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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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construire à même la
roche un escalier menant à la mer par lequel leur parvenait nuitamment le
ravitaillement.
    À partir
d’Héircté, Hamilcar lança de nombreuses opérations contre les garnisons
ennemies et les villes alliées de Rome tout en continuant à dévaster la
Campanie. Son objectif, largement atteint, était de couper les voies de
communication des Romains et de créer un climat d’insécurité. Bientôt, l’on vit
affluer dans le camp carthaginois les émissaires de plusieurs villes grecques
de Sicile, venus s’enquérir des faveurs que leur vaudrait le fait de renouer
les liens d’antan avec la cité d’Elissa.
    Les succès
du fils d’Adonibaal étaient tels qu’il put, à plusieurs reprises, quitter le
champ des opérations pour retrouver les siens à Mégara. Sa femme lui avait
donné un second fils, Magon, âgé maintenant de neuf ans, ainsi qu’une fille,
Salammbô, de deux ans sa cadette dont on vantait déjà le charme et la beauté.
Épicide avait retrouvé ses fonctions de précepteur et, sous sa férule plutôt
douce, le jeune Hannibal faisait des progrès rapides. Il savait déjà lire et
écrire le punique et le grec et n’aimait rien tant que de jouer avec les armes
de son père. Adonibaal, lui, vieillissait mais continuait à siéger au Conseil
des Cent Quatre, dont il était désormais, après la mort de Mahrabaal, le membre
le plus influent. Un soir, les deux hommes eurent une longue discussion :
    — Hamilcar,
je veux que tu me répondes franchement, avons-nous une chance de remporter
cette guerre ?
    — Père,
la victoire est pour moi une certitude si nous respectons certaines conditions.
    — Lesquelles ?
    — Nous
battre uniquement sur la terre ferme en utilisant nos mercenaires et nos
éléphants. Nous ne pouvons plus compter sur notre flotte.
    — Pourquoi ?
Les Romains n’en ont plus et nous contrôlons à nouveau la grande mer !
    — C’est
une situation provisoire, très provisoire. Mes espions m’en ont informé il y a
peu, Rome se dote de nouveaux navires.
    — C’est
impossible. Leurs caisses sont vides comme les nôtres d’ailleurs.
    — Les
caisses du Trésor public sont effectivement vides mais les particuliers ont de
l’argent. Les sénateurs ont donc eu l’idée de lancer un emprunt d’un genre
spécial. Les citoyens les plus fortunés de la ville ont financé la construction
de deux cents quinquérèmes, chacun à la hauteur de ses moyens. Les uns ont pu
armer à eux seuls un navire, les autres, pour le faire, se sont associés à plusieurs.
Aucun n’a refusé de le faire alors qu’ici, à Carthage, il serait vain d’exiger
de nos marchands pareil sacrifice.
    — Ceux-ci
n’aiment pas perdre leur argent.
    — Les
Romains non plus. Le Sénat leur a simplement garanti qu’en cas de victoire ils
pourraient se rembourser sur le butin pris ou sur l’indemnité de guerre qui
sera exigée du vaincu.
    — Ils
ont une flotte et alors ?
    — Père,
les choses ont bien changé depuis ta jeunesse. Jadis, notre peuple était le
maître de la grande mer et aucun navire n’osait s’y aventurer sans notre
permission. Aujourd’hui, les choses ont changé. Les Romains ont appris à
naviguer et leurs amiraux sont meilleurs que les nôtres. C’est pour cette
raison que je me refuse à les affronter au large des côtes siciliennes.
    — Quel
est ton plan ?
    — Je
veux les contraindre à engager une grande bataille en terrain découvert, près
de Panormos par exemple. Crois-moi, nos mercenaires sardes, grecs ou gaulois,
sont faits pour ce type de guerre. On peut tout exiger d’eux et ils font
merveille, avec l’appui des éléphants et des fantassins. Mais ils craignent de
manière quasi superstitieuse la mer et ils rechignent à s’embarquer à bord de
nos navires. L’un de leurs chefs me l’a dit : « Je laisse aux
poissons le soin de nager. » Cet homme parlait sagement.
    — Tu
raisonnes justement. Puissent les faits te donner raison !
    À son
retour en Sicile, Hamilcar eut confirmation de ses craintes. Les Romains
avaient achevé la construction de leur flotte et celle-ci avait pris la
direction de l’île sous la conduite de Caïus Lutatius Catulus. Après avoir fait
escale à Syracuse, le consul se dirigea vers Lilybée et Drépane, mal défendues
par Hannon le timoré. L’amiral carthaginois, prudent à l’excès, céda à la peur
quand on lui apprit que deux cents navires se dirigeaient vers lui. Il

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