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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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et je puis
t’assurer que, si elle me rejoignait, Hélène devrait sur-le-champ quitter mon
camp.
    — Je
ne suis qu’à moitié rassuré par tes propos mais j’ai trop d’estime pour toi
pour ne pas te faire confiance. Bientôt, la mauvaise saison va se terminer.
Nous devrons reprendre notre route et j’aimerais connaître tes intentions.
    — Les
consuls s’attendent à ce que j’emprunte la Via Aurélia ou la Via Cassia pour
gagner Rome. Il leur suffirait alors d’opérer leur jonction dans la haute
vallée du Tibre pour m’obliger à les affronter dans une région qu’ils
connaissent admirablement et dont j’ignore tout. Nos guides gaulois ne sont pas
mieux lotis et ne nous seront en la matière d’aucune utilité.
    — Tu
es capable d’exploits extraordinaires mais ne me dis pas que les dieux nous
feront franchir l’Apennin sur les ailes des aigles qui pullulent dans cette
région.
    — Même
si j’offrais des centaines d’animaux en sacrifice à Melqart, il ne pourrait
rien faire pour nous de la sorte. Nous allons répéter l’exploit que nous avons
accompli en traversant les Alpes. Cette fois, je conduirai notre armée par une
route que le plus courageux des Romains ne voudrait pour rien au monde
emprunter. De Mutina, nous gagnerons Bononia [28] , puis nous
franchirons l’Appenin au col de Collina. De là, nous obliquerons vers Florentia [29] .
Cette cité, bordée par un fleuve, est entourée d’une zone de marais rendus
encore plus dangereux par la crue récente de l’Arno. Nous nous enfoncerons dans
ces eaux fangeuses et ce ne sera pas une partie de plaisir, tu peux me croire.
Mais cela nous permettra de fondre à l’improviste sur les légions de Caïus
Flaminius Nepos et de lui infliger une défaite sans précédent.
    Aux
premiers beaux jours, l’armée carthaginoise se mit en route. La première partie
du trajet s’effectua sans grandes difficultés et les soldats marchaient d’un
pas allègre, persuadés que le chemin restant à parcourir serait tout aussi
facile. Ils furent bientôt saisis d’effroi quand ils pénétrèrent dans les
marais recouverts d’un épais brouillard et dégageant une odeur pestilentielle.
Pour éviter les désertions, Hannibal prit soin de répartir ses hommes en
groupes distincts. En tête de la colonne, marchaient les Ibères et les Libyens,
suivis des vétérans carthaginois, qu’il considérait comme les plus fidèles de
ses compagnons, prêts à mourir pour leur chef si ce dernier leur donnait
l’ordre de le faire. Venaient ensuite les cohortes indisciplinées et peu sûres
des Gaulois, suivis par la cavalerie carthaginoise et par les Numides placés
sous les ordres de Magon dont la mission était d’empêcher les Boïens, les
Insubres et les Ligures de faire marche arrière ou de s’arrêter pendant de trop
longues haltes. Pendant quatre jours et trois nuits, l’armée se fraya un chemin
dans la vase. Il n’y avait nulle part un seul endroit sec pour prendre quelques
heures de sommeil. Il fallait marcher ou, plutôt, progresser en pataugeant dans
l’eau glacée et en ne perdant jamais de vue les enseignes qui indiquaient aux
hommes la route à suivre pour éviter les fondrières et les gouffres tracés par
la crue de la rivière. Ceux qui, perclus de fatigue, s’écartaient de la colonne
périssaient noyés et leurs cadavres, gonflés d’eau, flottaient à la surface, se
décomposant tout aussi rapidement que ceux des bêtes de somme succombant sous
le poids des bagages.
    Très
rapidement, les hommes perdirent tout sens du respect dû aux morts. Les
Gaulois, qui maudissaient dans leurs dialectes aux sonorités étranges aussi
bien leurs dieux que le fils d’Hamilcar, se servaient des cadavres de leurs
compagnons et des chevaux comme de bateaux, s’agrippant à eux pour progresser à
travers les marais. Hannibal, lui, avait pris place avec Hélène sur le seul
éléphant survivant auquel il avait donné le surnom affectueux de « syrien »
pour des raisons connues de lui seul et qu’il se garda bien de dévoiler à ses
proches. Dès le deuxième jour, il se plaignit d’une forte douleur à l’œil droit
doublée d’un violent accès de fièvre. Experte dans l’art des simples, sa
maîtresse confectionna des compresses enduites d’herbes, qu’elle tenait en
réserve dans un coffre, qu’elle changeait fréquemment, nettoyant l’orbite
infectée avec du vin et de l’huile. Au troisième jour, l’œil n’était

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