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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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un
champ de bataille. Les quelques engagements qui ont eu lieu ne vous satisfont
pas. Moi, ils m’inquiètent au plus haut point. Ils signifient que, sitôt que
nous aurons franchi les Pyrénées sans espoir de retour, ces tribus chercheront
à prendre leur revanche et à attaquer nos cités et nos garnisons à la sécurité
desquelles je dois veiller. Aussi me faut-il dès maintenant confier à Hannon le
taciturne le commandement de dix mille fantassins et de quelques centaines de
cavaliers afin de pacifier complètement ces régions. Ce sont autant de soldats
qui nous feront cruellement défaut plus tard. Aussi, Hannon, fit-il en
désignant à ses collègues ce jeune officier, j’espère que tu agiras assez vite
pour pouvoir, sitôt l’ordre rétabli, nous rejoindre.
    — J’essaierai
de faire de mon mieux, fils d’Hamilcar, et je te remercie de ta confiance.
Qu’il me soit cependant permis de te faire part de l’un de mes soucis. J’ai
sous mes ordres, en plus des troupes que tu as mentionnées, des mercenaires
carpétans, au nombre d’environ trois mille. Ils appartiennent à une tribu
récemment soumise et ne font pas preuve d’hostilité envers nous. Ils sont
loyaux et je réponds d’eux sur ma tête. Mais ils ne sont pas prêts à nous
suivre loin de leurs foyers et à nous accompagner jusqu’en Italie. Si nous les
y obligeons, les désertions dans leurs rangs se multiplieront et nuiront au moral
des autres soldats.
    — Il
vaut mieux se séparer d’eux. Dis-leur que, par une insigne faveur, je leur
accorde l’autorisation de rebrousser chemin à condition qu’ils assurent la
protection des territoires sous notre contrôle au sud de l’Ebre. Chaque hiver,
ils pourront retourner dans leurs foyers.
    — Tu
fais là un choix judicieux. Leur reconnaissance t’est assurée et ils sauront te
prouver leur loyauté.
    Le passage
des Pyrénées, en pleine belle saison, ne posa aucun problème. Souhaitant éviter
les villes du littoral, alliées de Massalia, Hannibal fit cheminer ses troupes
par quelques cols situés à faible altitude et descendant en pente douce vers
l’autre versant de la montagne. Ces régions étaient quasiment désertes et
suffisamment verdoyantes pour offrir aux éléphants et aux chevaux la nourriture
dont ils avaient besoin. Il fallut attendre quelques jours l’arrivée de
l’arrière-garde pour reprendre la route.
    Quand ils
parvinrent dans la plaine côtière, les Carthaginois installèrent leur camp près
d’Illiberis [12] .
Par précaution, Hannibal fit creuser un large fossé et édifier une palissade de
bois mais la plupart de ses hommes stationnèrent en dehors de cette enceinte.
Chaque jour, quelques patrouilles parcouraient la campagne environnante. Elles
avaient pour mission d’attendre et d’escorter les délégués des roitelets
gaulois appartenant à la confédération des Volsques Arécomiques. Leur
installation dans cette région remontait à quelques dizaines d’années à peine
et ils s’étaient jusque-là tenus soigneusement à l’écart de tout conflit,
repoussant aussi bien les avances des Puniques que celles des Romains et des
Grecs.
    À
l’annonce de l’intrusion sur leur territoire des troupes carthaginoises, les
villageois des environs avaient été saisis de panique et leur peur redoubla
quand ils aperçurent, pour la première fois de leur vie, les éléphants
cheminant en tête de l’armée. Pourtant, ces êtres rudes étaient habitués à
vivre au milieu des bêtes sauvages : l’hiver, ours et loups rôdaient
autour des agglomérations et attaquaient les voyageurs isolés. Ils étaient
redoutés mais n’avaient rien de véritablement effrayant. Ce n’était pas le cas
des éléphants. En les observant, les Gaulois croyaient contempler les monstres
horribles dont faisaient mention leurs légendes les plus anciennes. À la
manière dont les pachydermes se mouvaient, écrasant l’herbe et les broussailles
sur leur passage, il était facile d’imaginer les ravages terribles qu’ils
exerceraient si on leur ordonnait de charger.
    Précédés
par les fuyards, les roitelets volsques s’étaient précipitamment réunis dans la
cité fortifiée de Ruscino [13] pour y tenir d’interminables palabres entrecoupées de banquets et de beuveries.
Les émissaires envoyés par Hannibal durent se morfondre d’ennui, désespérant
d’obtenir une audience de ces êtres frustes, grands amateurs de bonne chère et
de boissons. En fait, c’était

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