Guerre Des Gaules
rejoint César.
63. Quand on connaît la trahison des Héduens,
la guerre prend une extension nouvelle. Ils envoient partout des
ambassades ; par tout ce qu'ils ont d'influence, d'autorité,
d'argent, ils s'efforcent de gagner les cités ; comme ils
détiennent les otages que César avait laissés chez eux, leur
supplice sert à terrifier ceux qui hésitent. Ils demandent à
Vercingétorix de venir les trouver et de se concerter avec eux sur
la conduite de la guerre. Celui-ci ayant consenti, ils prétendent
se faire remettre le commandement suprême, et comme l'affaire
dégénère en conflit, une assemblée générale de la Gaule est
convoquée à Bibracte. On s'y rend en foule de toutes parts. La
décision est laissée au suffrage populaire ; celui-ci, à
l'unanimité, confirme Vercingétorix dans le commandement suprême.
Les Rèmes, les Lingons, les Trévires ne prirent point part à cette
assemblée ; les premiers parce qu'ils restaient les amis de
Rome, les Trévires parce qu'ils étaient trop loin et étaient
menacés par les Germains, ce qui fut cause qu'ils se tinrent
constamment en dehors de la guerre et n'envoyèrent de secours à
aucun des deux partis. Les Héduens éprouvent un vif ressentiment à
se voir déchus du premier rang, ils déplorent le changement de leur
fortune et regrettent les bontés de César, sans oser toutefois, les
hostilités étant commencées, se tenir à part du plan commun.
Eporédorix et Viridomaros, qui nourrissaient les plus hautes
ambitions, ne se subordonnent qu'à contre cœur à l'autorité de
Vercingétorix.
64. Celui-ci commande aux autres cités de lui
fournir des otages, et fixe un jour pour leur remise. Il donne
l'ordre que tous les cavaliers, au nombre de quinze mille, se
concentrent rapidement : « Pour l'infanterie, il se
contentera de ce qu'il avait jusque-là, il ne veut pas tenter la
fortune ni livrer de bataille rangée ; mais, puisqu'il dispose
d'une cavalerie très nombreuse, rien n'est plus facile que
d'empêcher les Romains de se procurer du blé et de faire du
fourrage ; seulement, ils ne devront pas hésiter à rendre de
leurs propres mains leurs blés inutilisables et à incendier leurs
granges, tactique de destruction de leurs biens qui, ils le savent,
leur assure pour toujours la souveraineté et la liberté. » Ces
mesures prises, il ordonne aux Héduens et aux Ségusiaves, qui sont
à la frontière de la Province, de mettre sur pied dix mille
fantassins ; il y joint huit cents cavaliers. Il confie cette
troupe au frère d'Eporédorix et lui commande d'attaquer les
Allobroges. De l'autre côté, il lance les Gabales et les tribus
arvernes de la frontière contre les Helviens, et envoie les Rutènes
et les Cadurques ravager le pays des Volques Arécomiques. Cela ne
l'empêche point de solliciter en secret les Allobroges par des
courriers privés et des ambassades, car il espérait que les
souvenirs de la dernière guerre n'étaient pas encore éteints dans
leur esprit. Aux chefs il promet des sommes d'argent, et à la
nation que toute la Province lui appartiendra.
65. Pour faire face à tous ces dangers, on
avait préparé une force défensive de vingt-deux cohortes, levée
dans la Province même par le légat Lucius César et qui, de tous les
côtés, s'opposait aux envahisseurs. Les Helviens livrent
spontanément bataille à leurs voisins et sont battus ; ayant
perdu le chef de la cité, Caïus Valérius Domnotaurus, fils de
Caburus, et un très grand nombre d'autres, ils sont contraints de
se réfugier dans leurs villes, à l'abri de leurs remparts. Les
Allobroges organisent avec soin et diligence la défense de leurs
frontières, en disposant le long du Rhône une ligne serrée de
postes. César, qui savait la supériorité de l'ennemi en cavalerie,
et qui, toutes les routes étant coupées, ne pouvait recevoir aucun
secours de la Province ni de l'Italie, envoie des messagers au-delà
du Rhin en Germanie, chez les peuples qu'il avait soumis au cours
des années précédentes, et se fait fournir par eux des cavaliers
avec les soldats d'infanterie légère qui sont habitués à combattre
dans leurs rangs. A leur arrivée, comme ils avaient des chevaux
médiocres, il prend ceux des tribuns militaires, des autres
chevaliers romains, des évocatsi, et les leur donne.
66. Sur ces entrefaites, les forces ennemies
qui venaient de chez les Arvernes et les cavaliers que devait
fournir toute la Gaule se réunissent. Vercingétorix forme
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