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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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serait heureux de
rencontrer certains de leurs émissaires dans sa capitale, Carthagène.
    Ceux-ci
traversèrent à la hâte les Pyrénées. Sur leur route, ils croisèrent des Romains
venus solliciter l’aide des tribus ibères et qui revenaient bredouilles de
cette mission. Car ils avaient été reçus froidement par les roitelets
espagnols, peu soucieux de voir leurs domaines subir le sort de Sagonte. Marcus
Lucius Lépidus avait dû quitter en hâte le territoire des Bargusiens [11] dont le chef l’avait tancé d’importance :
    — Romains,
vous sollicitez notre aide contre Carthage. Si nous accédions à cette requête,
quel serait notre sort si Hannibal prenait les armes contre nous ? Celui
de Sagonte ! Ses défenseurs ont attendu en vain l’arrivée de vos légions
et ont expiré en maudissant votre nom et vos promesses. Si vous cherchez des
alliés, parcourez des régions où le désastre de Sagonte n’est pas connu. Car
les ruines de cette ville sont pour tous les Ibères la preuve, tragique mais
irréfutable, qu’il ne faut pas se fier à l’amitié de Rome.
    Les
Romains se heurtèrent à une déconvenue identique en Gaule cisalpine. Les seuls
à leur promettre leur appui furent les Grecs de Massalia, auxquels leurs
voisins vouaient une exécration mortelle. Sans que les hostilités aient
commencé, les fils de la Louve essuyaient leurs premiers revers. Hannibal, lui,
était courtisé par les Brenns, les chefs gaulois, venus à Carthagène négocier
les conditions de leur ralliement. Dans la ville, leur haute stature, leurs
longs cheveux et moustaches bien fournies ainsi que leur tenue – un
pantalon fixé à la taille par une corde, le torse demeurant
dénudé – suscitaient de nombreux commentaires. Au passage de ces
guerriers farouches, le silence se faisait car on les savait ombrageux et
susceptibles. Les émissaires gaulois, couverts de cadeaux, furent impressionnés
par la froide détermination du jeune général punique. Pour bien montrer qu’il
contrôlait quasiment toute l’Ibérie, il avait jugé opportun de renvoyer dans
leurs foyers ses mercenaires ibères afin qu’ils prissent du repos avant de
repartir pour de nouvelles expéditions. Il leur avait annoncé leur congé
provisoire en ces termes :
    — Mes
amis, vous avez toujours loyalement combattu à nos côtés et je suis certain que
vous serez encore avec nous lorsque, bientôt, mes troupes iront chercher dans
la lointaine Italie le butin et la gloire. Pendant des années, nous nous
battrons loin de nos foyers et je sais qu’il vous tarde de retrouver vos
familles avant cette grande expédition qui suscitera l’admiration et l’envie.
Je comprends ce sentiment et je vous autorise donc à regagner vos montagnes et
vos villages pour y passer l’hiver. Au retour du printemps, je vous attendrai à
Carthagène pour faire, avec l’aide des dieux, une guerre qui nous apportera la
gloire et la fortune.
    Au début
des beaux jours, les guerriers ibères étaient de retour et Hannibal se trouva
alors à la tête d’une formidable armée de cent deux mille hommes, la plus
grande jamais levée par Carthage dans son histoire. Une partie de ces unités
était destinée à demeurer sur place sous le commandement d’Hasdrubal le beau.
Ce dernier se fit attribuer onze mille huit cent cinquante fantassins, trois
cents mercenaires ligures et cinq cents frondeurs baléares ainsi que deux mille
six cents cavaliers numides ou maures et vingt et un éléphants. À cela, il
fallait ajouter une flotte de trente-deux quinquérèmes et de cinq trirèmes
chargés de surveiller le littoral ibère. Plus de quatre-vingt mille soldats
constituèrent l’ossature du futur corps expéditionnaire.
    En
apparence, c’était une coalition hétéroclite que seule unissait une farouche
détestation du nom romain. Quatre mille jeunes Carthaginois, arrachés à leur
terre natale, formaient une sorte de bataillon sacré. La moitié était des
fantassins, l’autre appartenait à la cavalerie lourde, équipée d’un casque,
d’une cuirasse, d’une épée et d’une lance. La cavalerie légère se composait
d’Ibères et de Numides. Les premiers étaient armés d’un glaive, les autres de
javelots qu’ils lançaient avec une précision redoutable. L’infanterie légère
était constituée par des montagnards ibères, munis d’un petit écu de cuir et
d’un glaive, et de Gaulois reconnaissables aux torques, aux bracelets enserrant
leurs bras

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