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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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environ six cent stades [83] , ils parvinrent
dans une baie isolée où mouillait une quinquérème. Dans ses cales, les esclaves
de son domaine du Beau Promontoire avaient, depuis plus d’un mois, entassé
coffres d’or et d’argent, statues, meubles, armes et divers documents convoyés
discrètement par une noria de chariots circulant le jour tombé. Les hommes
avaient respecté le silence le plus absolu sur ces préparatifs. Ils seraient de
l’expédition comme rameurs et leur maître leur avait promis qu’arrivés en
Orient, ils recevraient tous leurs lettres d’affranchissement et un pécule
assez important pour subvenir à leurs besoins le restant de leur vie.
    Hannibal
monta à bord du navire et donna l’ordre de faire voile vers Cercina [84] .
C’est là qu’il avait rendez-vous avec Jacob, l’arrière-petit-fils d’Abraham le
Cohen, l’homme qui avait jadis, à la demande d’Hamilcar, hébergé le consul
Marcus Atilius Regulus. Les Barca étaient restés en étroites relations avec la
tribu des Hébreux de l’île des Lotophages [85] et ces derniers
n’avaient jamais refusé d’aider leur puissant protecteur. Quelques semaines
auparavant, Hannibal avait convoqué Jacob à Mégara et l’avait longuement
interrogé. L’adolescent lui avait expliqué que, las de l’existence monotone
qu’il menait auprès des siens, il ne rêvait que d’une chose : se rendre en
pèlerinage à Jérusalem, la cité de ses ancêtres, maintenant passée sous la
domination des Séleucides. Le suffète lui avait alors révélé qu’il comptait
s’embarquer pour l’Orient et qu’il le prendrait à son bord, du moins jusqu’à
Tyr où leurs routes se sépareraient. Mais, pour cela, il avait besoin de son
aide et de l’aide de tous les siens.
    Le fils
d’Hamilcar avait alors demandé à Jacob si de nombreux navires phéniciens ou
carthaginois croisaient au large de Cercina ou relâchaient dans son port. Le
jeune Hébreu lui avait dit que oui et ajouté que les capitaines de ces bateaux
étaient en contact constant avec les autorités d’Hadrim auxquelles ils
signalaient tous les mouvements maritimes. Les deux hommes avaient alors mis au
point un stratagème. Il ne faisait aucun doute qu’en mouillant dans l’archipel
Hannibal serait reconnu. Il affirmerait donc à ceux qui le presseraient de
questions qu’il se rendait en ambassade officielle à Tyr pour apporter au
temple local de Melqart le tribut annuel payé par la cité d’Elissa à sa
métropole d’origine. Puis, il annoncerait qu’avant de s’embarquer il
souhaitait, conformément à la tradition, offrir un sacrifice propitiatoire et
convierait tous les présents à un banquet, à charge pour Jacob de préparer tout
ce qui était nécessaire à ce dernier. Comme les festivités se dérouleraient en
plein jour, sous un soleil ardent, l’on demanderait aux équipages des autres
navires de prêter leurs voiles et leurs vergues afin de dresser une tente et
d’abriter les convives. De la sorte, ils ne pourraient quitter les eaux de
Cercina. Un émissaire viendrait, une semaine auparavant, le prévenir de
l’imminence de l’affaire.
    Une veille
de shabbat, Jacob reçut la visite d’un domestique de Mégara, l’avertissant que,
quatre jours plus tard, un ami l’attendrait à l’endroit convenu. Avec quelques
gens de son âge, qui partageaient son rêve, il avait quitté l’île des
Lotophages et fait, en route, provision de bœufs et d’amphores de vin en
prévision des festivités. A Cercina, il avait distribué aux marins qu’il
rencontrait diverses gratifications pour s’assurer de leur amitié et nul ne
s’inquiétait de ses allées et venues sur les quais. Le soir, il regagnait son
campement, situé en bordure de la ville, récitant avec ses compagnons les
prières rituelles.
    Quand on
lui annonça, en fin de matinée, qu’un navire était en vue, il sut ce qu’il
devait faire. Ses hommes commencèrent à allumer des feux pour faire rôtir les
bœufs et à disposer sur des tréteaux des planches devant servir de tables. Puis
il se mêla à la foule sur le quai et vit le suffète descendre à terre.
Immédiatement reconnu, Hannibal fut entouré par les capitaines phéniciens et
carthaginois et pressé de questions. Comme prévu, il annonça non sans une
certaine solennité la mission qui lui avait été confiée par le Sénat et proposa
que cet événement soit célébré comme il se devait. Après tout, pour la première
fois de

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