Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
traitant
de lâches et de femmelettes. Lorsque Tibérius Sempronius Longus lancera sa
cavalerie à votre poursuite, feignez la panique et retraversez la rivière de la
Trébie pour rejoindre l’armée que j’aurai disposée sur une seule ligne longue
d’une vingtaine de stades.
    Vous tous,
les officiers, vous aurez pris soin de faire enduire le corps de vos soldats
d’huile et de graisse pour les protéger de la froidure et vous veillerez à ce
qu’ils prennent un bon repas autour des feux allumés devant leurs tentes. Les
légionnaires devront franchir la rivière glacée pour se porter à notre hauteur
et je fais assez crédit à la stupidité du consul, persuadé par la fuite des
Numides que nous battons en retraite, pour qu’il leur ordonne de faire
mouvement à peine éveillés et le ventre vide. Que chacun d’entre vous exécute
mes ordres dans le plus grand silence. Gardons-nous de troubler la dernière
nuit sur terre de ces maudits Romains dont pas un seul ne doit réchapper de ce
piège.
    Au petit
matin, Hannibal poussa un soupir de soulagement et remercia Melqart. Les
conditions climatiques étaient catastrophiques. La température avait
brutalement chuté durant la nuit et une pluie de neige fondue tombait sur le
champ de bataille, faisant grelotter de froid les chevaux et les esclaves
affairés à oindre de graisse et d’huile les fantassins. Bientôt, l’on entendit
au loin les cris stridents des Numides qui caracolaient devant l’enceinte
romaine avant de se replier dans un désordre habilement feint. Dès qu’ils
eurent rejoint les positions carthaginoises, ils se placèrent à droite et à
gauche de l’infanterie lourde.
    Comme
l’avait prévu Hannibal, Tibérius Sempronius Longus s’était lancé à leur
poursuite avec six mille cavaliers et son infanterie légère. Constatant que la
route était libre, il ordonna à ses légions de faire mouvement en direction de
la rivière. Par milliers, ses soldats, ployant sous le poids de leur
équipement, s’enfoncèrent jusqu’aux aisselles dans l’eau glaciale. Quand ils
prirent pied sur la rive opposée, on les vit tenter de s’ébrouer
maladroitement, le visage déformé par la douleur que leur infligeait la morsure
du froid.
    Les deux
infanteries engagèrent le combat alors que la pluie de neige fondue continuait
à tomber. Mieux protégés contre les frimas, les Carthaginois, appuyés par les
mercenaires ibères et gaulois, supportèrent vaillamment l’assaut de l’ennemi tout
en essuyant de lourdes pertes. Quand Hannibal comprit que les Ligures étaient
sur le point de céder, il donna l’ordre aux Numides de balayer la cavalerie
romaine en s’aidant des éléphants dont l’apparition sema la terreur dans les
rangs des contingents italiens. Derrière les Numides, s’avancèrent les piquiers
et les frondeurs baléares qui attaquèrent les flancs désormais sans protection
de l’infanterie ennemie. C’est alors qu’on entendit distinctement deux
sonneries de trompette espacées. Sortant des buissons, Magon et ses deux mille
hommes prirent à revers les troupes de Tibérius Sempronius Longus qui
combattaient le dos au fleuve et n’avaient aucune envie de replonger dans l’eau
glacée pour regagner leur camp. Il ne leur restait plus comme solution qu’à
tenter de forcer la muraille de fer constituée par l’infanterie lourde
carthaginoise. Seuls dix mille légionnaires parvinrent, au prix de farouches
assauts contre les mercenaires gaulois, à se frayer un chemin en direction de
Placentia cependant que les trente mille autres étaient soit massacrés, soit
contraints de se rendre.
    À la fin
de la journée, Hannibal, ovationné par ses hommes, fit rassembler les captifs
et les sépara en deux groupes. Aux Italiens, il rendit la liberté, les
enjoignant de regagner leurs foyers et d’informer les magistrats de leurs cités
que les Carthaginois venaient en amis pour les délivrer du joug de la cité de
Romulus. Les Romains, au nombre desquels figuraient quelques sénateurs et
chevaliers, furent placés sous bonne garde. Toutefois, le général punique leur
promit que leurs familles pourraient les racheter moyennant le versement d’une
lourde rançon.
    Puis il
inspecta les rangs de son armée dont les pertes n’étaient pas négligeables. Il
s’inquiéta surtout de l’état de ses éléphants. Sur les quatre-vingts partis de
Carthagène, il ne lui en restait plus qu’une dizaine dont huit semblaient
condamnés à mourir

Weitere Kostenlose Bücher