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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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confiance, Ariston, le marchand tyrien qui
l’avait hébergé à son arrivée en Asie. En tant que négociant et propriétaire de
nombreux navires, il disposait d’une couverture idéale pour ses autres
activités. Il se rendit donc à Carthage, officiellement pour y acheter du blé
et de l’huile, officieusement pour rencontrer les dirigeants encore en liberté
du parti barcide. C’étaient le plus souvent des hommes d’humble condition, des
vétérans des campagnes d’Ibérie, de Gaule et d’Italie, attachés à leur général
et prêts à reprendre le combat dès qu’il foulerait le sol de sa patrie. Bien
entendu, les allées et venues du Phénicien attirèrent l’attention de la police
du Conseil des Cent Quatre et ce d’autant plus que la discrétion n’ayant jamais
été la qualité la plus marquante des Carthaginois, les ruelles de la ville
bruissèrent bientôt de rumeurs sur les préparatifs en cours et sur les
instructions secrètes dont Ariston était le porteur.
    Le Sénat
décida de le mettre en état d’arrestation mais, au dernier moment, revint sur
ce décret. Après tout, c’était un sujet du monarque séleucide et le commerce
avec les États de ce dernier contribuait pour beaucoup à la prospérité de la
cité. L’appréhender risquait de provoquer des représailles contre les
commerçants carthaginois stationnés dans les ports phéniciens et la rupture des
traités commerciaux entre Carthage et son ancienne métropole. Le souci bien
compris de leurs intérêts amena donc les ennemis d’Hannibal à fermer les yeux
sur les démarches d’Ariston, invité cependant à partir le plus vite possible.
Il le fit, à sa manière. La cité fut en effet saisie d’une crise de fou rire
quand, après son départ, l’on découvrit les affichettes placardées au tribunal
des suffètes proclamant que les fameuses instructions secrètes dont il était le
porteur n’étaient pas destinées uniquement aux membres du parti barcide mais
concernaient aussi les sénateurs, soupçonnés de la sorte de tremper dans le
complot. Dans les réunions publiques, les principaux magistrats s’observaient
avec méfiance, chacun se demandant si son interlocuteur n’était pas en liaison
avec Ariston.
    Pour
assainir ce climat et dissiper les doutes, le Conseil des Cent Quatre décida
d’envoyer une ambassade à Rome à la fois pour rendre compte de l’affaire et
pour se plaindre des agissements de Masinissa. Celui-ci revendiquait la région
des Emporia dont la capitale était la riche cité de Leptish [87] . Le souverain
numide ordonna à ses représentants sur les bords du Tibre de rabattre le caquet
des orgueilleux Carthaginois. Il remit à l’honneur la théorie qu’il avait jadis
défendue devant Hannibal alors qu’ils étaient des adolescents. Pour lui, les
descendants d’Elissa ne possédaient en toute légalité que le territoire
délimité par la peau de bœuf découpé en fines lanières par la sœur de
Pygmalion. Chargé de trancher le litige, Scipion l’Africain se rendit à
Carthage et décida de calmer les esprits des uns et des autres. L’affaire
Ariston avait révélé l’existence d’un important parti barcide favorable à
l’alliance avec Antiochos. Mieux valait donc pour Rome ne pas heurter la
susceptibilité des Puniques, ce qui aurait pour effet de les pousser dans les
bras de son futur ennemi. Masinissa fut ramené à la raison et sommé de
reconnaître les droits de son voisin sur les Emporia. Curieusement, et à son
corps défendant, Hannibal rendait ainsi service à sa cité, cajolée par les fils
de la Louve.
    À Éphèse,
la situation du fils d’Hamilcar s’en trouva momentanément affaiblie. Sous
l’influence de l’Arcanien Alexandre, ancien conseiller de Philippe de
Macédoine, il avait été écarté des réunions préparant l’entrée en guerre des
troupes séleucides. Hormis son projet de débarquement en Afrique, le reste de
son plan grandiose avait été purement et simplement rejeté. Antiochos n’avait
nullement envie d’aller guerroyer en Italie et de conduire son armée sous les
remparts de Rome. Une seule chose l’intéressait : soumettre les cités
grecques d’Asie, conserver la Thrace, et, accessoirement, imposer son
protectorat à la Grèce continentale.
    Désireux
toutefois de témoigner son estime au fils d’Hamilcar, le monarque le convia à
passer ses troupes en parade. Dans la plaine, autour d’Ephèse, des milliers
d’hommes se

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