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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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je sais que tu feras honneur au nom des Barca.
    — Père,
je jure par Melqart que je me comporterai en digne fils d’Adonibaal. Une
question me brûle les lèvres : la guerre est-elle proche ?
    — Plus
proche que tu ne le crois. Bientôt, dans les maisons de Carthage, les mères
pleureront leurs fils et se déchireront la poitrine en signe de deuil.
    — Les
Romains ont-ils violé le traité et débarqué en Sicile ?
    — Non
mais c’est tout comme.
    — Je
ne comprends pas. Sommes-nous en guerre, oui ou non ?
    — Apprends
à modérer tes réactions et à analyser froidement les faits. Les affaires de l’État
requièrent beaucoup de précision et de prudence. Une guerre ne se déclare pas
par hasard ou par le simple caprice d’un homme. Elle est l’aboutissement
naturel d’une longue période de tensions durant laquelle chaque adversaire
tente d’évaluer les forces de l’autre. Elle peut être aussi provoquée par des
considérations qui n’ont rien à voir avec les affaires militaires, en apparence
du moins.
    — Lesquelles ?
    — Tu
as pu te rendre compte lors de ton séjour dans notre domaine combien notre cité
dépend pour son approvisionnement en blé, en vin et en huile des territoires
qu’elle a conquis. Les seuls champs, vergers et jardins de Mégara ne
suffiraient pas à nourrir tous ses habitants plus de trois ou quatre jours.
C’est la raison pour laquelle nous avons fondé des colonies en Sicile et en
Sardaigne. Ces deux îles regorgent de richesses. Je le sais pour m’y être rendu
deux fois quand j’avais ton âge. Ces terres sont un présent des dieux à notre
ville. Les champs de blé s’y étendent à l’infini et la vigne pousse au flanc des
collines sans qu’il soit nécessaire de les entretenir. La chance nous a souri
en nous permettant de nous installer dans ces contrées verdoyantes dont les
habitants travaillent pour la gloire de Carthage. Nos ancêtres ont pris en ce
qui les concerne de sages dispositions. Ton grand-père, Gerashtart, a même
interdit aux Sardes de planter des arbres fruitiers afin que toute la surface
cultivable soit réservée au blé. Il a agi de manière avisée et les sénateurs
vantent encore aujourd’hui sa sagesse.
    — Tu
ne m’as jamais parlé de lui tout comme tu n’as jamais évoqué devant moi ton
grand-père, le suffête Hasdrubal.
    — Il
est un temps pour chaque chose. Sache en tout cas que la Sicile et la Sardaigne
nous sont aussi nécessaires que l’air que nous respirons. Pour les mêmes
raisons, les Romains souhaitent s’en emparer. Trop de peuples sont passés sous
leur domination et les champs du Latium ou de la Campanie ne suffisent plus à
les nourrir. Nous avons eu tort, grand tort, de les laisser s’installer à
Rhêgion d’où ils peuvent apercevoir les côtes de la Sicile. Fort heureusement,
nos alliés mamertins les empêchent de traverser le bras de mer.
    — Qui
sont ces Mamertins ?
    — Des
mercenaires qui se proclament les « fils de Mars », du nom de leur
dieu de la guerre. Ce ne sont pas des demi-dieux, crois-moi, mais des êtres
sans foi ni loi, prêts à se vendre au plus offrant. Ils nous ont jadis
combattus, nous et les Romains, aux côtés de Pyrrhus avant d’abandonner ce
dernier dès ses premières défaites. Craignant le châtiment de Rome, ils se sont
réfugiés dans leur repaire de Messine [16] , face à Rhêgion, et nous ont appelés à l’aide.
    — Qu’a
fait Carthage ?
    — Ce
que commandait son intérêt, Hamilcar. S’il ne s’était agi que de protéger les
Mamertins, le Conseil des Cent Quatre les aurait volontiers abandonnés à leur
sort ou les aurait réduits en esclavage afin qu’ils servent comme rameurs sur
nos navires. Mais leur cité commande l’accès à toute la Sicile et à nos
possessions sur cette île. Nous ne pouvons nous permettre d’avoir les Romains
comme voisins directs. Là où ils sont, les Mamertins nous sont utiles. Voilà
pourquoi nous avons envoyé une flotte commandée par Hannon à Messine. Il a
débarqué avec plusieurs milliers d’hommes et, en s’appuyant sur nos partisans
chez les Mamertins, il a occupé la forteresse.
    — Quelle
a été la réaction des Romains de Rhêgion ?
    — Elle
a été plutôt vive et cela se comprend. Eux non plus n’apprécient pas d’être nos
voisins. Il y a quelques années de cela, l’un de nos amiraux, agissant de sa
seule initiative, avait envoyé notre flotte mouiller dans le port de

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