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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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distinguer entre
les actes officiels et les initiatives privées des généraux. Faut-il vous
rafraîchir la mémoire. Lors de la défaite de nos troupes en Sicile, nous avons
signé avec le consul Gaïus Lutatius un traité par lequel chacun d’entre nous
s’engageait à ne pas attaquer les alliés de l’autre. Mais cette clause ne
concernait pas les Sagontins qui ne se revendiquaient pas de votre protection.
Lorsque vous nous avez imposé, peu après, un autre pacte, nous dépossédant de
la Sardaigne, vous n’avez là pas davantage mentionné les Sagontins encore
rétifs à votre amitié.
    Pour
tourner la difficulté, vous invoquez l’autorité d’un accord conclu verbalement
entre vous et Hasdrubal sans que nous ayons été saisis de sa ratification.
Dois-je vous rappeler que vous avez fait casser le premier traité signé par le
consul Lutatius avec nous sous prétexte que votre Sénat et vos Comices
n’avaient pas été consultés. C’est pour cela que vous nous avez imposé un autre
texte, plus rigoureux et que nous avons accepté. Si donc vous n’êtes tenus que
par les traités qui ont reçu votre approbation et que le peuple a ratifiés, le traité
d’Hasdrubal, qu’il a signé sans que nous soyons au courant, ne saurait nous
lier. En agissant de la sorte, nous ne faisons que vous imiter. Cessons de
parler de Sagonte et de l’Ebre et venons-en à l’essentiel. Que voulez-vous au
juste ?
    — Romains,
ajouta un autre sénateur, je n’aime pas vous entendre vous repaître du respect
des traités et de la parole donnée. Vous aviez juré que la Sardaigne
demeurerait en notre possession et vous nous l’avez prise au mépris de vos
promesses. Est-ce là un acte compatible avec l’honneur ?
    Quintus
Fabius Maximus paraissait contrarié par ces accusations. En son for intérieur,
il savait que ses interlocuteurs n’avaient pas entièrement tort même s’il ne
pouvait leur donner raison. Aussi, faute d’arguments à développer longuement,
il se dressa et, d’un geste théâtral, forma un pli d’un morceau de sa toge de
lin tissée des propres mains de sa femme.
    — Dans
ce pli, nous vous apportons la guerre et la paix. Choisissez ce que vous
voulez.
    — C’est
à toi de choisir car nous ne sommes pas responsables de cette situation, lui
rétorqua Itherbaal.
    — Ce
sera donc la guerre.
    — Soit.
Nous la ferons et vos mères et épouses n’auront pas assez de larmes pour
pleurer leurs morts et vous accabler de leurs reproches.
    Un lourd
silence se fit. Chacun mesurait la portée de la décision qui venait d’être
prise et entendait donner une certaine solennité à l’événement. Puis les
ambassadeurs quittèrent l’enceinte du Sénat, accompagnés d’Itherbaal. Celui-ci,
redoutant la colère de ses concitoyens, les supplia de rassembler leurs
compatriotes présents dans la ville et de leur suggérer de partir. Le Conseil
des Cent Quatre mettrait à leur disposition les bateaux nécessaires et les
Romains seraient libres d’emporter avec eux leurs richesses et leurs esclaves.
Il offrit même de leur verser une indemnité forfaitaire pour les créances
qu’ils pouvaient détenir sur des commerçants locaux mais sa proposition fut
rejetée par Gaïus Licinius :
    — Je
préfère qu’ils aient un motif de rancune à votre égard.
    — Soit
mais n’oublie pas de rapporter à tes collègues que tes semblables ont été
spoliés par le Sénat de Rome et non par celui de Carthage.
    Deux jours
suffirent pour organiser l’évacuation des Romains de Carthage, à l’exception
d’une poignée d’entre eux mariés à des femmes puniques et peu désireux
d’abandonner leurs familles en dépit des objurgations des ambassadeurs. La
flotte appareilla au petit jour. À la sortie de la baie, un navire s’en
détacha. Lui cinglait vers Carthagène avec Magon à son bord pour prévenir Hannibal
des derniers événements. Dès qu’il en fut informé, une activité fébrile
s’empara du fils d’Hamilcar. Des courriers, munis d’instructions et de fortes
sommes d’argent, partirent pour la Gaule cisalpine et pour la Gaule
transalpine. Ils avaient pour mission de renforcer les liens noués depuis
longtemps avec les chefs gaulois et les informer que, bientôt, l’armée
carthaginoise traverserait leurs régions pour aller à la rencontre des légions
romaines. Dans ces missives, Hannibal les assurait que leurs biens et leur
liberté seraient scrupuleusement respectés et qu’il

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