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Guerre Des Gaules

Guerre Des Gaules

Titel: Guerre Des Gaules Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules César
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leurs biens, quand ils comprendraient qu'une armée
romaine pouvait et osait traverser le Rhin. Un autre motif était
que ceux des cavaliers Usipètes et Tencthères dont j'ai dit plus
haut qu'ils avaient passé la Meuse pour faire du butin et prendre
du blé, et qu'ils n'avaient pas participé au combat, s'étaient,
après la défaite des leurs, réfugiés au-delà du Rhin chez les
Sugambres, et avaient fait alliance avec eux. César ayant fait
demander aux Sugambres de lui livrer ces hommes qui avaient porté
les armes contre lui et contre les Gaulois, ils répondirent que
« la souveraineté du peuple Romain expirait au Rhin ;
s'il ne trouvait pas juste que les Germains passassent en Gaule
malgré lui, pourquoi prétendrait-il à quelque souveraineté ou
autorité au-delà du Rhin ? » D'autre part, les Ubiens,
qui seuls parmi les Transrhénans avaient envoyé des députés à
César, avaient lié amitié avec lui, lui avaient donné des otages,
le priaient très instamment de leur porter secours, parce que les
Suèves menaçaient leur existence. « Si les affaires de la
république le retenaient, qu'il fît seulement passer le Rhin à son
armée ; cela suffirait pour écarter le danger de l'heure
présente et pour garantir leur sécurité future le renom et la
réputation de cette armée étaient tels, depuis la défaite
d'Arioviste et après ce dernier combat, même chez les plus
lointaines peuplades de la Germanie, que si on les savait amis de
Rome, on les respecterait. » Ils promettaient une grande
quantité d'embarcations pour le transport de l'armée.
    17. César, pour les raisons que j'ai dites,
avait décidé de franchir le Rhin ; mais les bateaux lui
semblaient un moyen trop peu sûr, et qui convenait mal à sa dignité
et à celle du peuple romain. Aussi, en dépit de l'extrême
difficulté que présentait la construction d'un pont, à cause de la
largeur, de la rapidité et de la profondeur du fleuve, il estimait
qu'il devait tenter l'entreprise ou renoncer à faire passer ses
troupes autrement. Voici le nouveau procédé de construction qu'il
employa. Il accouplait, à deux pieds l'une de l'autre, deux poutres
d'un pied et demi d'épaisseur, légèrement taillées en pointe par le
bas et dont la longueur était proportionnée à la profondeur du
fleuve. Il les descendait dans le fleuve au moyen de machines et
les enfonçait à coups de mouton, non point verticalement, comme des
pilotis ordinaires, mais obliquement, inclinées dans la direction
du courant ; en face de ces poutres, il en plaçait deux
autres, jointes de même façon, à une distance de quarante pieds en
aval et penchées en sens inverse du courant. Sur ces deux paires on
posait des poutres larges de deux pieds, qui s'enclavaient
exactement entre les pieux accouplés, et on plaçait de part et
d'autre deux crampons qui empêchaient les couples de se rapprocher
par le haut ; ceux-ci étant ainsi écartés et retenus chacun en
sens contraire, l'ouvrage avait tant de solidité, et cela en vertu
des lois de la physique, que plus la violence du courant était
grande, plus le système était fortement lié. On posait sur les
traverses des poutrelles longitudinales et, par dessus, des lattes
et des claies. En outre, on enfonçait en aval des pieux obliques
qui, faisant contrefort, appuyant l'ensemble de l'ouvrage,
résistaient au courant ; d'autres étaient plantés à une petite
distance en avant du pont c'était une défense qui devait, au cas où
les Barbares lanceraient des troncs d'arbres ou des navires
destinés à le jeter bas, atténuer la violence du choc et préserver
l'ouvrage.
    18. Dix jours après qu'on avait commencé à
apporter les matériaux, toute la construction est achevée et
l'armée passe le fleuve. César laisse aux deux têtes du pont une
forte garde et se dirige vers le pays des Sugambres. Sur ces
entrefaites, il reçoit des députations d'un grand nombre de
cités ; à leur demande de paix et d'amitié, il répond avec
bienveillance et ordonne qu'on lui amène des otages. Mais les
Sugambres, qui avaient, dès l'instant où l'on commença de
construire le pont, préparé leur retraite, sur le conseil des
Tencthères et des Usipètes qui étaient auprès d'eux, avaient quitté
leur pays en emportant tout leurs biens et étaient allés se cacher
dans des contrées inhabitées et couvertes de forêts.
    19. César, après être resté quelques jours sur
leur territoire, incendia tous les villages et tous les

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