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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Abattre les Romains n’est pas tout
cependant. Que ferons-nous de cette victoire ? Cette guerre a bien montré
notre force mais aussi nos faiblesses. Il ne sert à rien d’écraser Rome si nous
ne trouvons pas en nous les ressources nécessaires pour bâtir un empire à la
taille de notre cité qui puisse lui assurer sa sécurité et sa richesse. Je veux
remporter la victoire en Sicile dans la seule mesure où elle sera le début
d’une grande aventure à laquelle vous serez tous associés. Au risque de choquer
beaucoup d’entre vous, une Carthage victorieuse ne me satisfait pas si elle
s’assoupit et se repose sur sa gloire passée. J’aime Carthage et ses dieux,
j’aime notre cité et son peuple parce que nous sommes un organisme vivant, en
perpétuelle mutation, prenant ce qu’il y a de meilleur chez les autres peuples
et leur donnant ce que nous avons de mieux. Regardez derrière vous la colline
sacrée de Byrsa et, plus loin encore, le fossé qui marque la fin de notre
territoire. Notre avenir ne se situe pas sur cette terre tellement vaste que
nous la connaissons à peine. Il est de ce côté-ci, du côté de la mer, car nous
sommes un peuple de marins, à l’image de nos ancêtres venus de Tyr ou de Sidon.
Après la Sicile, d’autres pays s’offrent à nous. Sachez donc que, si vous me
nommez commandant en chef, ce ne sera pas uniquement pour reprendre Panormos,
Acragas, Messine ou Syracuse. Ce sera pour porter le signe de Tanit aux quatre
coins de la grande mer. J’ai dit.
    Mahrabaal,
plaçant de part et d’autre de lui les deux candidats, s’adressa au
peuple :
    — Vous
avez entendu deux hommes sages et pleins d’expérience vous exposer leurs idées.
A vous de vous prononcer.
    — Baalyathon,
Baalyathon, firent deux douzaines de voix maigrelettes qui s’interrompirent
bien vite alors que le reste de la foule s’esclaffait devant cet évident manque
d’enthousiasme et jetait en l’air les pièces distribuées par les partisans du
sénateur. Puis, de toutes parts, fusa un cri, un seul cri, mille fois
répété :
    — Hamilcar
Barca, Hamilcar Barca.
    Bientôt,
emportés par l’enthousiasme, les soldats de la garde sénatoriale frappèrent
leurs boucliers de leurs glaives tout en criant le nom de leur ancien chef.
    — Hamilcar
Barca prendra donc le commandement de nos troupes, fit d’une voix tremblante
d’émotion Mahrabaal. C’est un choix dont le Conseil des Cent Quatre se félicite
et qui honore l’une des plus illustres familles de notre cité. Je lui souhaite
plein succès pour les opérations qu’il devra mener et je suis sûr qu’il
remplira parfaitement ses nouvelles fonctions. Avant de nous séparer et
conformément à la tradition, je lui laisse le soin de prononcer quelques mots.
    Les
acclamations enthousiastes de la foule reprirent pendant de longs instants.
Souriant, le fils d’Adonibaal finit par lever le bras pour réclamer le
silence :
    — Carthaginois,
je suis fier d’accepter le commandement que vous me confiez. Baalyathon, sache
que je comprends ta déception. Tu peux être assuré que je collaborerai toujours
loyalement avec toi comme avec les autres membres du Conseil des Cent Quatre.
Si tu désires m’accompagner en Sicile, tu es le bienvenu.
    À ces
mots, le sénateur, la mine défaite, se contenta de hocher la tête. Visiblement,
l’idée ne lui souriait qu’à moitié. Son vainqueur poursuivit :
    — Sachez-le,
Rome paiera cher, très cher, les blessures qu’elle nous a infligées depuis des
années et dont certaines faillirent nous être mortelles. Dans quelques jours,
je m’embarquerai et je reviendrai, à la fin de la belle saison, déposer à vos
pieds les aigles et les emblèmes de Rome. Après quoi, quand nous aurons fini de
remercier nos dieux pour leur générosité à notre égard, je partirai conquérir
l’empire sans lequel notre ville ne peut pas vivre. Je place sous votre
protection mon fils et ma femme. Puisse Melqart nous accorder la
victoire !
    La foule
mit beaucoup de temps à se disperser. Les citoyens commentaient fiévreusement
les événements de la journée et beaucoup dépensèrent dans les tavernes les
pièces qu’ils avaient reçues des agents de Baalyathon. À Mégara, la demeure des
Barca fut assaillie par un flot de visiteurs : sénateurs, officiers,
marchands et prêtres venaient féliciter le nouveau général en chef et tenter de
s’attirer ses faveurs. Les esclaves s’affairaient pour offrir à chacun

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