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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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à l’entrée de l’enceinte, pour guetter l’improbable
retour de leur mari ou de leur fils.
    Le second
consul se trouvant dans l’impossibilité de communiquer avec le Sénat, les
Comices centuriates furent convoqués pour élire un dictateur, c’est-à-dire un
magistrat doté pour une courte période de la plénitude des pouvoirs tant civils
que militaires et assisté d’un adjoint portant le titre de maître de la
cavalerie. Furent désignés pour occuper ces charges Quintus Fabius Maximus
Verrucosus, deux fois consul et naguère membre de l’ambassade envoyée à
Carthage après la prise de Sagonte ainsi que Marcus Minucius Rufus, l’un de ses
principaux adversaires au sein du Sénat.
    Homme
d’une grande piété, Quintus Fabius Maximus estimait que le désastre était dû à
l’impiété de Flaminius qui n’avait pas tenu compte des présages
défavorables : sa chute de cheval et l’affaire de l’enseigne fichée dans
le sol. Aussi décida-t-il de solliciter le pardon des dieux en érigeant un
temple à Vénus Erycine, cette divinité dont le principal sanctuaire, situé en
Sicile, avait servi, lors de la précédente guerre avec la cité d’Elissa, de
refuge à Hamilcar et que ce dernier avait dû abandonner au moment de la
capitulation de ses troupes. Puis le Grand Pontife Lucius Cornélius Lentulus
fit jurer au peuple de sacrifier aux dieux la production du printemps suivant
la victoire.
    Ces
mesures adoptées, le dictateur leva deux nouvelles légions et rejoignit avec
elles celles commandées par Cnaeus Servilius Geminus pour conduire l’ensemble
de l’armée en Apulie où il établit son camp à Aeclae [30] après avoir
ordonné l’évacuation de toutes les localités menacées par Hannibal. Car, après
sa victoire, celui-ci avait traversé l’Ombrie et gagné les rives de
l’Adriatique non sans piller au passage les riches plaines du Picenum. Ses
hommes avaient amassé un tel butin qu’ils ployaient sous le fardeau de leurs
rapines. Lorsqu’ils arrivèrent en vue de la mer, ils poussèrent des hurlements
de joie car ils ne l’avaient pas revue depuis leur départ de Carthagène il y
avait deux ans de cela. Pendant plusieurs semaines, ils prirent un repos bien
mérité entrecoupé par des séances d’exercices destinés à les familiariser avec
leur nouvel équipement. Hannibal avait en effet décidé que ses soldats se
serviraient désormais du scutum, le long bouclier rectangulaire des
légionnaires, dont plusieurs milliers d’exemplaires avaient été ramassés sur le
champ de bataille de Trasimène. Quant aux chevaux, qui souffraient de la gale,
on les baigna dans du vieux vin pour les guérir de cette maladie et on les gava
de fourrage frais en attendant l’arrivée de la remonte, demandée à Carthage,
ainsi que des éléphants devant remplacer ceux qui n’avaient pas survécu aux
frimas et aux intempéries de l’hiver.
    Quand il
jugea ses hommes prêts à reprendre les hostilités, le fils d’Hamilcar les
emmena ravager le nord de la Campanie, notamment la vallée du Vulturne célèbre
pour ses vignobles dont les pieds furent systématiquement coupés. Partout, les
Gaulois incendiaient les fermes, provoquant la fuite des colons romains qui
maugréaient contre l’inaction de Quintus Fabius Maximus dont les troupes se
contentaient de suivre de loin l’armée carthaginoise. Informé de ce
mécontentement, Hannibal l’aggrava en prenant soin de détruire toute une série
de domaines à l’exception d’un seul, appartenant au dictateur, qu’il épargna en
laissant croire que cette générosité était le fruit de tractations secrètes
entre les deux généraux.
    Désireux
de se laver de cette accusation infamante, le chef romain décida de frapper un
coup décisif en coupant la route de son adversaire qui s’apprêtait à gagner les
Pouilles pour y hiverner. Il posta ses légions à l’entrée de la vallée de
Callicula à mi-hauteur des collines dominant l’étroit défilé que devait
emprunter l’armée carthaginoise. Tout autre général que le fils d’Hamilcar
serait tombé dans ce piège ou aurait battu en retraite. Hannibal, lui, usa
d’une ruse raffinée pour se tirer de ce mauvais pas. Il ordonna à l’un de ses
adjoints, un nommé Hasdrubal, de choisir dans le cheptel pris aux Romains deux
mille bœufs aux cornes desquels il fit attacher des fagots de bois sec. A la
fin de la nuit, les bêtes furent conduites sur la crête des collines occupées
par les

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