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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Rassemblés, ils furent
taillés en pièces par les cavaliers numides. Bientôt, l’on n’entendit plus que
la sourde plainte des agonisants, gisant à même le sol et se vidant lentement
de leur sang.
    Le vacarme
du combat avait toutefois eu une conséquence inattendue. De l’autre côté du
fleuve, rendus inquiets par les cris des soldats et le choc des épées contre
les boucliers, les éléphants, jusque-là sagement alignés, échappèrent au
contrôle de leurs cornacs et se dispersèrent dans les environs. Il fallut
partir à leur recherche et attendre que les bêtes, auxquelles on distribua une
double ration de fourrage, retrouvent leur calme. On en profita pour
perfectionner les radeaux recouverts de mousse destinés à convoyer les
pachydermes par groupes de trois : deux mâles précédés d’une femelle. On
maintint le principe des robustes embarcadères longs d’environ quinze mètres,
prolongés par deux gigantesques ponts de bateaux, de part et d’autre du fleuve,
reliés à la terre ferme par de solides cordages. Entre ces deux éléments fixes
d’une soixantaine de mètres, l’on disposa deux radeaux solidement attachés l’un
à l’autre. Remorqués par des bateaux à rames, ils furent détachés du premier
pont improvisé et halés de l’autre côté du fleuve. C’était le moment le plus
délicat de l’opération car les bêtes, craignant d’être abandonnées, remuaient
dans tous les sens, au risque de faire chavirer l’embarcation. À trois ou
quatre reprises, l’on vit d’ailleurs quelques pachydermes se jeter à l’eau et
nager, la trompe dressée au-dessus de l’eau. Quand ils atteignaient enfin la
berge, ils poussaient de longs barrissements et se hâtaient de retrouver leurs
compagnons contre lesquels ils se serraient, apeurés. Quand ils étaient
apaisés, leurs cornacs s’approchaient d’eux et les nourrissaient tout en les
caressant et en leur murmurant des paroles chaleureuses et réconfortantes. La
manœuvre fut répétée des dizaines de fois afin que les quatre-vingts éléphants
puissent gagner la berge opposée. Quand le soir tomba, toute l’armée
carthaginoise avait désormais franchi le Rhône. Elle n’avait eu à déplorer que
la perte de quelques dizaines d’hommes, le plus souvent des éléments
indisciplinés. Certains soldats, inconscients du danger, avaient en effet
refusé d’embarquer à bord des radeaux ou des barques et parié une partie de
leur solde qu’ils nageraient d’une rive à l’autre à la seule force de leurs
bras. Tous périrent, soit qu’ils aient été emportés par des tourbillons, soit
qu’ils aient coulé, épuisés par l’effort qu’ils avaient fourni.
    Les
cavaliers romains envoyés en éclaireurs avaient observé le franchissement du
Rhône par cette formidable masse d’hommes et d’animaux. Saisis d’admiration et
de terreur, leurs officiers préférèrent prendre la fuite lorsque plusieurs
patrouilles numides se lancèrent à leur poursuite. À vrai dire, la peur n’était
pas leur seule inspiratrice. Pour eux, il fallait à tout prix éviter la capture
ou la mort, retourner à la hâte au camp de Publius Cornélius pour l’avertir de
l’exploit réalisé par Hannibal et lui conseiller de regagner par voie de mer
l’Italie.
    Certains
jeunes cavaliers romains, issus de l’aristocratie, ne l’avaient pas entendu
ainsi et avaient, en désobéissant aux ordres donnés, courageusement affronté
les Numides, laissant deux cents d’entre eux gisant sur le sol. Les Romains
avaient eux-mêmes perdu cent quarante hommes et parvinrent, couverts de
blessures, jusqu’aux retranchements de la légion commandée par Scipion.
Celui-ci prit rapidement les mesures qui s’imposaient : cet événement sans
précédent le prouvait, Hannibal se sentait assez fort pour dédaigner la route
du littoral et emprunter la voie hérakléïenne. Ce n’était pas là une simple
supputation. Un espion, infiltré dans le camp carthaginois qu’il avait pu
quitter à la faveur de l’obscurité, avait été le témoin du discours tenu par le
général carthaginois à ses hommes, peu avant qu’ils ne reprennent leur marche
en direction du nord. Soucieux de rassurer ses soldats sur l’accueil qu’on leur
réserverait de l’autre côté des Alpes, il leur avait présenté Magilos,
ambassadeur des Gaulois de Cisalpine, délégué par ses frères boïens dont la
révolte gagnait du terrain de jour en jour. Puis Hannibal avait pris la

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