Guerre Des Gaules
liberté de
tous ; puisqu'il faut céder à la fortune, il s'offre à eux,
ils peuvent, à leur choix, apaiser les Romains par sa mort ou le
livrer vivant. On envoie à ce sujet une députation à César. Il
ordonne qu'on lui remette les armes, qu'on lui amène les chefs des
cités. Il installa son siège au retranchement, devant son camp
c'est là qu'on lui amène les chefs ; on lui livre
Vercingétorix, on jette les armes à ses pieds. Il met à part les
prisonniers héduens et arvernes, pensant essayer de se servir d'eux
pour regagner ces peuples, et il distribue les autres à l'armée
entière, à titre de butin, à raison d'un par tête.
90. Tout cela réglé, il part chez les
Héduens : la cité fait sa soumission. Des ambassadeurs
arvernes viennent l'y trouver, se déclarant prêts à exécuter ses
ordres. Il exige un grand nombre d'otages. Il envoie les légions
prendre leurs quartiers d'hiver. Il rend aux Héduens et aux
Arvernes environ vingt mille prisonniers. Titus Labiénus, avec deux
légions et la cavalerie, reçoit l'ordre de partir chez les
Séquanes ; il lui adjoint Marcus Sempronius Rutilus. Il place
Laïus Fabius et Lucius Minucius Basilus avec deux légions chez les
Rèmes, pour que ceux-ci n'aient rien à souffrir de leurs voisins
les Bellovaques. Laïus Antistius Réginus est envoyé chez les
Ambivarètes, Titus Sextius chez les Bituriges, Laïus Caninius
Rébilus chez les Rutènes, chacun avec une légion. Quintus Tullius
Cicéron et Publius Sulpicius sont cantonnés à Chalon et à Mâcon,
chez les Héduens, sur la Saône, pour veiller au ravitaillement.
Quant à lui, il décide de prendre ses quartiers d'hiver à Bibracte.
Lorsque ces événements sont connus à Rome par une lettre de César,
on célèbre des supplications de vingt jours.
LIVRE HUITIÈME
51 av. J.-C
J'ai dû céder à tes instances, Balbus, puisque
mes refus quotidiens, au lieu d'être excusés sur la difficulté de
la tâche, étaient interprétés comme la dérobade d'un paresseux, et
je me suis engagé dans une entreprise pleine de périls : j'ai
ajouté aux commentaires de la guerre des Gaules de notre cher César
ce qui y manquait, et les ai reliés aux écrits suivants du même
auteur ; de plus, j'ai terminé le dernier de ceux-ci, laissé
inachevé depuis la guerre d'Alexandrie jusqu'à la fin non point de
la guerre civile, dont nous ne voyons nullement le terme, mais de
la vie de César. Puissent les lecteurs de ces commentaires savoir
quelle violence je me suis faite pour les écrire ; j'espère
échapper ainsi plus aisément au reproche de sotte présomption que
j'encours en plaçant ma prose au milieu des œuvres de César. Car
c'est un fait reconnu de tous : il n'est pas d'ouvrage,
quelque soin qu'on y ait mis, qui ne le cède à la pureté de ces
commentaires. Ils ont été publiés pour fournir des documents aux
historiens sur des événements si considérables ; or ;
telle est la valeur que chacun leur attribue qu'ils semblent, au
lieu d'avoir facilité la tâche des historiens, la leur avoir rendue
impossible. Et cependant notre admiration passe encore celle des
autres : car s'ils savent quelle est la perfection souveraine
de l'ouvrage, nous savons, en autre, avec quelle facilité et quelle
promptitude il l'a écrit. César n'avait pas seulement au plus haut
degré le don du style et la pureté naturelle de l'expression, mais
il avait aussi le talent d'expliquer ses desseins avec une clarté
et une exactitude absolues. Pour moi, il ne m'a même pas été donné
de prendre part à la guerre d'Alexandrie ni à la guerre
d'Afrique ; sans doute, ces guerres nous sont, en partie,
connues par les propos de César, mais c'est autre chose d'entendre
un récit dont la nouveauté nous captive ou qui nous transporte
d'admiration, autre chose de l'écouter pour en faire un rapport qui
aura valeur de témoignage. Mais que fais-je ? tandis que je
rassemble toutes les excuses possibles pour n'être pas comparé à
César, je m'expose au reproche même de présomption que je veux
éviter, en paraissant croire que semblable comparaison puisse venir
à l'esprit de quelqu'un. Adieu.
1. La Gaule entière était vaincue ;
depuis l'été précédent, César n'avait pas cessé de se battre, et il
désirait donner aux soldats, après tant de fatigues, le repos
réparateur des quartiers d'hiver : mais alors on apprit qu'un
grand nombre de cités à la fois recommençaient à faire des plans de
guerre et
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