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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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le soir du crime, pourquoi n’avait-il pas prié le patron de lui fournir un alibi ?
    — L’homme que je recherche, déclara le sergent, s’appelle Farnese. Il est descendu chez vous il y a deux semaines. Je m’interroge par conséquent sur vos étranges trous de mémoire, monsieur Altieri.
    Pendant un instant, le patron l’observa d’un air furieux, comme sur le point de lui arracher le registre des mains et de le mettre à la porte à coups de pied. Puis il se reprit, toussota et dit : — M. Farnese m’avait prié de…
    Il s’interrompit. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres.
    — Prié de quoi ?
    — M. Farnese m’avait expressément demandé de faire preuve de discrétion, reprit le patron. J’ai eu le sentiment que personne ne devait apprendre son séjour à Venise.
    Il toussota de nouveau avec nervosité.
    — Ni quelles personnes il fréquentait.
    Bossi songea aussitôt à ce mystérieux Français.
    — M. Farnese reçoit-il de la visite dans sa chambre ?
    La réponse d’Altieri se résuma à un hochement de la tête.
    — Et à quelle fréquence ? insista le sergent.
    — Tous les trois jours peut-être. Je ne peux pas l’affirmer avec certitude. M. Farnese n’est pas obligé de traverser la salle pour gagner sa chambre.
    — S’agit-il toujours de la même personne ?
    Altieri haussa les épaules. De toute évidence, il lui importait beaucoup d’ignorer les détails.
    — Sans doute. Je ne surveille pas mes clients.
    — Avez-vous déjà vu ce visiteur, monsieur Altieri ?
    — Oui, bien sûr. Mais il n’y a aucune raison que j’intervienne. Aucun client ne s’est encore plaint.
    Cette dernière remarque intrigua Bossi.
    — Pourquoi un client aurait-il dû se plaindre ?
    — À cause du bruit. Mais on n’entend jamais rien. J’habite moi-même ici.
    — Savez-vous par hasard si M. Farnese était là jeudi il y a quinze jours ? Le soir ? Après dix heures ?
    La réponse du patron fusa ; Bossi ne doutait pas qu’il dît la vérité.
    — Oui, je peux vous l’assurer. Je m’en souviens parce que j’étais en colère contre lui.
    — Pour quelle raison ?
    — Parce que j’ai aperçu son visiteur dans l’escalier. Aucun doute qu’il lui avait passé la clé. C’est strictement interdit. Je suppose qu’il allait l’attendre dans sa chambre.
    — Quelle heure était-il ?
    Signor Altieri réfléchit une fraction de seconde.
    — Environ dix heures et demie.
    — Et quand M. Farnese est-il arrivé ?
    — Vers onze heures moins le quart.
    — Vous êtes sûr ?
    Le patron hocha la tête.
    — Tout à fait sûr. Comme il n’avait pas les clés, il a été obligé de traverser la salle. Il y avait des clients. J’ai hésité à lui rappeler qu’on n’avait pas le droit de prêter sa clé, mais après…
    — Après ?
    — Eh bien, M. Farnese s’est toujours montré très généreux. En plus, cette fois, il a loué sa chambre pour plusieurs semaines alors qu’il l’utilise à peine. En fait, rien que pour ses rendez-vous.
    — Donc, vous l’avez laissé en paix ?
    — Oui, dit le patron en hochant la tête. Il m’a paru plus malin de fermer les yeux.
    — Et ce visiteur, vous le connaissiez ? Était-ce la première fois que M. Farnese le recevait ?
    — Non, ce n’était pas la première fois. Il l’a déjà reçu il y a deux mois. Je crois qu’il a fait sa connaissance au Molino Rosso , à deux pas d’ici.
    — Au Molino Rosso ?
    Altieri confirma et Bossi eut soudain l’impression que le patron venait de lui confier une information qu’il aurait mieux fait de taire.
    — Mais c’est le seul de mes clients à fréquenter ce lieu ! se pressa-t-il d’ajouter.
    Le nom de Molino Rosso disait vaguement quelque chose au sergent. Toutefois, comme il connaissait à peine Cannaregio, il s’en tint là.
    — Que savez-vous sur cet homme ?
    Altieri fit une grimace gênée.
    — Je dirais que homme n’est pas tout à fait le terme exact.
    — Et quel serait le terme exact ?
    Le regard avec lequel le patron le dévisagea ne trahissait aucune pensée. Altieri contemplait un mur nu. Pour finir, il prononça quelques paroles que le sergent ne comprit pas immédiatement. Mais une fois que le déclic se fit, au bout de quelques secondes – et qu’il eut vaincu la courte peur de souffrir d’hallucinations –, la situation s’était en quelque sorte clarifiée. M. Altieri avait dit : — Je suppose que le gamin a tout au plus une quinzaine d’années.
    1 - Rive piétonne d’un

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