être trouver son nom sur la liste des passagers. À quelle heure les bateaux arrivent-ils ?
    — Le matin à neuf heures.
    — Et combien sont-ils sur cette ligne ?
    — Deux. Le Saint-Esprit et l’ Écu de Salzbourg . Une fois l’un, une fois l’autre.
    Tron s’appuya contre le dossier de sa chaise et regarda Bossi.
    — Dans ce cas, allez à l’embarcadère demain matin et parlez au commissaire de bord.

33
    La felze , le petit habitacle noir placé au-dessus des sièges dans les gondoles, consistait en un bloc de suif de teinte sombre, d’où jaillissait une mèche allumée.

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