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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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solennité à l’événement, Flaminius décida
de se rendre à Corinthe pour y ouvrir les Jeux isthmiques, les jeux les plus
célèbres après ceux d’Olympie. Là, il frappa les imaginations des délégués des
principales cités helléniques en proclamant un manifeste non exempt
d’arrière-pensées : « Le Sénat de Rome et Titus Quinctius, général en
chef, ayant vaincu le roi Philippe, laissent libres selon leurs lois, sans
tribut ni garnison, les Corinthiens, les Rhodiens, les Locriens, les Lubéens,
les Achéens de Phliotide, les Magnètes, les Thessaliens, les Perrhèbes. »
En fait, certaines cités libérées conservèrent leurs troupes romaines. Ce fut
le cas de Démétrias en Thessalie et de Chalcis en Eubée. Il n’était pas
question de les laisser sans protection alors qu’Antiochos était parti à la
conquête des villes grecques d’Asie et avait, après avoir franchi l’Hellespont,
ravagé la Chersonèse de Thrace. Jadis, les Grecs de Grèce avaient appelé à leur
secours Rome, maintenant c’était aux Grecs d’Asie de le faire.
    Pour
Hannibal, c’était là une occasion rêvée de reprendre la lutte contre la cité de
Romulus, en mettant ses qualités de stratège au service d’Antiochos. Même s’il
n’avait pas encore pris sa décision, ses ennemis entretinrent la suspicion et
affirmèrent à leurs correspondants romains qu’il recevait, dans sa propriété du
Beau Promontoire, de nombreux émissaires tyriens envoyés par Antiochos. Au
Sénat de Rome, les adversaires du Barcide prêtèrent une oreille attentive à ses
propos. Seul Scipion, comme à l’accoutumée, estima « indigne du peuple
romain de souscrire aux haines des accusateurs d’Hannibal, et de commettre
l’autorité publique romaine dans le jeu des factions carthaginoises ». Ce
sage avertissement ne fut pas entendu et une ambassade fut envoyée à la cité
d’Elissa afin de demander la mise en jugement du suffète. La délégation
comprenait Cnaeus Servilius Caepio, Marcus Claudius Marcellus, tous deux
hostiles à Scipion, et Quinctius Térentius Culleo. Officiellement, ils étaient
chargés d’arbitrer des litiges territoriaux survenus entre Carthage et
Masinissa.
    De passage
à Mégara, le fils d’Hamilcar n’accorda pas le moindre crédit à cette fable. Il
pressentait que, dès l’arrivée de l’ambassade, le Conseil des Cent Quatre le
décréterait d’arrestation. Le moment était arrivé pour lui de quitter,
peut-être pour toujours, sa patrie dont il n’avait reçu, tout au long de son
existence, que des marques de méfiance et d’ingratitude. Dans sa retraite
d’Hadrim, il avait eu le temps de préparer minutieusement le moindre détail de
sa fuite, avec ses derniers fidèles. Le plus important, il le savait, était de
ne rien laisser paraître de ses sentiments. Aussi passa-t-il la journée à
inspecter les fortifications et l’état des rues de la cité. Il prit soin
d’ordonner certains travaux, précisant qu’il viendrait lui-même ultérieurement
en vérifier l’exécution. Les espions du Sénat, qui ne l’avaient pas quitté d’un
pas, finirent par se lasser de ce train-train et préférèrent aller apaiser leur
soif dans une auberge. Il serait temps, le soir venu, de se mettre en faction
devant la résidence de Mégara où Hannibal ne manquerait pas de retourner
sagement.
    Dès que le
suffète s’aperçut de leur disparition, il gagna le quartier du port et se
changea dans une demeure amie où deux serviteurs l’attendaient. En leur
compagnie, il sortit de la ville par la porte du Nord, se mêlant aux paysans
regagnant leurs villages après avoir vendu leurs produits sur les différents
marchés de la cité. Il ne se retourna même pas pour contempler une dernière
fois la colline de Byrsa et l’enceinte fortifiée. Il les reverrait sans doute
un jour si ses plans réussissaient. Pour l’heure, une seule chose
importait : retrouver l’esclave venu de Mégara avec trois chevaux, les
meilleurs coursiers de son écurie. L’homme était là, au bord de la route,
guettant du regard ceux avec lesquels il avait rendez-vous. Son visage
tressaillit de joie quand il les aperçut. En silence, les trois fugitifs
enfourchèrent leurs montures et s’élancèrent alors que la nuit tombait.
    Ils galopèrent
à bride abattue dans l’obscurité, s’arrêtant, tous les cent stades, pour
changer de chevaux à des relais minutieusement préparés. Au petit matin, après
avoir parcouru

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