Hamilcar, Le lion des sables
depuis plusieurs
mois et il avait ses entrées auprès de Hiéron :
— Quel
genre d’homme est-ce ? lui demanda Hamilcar.
— Tu
seras surpris par son attitude. C’est un militaire, fils d’un dénommé
Hiéroclès, et lointain parent de Gelon, l’un des dictateurs les plus cruels
qu’ait connus cette cité. Lui-même aurait pu se conduire de manière similaire
quand ses soldats le portèrent au pouvoir. En fait, il a choisi de faire le
contraire. Il a préféré gagner le cœur de ses concitoyens. Il s’est donc
abstenu de faire assassiner ses adversaires ou de les contraindre à l’exil. Il
a licencié ses mercenaires étrangers et les a remplacés par des Syracusains
appartenant aux couches les plus basses de la population. Celles-ci l’en ont
remercié en le proclamant roi.
— Est-il
un ami de Carthage ?
— Hiéron
est avant tout l’ami de Hiéron. Mais il craint les Romains plus que les
Carthaginois. Ceux-là sont près, nous sommes loin.
— Tu
veux dire qu’entre deux maux il a choisi le moindre ?
— Je
te laisse libre de ton jugement. Il est très attaché aux traditions et il rêve
sans doute de redonner leur gloire passée aux cités grecques de Sicile. En même
temps, il sait que Carthage a fondé des colonies dans cette île avant même que
les fils de l’Hellade ne s’y installent. Il n’entend pas remettre en cause cet
état de choses et c’est là notre grande chance.
Ils
pénétrèrent dans le palais où un officier s’enquit des raisons de leur visite.
Il ordonna à Juba et à Epicide d’attendre dans une cour le retour de Magon et
d’Hamilcar auxquels il fit signe de le suivre. Leur cortège traversa plusieurs
salles ornées de revêtements de stuc de différentes couleurs et fit halte
devant une lourde porte de bronze dont l’un des vantaux s’ouvrit pour leur
laisser le passage.
D’un
recoin de l’immense salle, un homme s’avança.
— Qui
dois-je annoncer ?
— Hamilcar
Barca, fils d’Adonibaal, membre du Conseil des Cent Quatre, ambassadeur de
Carthage, sollicite l’honneur d’être reçu par Hiéron, roi de Syracuse.
— Sois
le bienvenu, fit une voix sortant du fond de la salle. Avance sans crainte, les
habitants de la cité d’Elissa sont nos amis et leur visite comble mon cœur
d’allégresse.
Obéissant
à cette invitation, Hamilcar s’avança et finit par apercevoir un homme siégeant
sur un trône d’or. Il avait l’âge de son père à en croire sa barbe grisonnante.
Il s’inclina respectueusement devant lui cependant que Hiéron, après s’être
levé, venait à sa rencontre.
— Hamilcar
Barca, je connais bien ton père. J’ai eu l’occasion de le rencontrer lors de
l’un de ses séjours en Sicile et j’ai apprécié sa sagesse. Parle sans crainte,
je t’écoute.
— Majesté,
j’arrive de Messine et je suis porteur de mauvaises nouvelles.
— Ces
maudits Romains ont-ils franchi le détroit ?
— Ils
s’apprêtent à le faire. J’en suis certain depuis que j’ai visité leur camp et
rencontré leur consul, Appius Claudius. Tu le sais, Hannon, notre amiral, a
occupé la citadelle de Messine mais il redoute un mauvais tour de la part des
Mamertins.
— Il
a raison car ces anciens mercenaires de Pyrrhus sont de la vile racaille, un
ramassis de bandits et de brigands. Pendant des années, ils ont ravagé mes
domaines. J’ai fait alliance avec eux parce que Carthage me le demandait et
qu’il fallait mobiliser toutes les énergies de notre île contre les Romains.
Cela ne m’empêche pas de les haïr.
— C’est
précisément parce que Hannon se méfie d’eux, Majesté, qu’il sollicite ton aide.
Il estime que l’arrivée de tes troupes suffirait à terroriser les Mamertins et
à dissuader les Romains de franchir le détroit. Mais le temps presse et, par ma
bouche, Carthage demande à son plus fidèle allié d’agir sans délai.
— Calme-toi,
Hamilcar. Partir en guerre est une décision qu’on ne prend pas à la légère.
Crois-tu qu’on puisse rassembler les troupes d’un simple claquement de
doigts ? Il me faut prendre l’avis de mes conseillers et consulter mes
généraux. J’ai besoin pour cela de plusieurs jours. Pendant ce temps, sois mon
hôte au palais. L’homme qui t’a accueilli à la porte a déjà sans doute fait
préparer tes appartements. Je te ferai chercher dès que j’estimerai être en
mesure de marcher sur Messine pour secourir mon vieil ami Hannon.
— Tes
derniers
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