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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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officiers.
    — Père,
dit Hamilcar, je ne me souvenais pas que notre Carthage était aussi
grande !
    — Nous
le devons à la sage prévoyance de la reine Elissa. Toi qui rêves de mourir pour
notre cité, tu ne peux ignorer les circonstances de sa fondation et j’aimerais
les entendre de ta bouche.
    — Adonibaal,
puissent mes lèvres ne pas proférer de blasphèmes ni heurter ta piété
sourcilleuse ! Épicide m’a longuement raconté les pérégrinations d’Elissa,
fille du roi de Tyr et épouse d’Acherbas, le grand prêtre de Melqart. Après la
mort de leur père, son frère, Pygmalion, monté sur le trône, fit assassiner son
beau-frère pour s’emparer de ses richesses. Devenue veuve, Elissa résolut de
s’enfuir au loin avec plusieurs membres des meilleures familles de la cité qui
redoutaient la colère des dieux. Par la ruse – elle fit croire à son
frère qu’elle entendait lui offrir sa fortune –, elle parvint à faire
charger d’or plusieurs navires par les serviteurs du palais et les obligea
ensuite à la suivre s’ils ne voulaient pas encourir les foudres de leur maître.
Arrivée à Chypre, elle se lia d’amitié avec le grand prêtre de Junon, connue
chez nous sous le nom d’Astart, qui s’offrit à l’accompagner dans son périple à
condition que la dignité sacerdotale reste dans sa famille à tout jamais. Et,
pour prouver à la reine qu’il liait son sort à celui des fugitifs, il fit
embarquer à bord des vaisseaux de Tyr quatre-vingts jeunes vierges. Par
Melqart, nos ancêtres avaient bien de la chance et bien de nos jeunes gens
aimeraient tenir compagnie à l’une d’entre elles !
    — Hamilcar,
je n’ai pas de temps à perdre avec tes plaisanteries. Je t’interroge pour
savoir si tu connais bien l’histoire de la ville que tu as juré de défendre
avec ton glaive. Continue ton récit.
    — De
Chypre, Elissa et les siens naviguèrent vers ces côtes où nos ancêtres avaient
déjà fondé une cité, Utique. Arrivés dans cette baie protégée des vents par les
collines qui l’entourent, ils débarquèrent et furent bien accueillis par les
habitants du lieu, émus par le récit de leurs malheurs. Ces
Mazices – c’est ainsi qu’on les appelait - leur offrirent de
l’eau et des vivres. Comme la mauvaise saison arrivait, il n’était pas question
de reprendre la mer. Leurs concitoyens d’Utique ne pouvant héberger les Tyriens
dans leur ville, faute de place, Elissa demanda aux Mazices de lui vendre un
terrain. Ne voulant pas les effrayer, elle leur expliqua qu’elle se
contenterait de la portion de terre qu’une peau de bœuf pourrait recouvrir.
Lorsqu’elle eut obtenu leur accord, elle fit découper cette peau en très fines
lanières de telle sorte qu’elle put ainsi délimiter une surface infiniment plus
importante que celle prévue. C’est sur cet emplacement qu’elle fonda Kart
Hadasht, la Ville neuve, ainsi qu’on la nomme dans la langue de nos pères.
Voilà pourquoi, Adonibaal, notre cité est aussi grande. Epicide m’a même appris
que notre colline sacrée, celle où se dresse le temple d’Eshmoun, s’appelle
Byrsa parce que ce nom veut dire peau en grec.
    — Et
qu’advint-il d’Elissa ?
    — Hiarbas,
le roi des Mazices, frappé par son intelligence et attiré par son or, voulut
l’épouser. Il convoqua plusieurs de nos ancêtres pour leur faire part de son
vœu impie et les prier de le transmettre à leur reine, ajoutant qu’en cas de
refus il n’hésiterait pas à prendre les armes contre ses nouveaux amis.
Terrifiés, nos ancêtres n’osèrent pas rapporter à Elissa les propos de Hiarbas
mais lui dirent qu’il exigeait que l’un d’eux vienne vivre avec lui et son
peuple. La veuve d’Acherbas leur intima l’ordre de se conformer à ce désir et
de désigner parmi eux un volontaire, précisant qu’il n’était nul sacrifice auquel
elle n’était pour sa part prête pour assurer la grandeur de Kart Hadasht. Aux
autres de l’imiter ! C’est alors que ses compagnons lui révélèrent la
vérité. Elissa ne pouvait refuser aux siens ce qu’elle avait exigé d’eux mais
le souvenir de son premier époux lui était si cher qu’elle ne put se résoudre à
le trahir. Sous prétexte d’offrir aux dieux un sacrifice, elle fit allumer un
bûcher sur lequel elle monta et se poignarda. Avant de disparaître dans les
flammes, ses derniers mots furent : « Docile à vos désirs, je vais
aller auprès de mon

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