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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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qui résistaient ou tentaient de s’agripper à leurs maris
ou à leurs fils étaient violées par une soldatesque ivre de sang. Quand le soir
tomba, Sagonte avait cessé d’exister et, dès le lendemain, de lourds chariots
chargés de butin prirent la route de Carthagène.
     
    ***
     
    Dans son
nouveau rôle de stratège, Sosylos n’avait eu qu’à moitié raison. Certes, les
Romains n’avaient pas envoyé de légions et de flottes au secours de leurs
alliés mais ils considérèrent la prise de la ville comme un casus belli. La
cité aux sept collines fut saisie d’une véritable fièvre guerrière alors que
les deux nouveaux consuls, Publius Cornélius Scipion et Tiberius Sempronius
Longus, prenaient leurs fonctions. Six légions furent levées à la hâte et les
alliés italiens durent fournir quatre mille quatre cents cavaliers s’ajoutant
aux vingt-quatre mille fantassins et huit cents cavaliers citoyens romains.
Restait une dernière formalité : tenter une ultime conciliation avant de
déclarer ouvertes les hostilités. L’ambassade envoyée à Carthage fut choisie
parmi les membres les plus modérés du Sénat : Quintus Fabius Maximus,
Marcus Livius Salinator, Gaïus Licinius et Quintus Baebius. Ils s’embarquèrent
à Ostie à bord d’une quinquérème et, après une courte escale en Sicile,
parvinrent en vue de la cité d’Elissa. Deux trirèmes vinrent les escorter
jusqu’au cothôn, le port militaire, d’où ils furent conduits, nuitamment, dans
des litières aux lourdes tentures les protégeant des regards, jusqu’au Sénat.
Tout au long du chemin, des gardes numides avaient pris position, ordonnant aux
habitants de demeurer cloîtrés chez eux. L’annonce de l’arrivée de la
délégation avait suscité une vive agitation en ville et les partisans des
Barcides menaçaient de s’en prendre aux émissaires et de les lapider. Hannon le
grand, averti, convainquit ses collègues que les ambassadeurs étaient peut-être
porteurs de paroles d’apaisement et qu’il convenait de les écouter et de tenter
une ultime conciliation.
    Ces
précautions se révélèrent bien inutiles. Dès qu’ils furent introduits dans
l’enceinte du Sénat, les émissaires romains prouvèrent, par leur conduite
arrogante et par le ton qu’ils employaient, qu’ils venaient porteurs de
mauvaises nouvelles. Sans attendre la fin du discours de bienvenue prononcé par
Hannon, Quintus Fabius Maximus tonna :
    — Vos
belles paroles ne nous intéressent pas et nous n’avons pas fait un si long
voyage pour nous repaître de vos propos mielleux. Venons en rapidement aux
faits. Hannibal, en attaquant Sagonte, a-t-il agi avec l’accord du Conseil des
Cent Quatre ?
    Outré par
la grossièreté de cette entrée en matière, Azeerbaal le rusé, pourtant
considéré comme un modéré, coupa sèchement son interlocuteur :
    — Vous,
Romains, l’on ne saurait vous accuser de manquer d’audace. Lors de votre
première ambassade, vous réclamiez des sanctions contre Hannibal parce qu’il
guerroyait dans des territoires relevant de sa juridiction. Pour ne pas nous
indisposer, vous laissiez entendre qu’il agissait de son propre chef et vous
cherchiez dans notre assemblée des complices et des soutiens. Aujourd’hui, vous
vous dispensez de ces précautions de langage. Vous n’avez qu’une seule idée en
tête, nous faire endosser la responsabilité de la guerre et nous demander des
réparations comme si nous avions déjà reconnu notre responsabilité.
    À vrai
dire, les augustes membres de cette assemblée n’ont pas à répondre à la
question insidieuse que vous leur posez : « L’attaque de Sagonte
a-t-elle été décidée par un particulier ou par l’Etat ? ». Est-ce que
nous vous avons demandé les raisons qui vous poussèrent à faire la guerre aux
Boïens dont beaucoup ont servi comme mercenaires sous nos ordres et qui
pourraient, eux aussi, revendiquer leur statut d’alliés de Carthage ? La
seule question, s’agissant de Sagonte, est la suivante : « Cette
attaque était-elle juste ou injuste ? Était-elle autorisée ou interdite
par les traités passés entre nos deux cités ? » Quant à savoir si un
citoyen de chez nous a agi par ordre ou de son propre chef, ou encore quelle
sera sa punition, cela ne regarde que nous. Nous ne jugeons pas les citoyens
romains. De quel droit voulez-vous juger l’un des nôtres ?
    À vrai
dire, vous êtes, honorables sénateurs, bien mal placés pour

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