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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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d’autres légions.
    Le soir
même Hamilcar, toujours suivi d’Epicide et de Juba, s’embarquait avec Hannon
lequel marchait désormais les fers aux pieds. À son arrivée à Carthage, il fut
déféré devant le Sénat qui le jugea coupable de haute trahison et le condamna à
être crucifié. La sentence fut exécutée en présence d’une foule nombreuse et
haineuse. Elle accabla le malheureux amiral de ses sarcasmes pendant que les
bourreaux le clouaient sur les bois, et poussa un cri de joie lorsqu’il rendit
le dernier soupir. Son corps fut ensuite abandonné aux animaux sauvages et sa
famille n’eut même pas la consolation de pouvoir ériger une stèle en sa mémoire
dans l’enceinte du sanctuaire de Baal Hammon. Hamilcar, qui avait longuement
témoigné lors du procès de Hannon, avait préféré rester ce jour-là dans sa
villa de Mégara. C’était le seul endroit où il pouvait dissimuler sa colère et
son chagrin. L’amiral avait certes agi comme un écervelé mais il ne méritait
pas un aussi lourd châtiment. Le bannissement et la confiscation de ses biens
auraient été plus adaptés à sa véritable faute : la médiocrité.
    Le soir, à
Mégara, il s’ouvrit à son père de ses sentiments :
    — Adonibaal,
comment pouvons-nous nous montrer aussi cruels et injustes envers l’un des
nôtres ?
    — Mon
fils, tu m’as raconté que tu as rencontré en la personne de tes convives
romains deux visages de leur cité. Il en va de même pour notre ville. D’un côté,
c’est la métropole du raffinement, du luxe, de la culture et de la
civilisation. D’un autre côté, nous avons hérité de nos ancêtres phéniciens et
de leurs voisins le goût de la férocité. Souviens-toi aussi que notre peuple
est entouré de tribus hostiles et que nous sommes infiniment moins nombreux
qu’eux. Il nous faut donc inspirer à nos concitoyens une salutaire terreur pour
conserver intact leur dévouement envers leur patrie. La croix est l’un des
moyens que nous utilisons à cette fin. Hannon lui-même le savait et n’a pas
protesté après avoir entendu le jugement le condamnant. C’est là une leçon que
tu dois méditer.

Chapitre 5
    Rome était
donc entrée en guerre contre Carthage en violant cyniquement les traités
solennels jadis signés par les représentants des deux cités. Circonstance
aggravante, aucune ambassade du Sénat romain ne s’était présentée devant le
Conseil des Cent Quatre pour annoncer, conformément aux us, le début des
hostilités. Cette violation impie du droit avait failli coûter cher aux Romains
de Carthage. Sitôt la chute de Messine connue, la foule s’était rassemblée à
l’entrée de leur quartier. Des individus, issus des bas-fonds de la société,
brandissaient des torches et menaçaient d’incendier les demeures des étrangers,
voire de les massacrer. Des mercenaires numides, dépêchés par le Sénat, avaient
dispersé sans ménagement l’attroupement. Les victimes qu’ils destinaient aux
flammes avaient été conduites à bord de navires grecs spécialement affrétés
pour l’occasion. Moyennant un substantiel dédommagement, leurs capitaines
avaient accepté de conduire leurs encombrants passagers jusqu’à Ostie, à charge
pour eux d’expliquer la générosité dont avait fait preuve à leur égard Carthage
et qui contrastait avec l’ingratitude de Rome.
    Depuis son
retour dans sa cité natale, Hamilcar avait à peine entrevu son père. Le Conseil
des Cent Quatre siégeait en permanence et Adonibaal en était devenu le
principal personnage, en lieu et place de Mahrabaal. Ses collègues avaient
voulu de la sorte le remercier pour la clarté et la sûreté de son jugement. Lui
seul avait été capable de prévoir le déclenchement des hostilités et tenté mais
en vain de mettre en garde Hannon en lui dépêchant son propre fils, Hamilcar.
Juba l’avait rapporté à son ami avec une pointe de fierté dans la voix :
dans les rues de la cité, le nom des Barca était sur toutes les lèvres et
faisait l’objet des commentaires les plus flatteurs. À l’inverse, Baalyathon et
ses amis, considérés comme partisans des Romains, étaient férocement critiqués et
ils n’osaient plus paraître en public de peur d’être molestés.
    Dans la
résidence de Mégara, Hamilcar bouillait d’impatience. Il lui tardait de
repartir au combat mais il devait pour cela recevoir des instructions de son
père, perpétuellement absent. Il l’avait fait prévenir et

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