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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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extraordinaire se
produire. Carthage n’avait plus de flotte de guerre et, en principe, de flotte
commerciale, encore que ses armateurs aient affrété des navires auprès de leurs
compatriotes tyriens. Devant l’afflux des bateaux, il fallut agrandir le port
militaire, désormais affecté à des fins civiles, et le port marchand. Pour
gagner de l’espace, on abattit même la vieille porte de la Mer dont les
gigantesques blocs de terre servirent de soubassement à un nouveau quartier.
    Une
véritable euphorie s’était emparée de la ville et l’on vit des fortunes
spectaculaires s’édifier grâce à deux ou trois opérations commerciales bien
menées. Nul ne se souvenait plus ou ne voulait pas se souvenir que cette cité
avait, il y a peu encore, failli soumettre militairement tous les peuples
vivant le long des la grande mer, d’Utique à Gadès en passant par Massalia et
Rhegium. Ce que la guerre ne lui avait pas permis d’acquérir, elle l’obtenait
par la paix et drainait vers elle les richesses de l’Occident et de l’Orient.
    Dans sa
propriété du Beau Promontoire, Hannibal méditait douloureusement sur cette
évolution. À Maharbal, l’un de ses derniers fidèles, il expliquait :
    — On
m’a jadis accusé – tu fus le premier à le faire - d’avoir laissé
mon armée se vautrer et se défaire dans les délices de Capua. Il est vrai que
je n’ai pas eu alors le courage d’insuffler à mes hommes un surcroît d’énergie
et d’exiger d’eux des efforts encore plus grands que ceux qu’ils avaient dû
déjà consentir. Ce fut notre perte et la cause de notre défaite. Aujourd’hui,
j’ai bien peur que les Romains ne nous réservent une autre mauvaise surprise.
Notre cité est pareille à un fruit dont ils attendent qu’il mûrisse. Quand il
sera à point, ils le cueilleront et le dévoreront. Personne ne pourra s’y
opposer puisque nos concitoyens ont désappris l’art de la guerre. Je ne vois d’autre
issue que de provoquer un choc salutaire dans nos rangs en mettant à bas ce bel
édifice, ce cheval de Troie construit par nos pires adversaires.
    — Je
partage ton avis mais, pour cela, tu dois quitter la retraite où tu te morfonds
depuis des années. Une seule solution s’offre à toi : briguer le mandat de
suffète. Les élections ont lieu bientôt et, si tu te présentes, des milliers
d’hommes t’apporteront leurs suffrages. Peu importe que tu doives supporter à
tes côtés la présence d’un autre magistrat de même rang. Je ne donne pas cher
de lui. Tu sauras, par la ruse et la flatterie, le réduire à l’impuissance et à
l’inaction.
    — Tu
n’as pas toujours été amical envers moi, Maharbal, et je me souviens encore de
ton apostrophe au soir de Cannae : « Tu sais vaincre, Hannibal, mais
tu ne sais pas profiter de ta victoire ! » Mais tu es un partenaire
fidèle et loyal et j’ai confiance en toi. Proclame donc dans Carthage que je
briguerai le suffètat.
    La
nouvelle eut l’effet escompté. Hannibal fut triomphalement élu à ce poste jadis
occupé par le père d’Adonibaal, son bisaïeul. Au Sénat et au Conseil des Cent
Quatre, une agitation fébrile régnait. Pour les uns, le fils d’Hamilcar était
un démagogue soucieux de faire alliance avec la populace et les rebuts de la
société afin de se débarrasser des aristocrates. Pour les autres, qui se
rappelaient les objurgations de Hannon le grand, il ne rêvait que de se faire
proclamer roi par la foule réunie sur le maqom. Sa première réforme sema la
zizanie. Azerbaal, un magistrat dont l’honnêteté n’était pas la vertu première,
fut accusé par les enfants d’un prospère marchand, en litige pour l’héritage
paternel, d’avoir détourné à son profit une partie des sommes confiées à sa
garde. Convoqué à plusieurs reprises par le suffète, il refusa de se présenter,
arguant que, devant entrer, à l’expiration de sa charge, dans l’ordre des juges
nommés à vie, il était assuré de l’immunité accordée à ceux-ci. Mal lui en
prit. Un petit matin, une escouade de cavaliers numides vint le chercher dans sa
propre maison située sur la colline de Byrsa pour le conduire devant
l’assemblée du peuple où Hannibal décrivit par le menu ses indélicatesses. Puis
il proposa une réforme adoptée dans l’enthousiasme : désormais, les juges
seraient nommés pour une année et ne pourraient solliciter qu’un seul
renouvellement de leur mandat.
    Sitôt
connue, la

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