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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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toile, fit son apparition en haut d’une tour.
C’était une catapulte capable de projeter des blocs de la taille d’une maison
et, lorsque ceux-ci s’écrasèrent sur les navires, ils provoquèrent leur
naufrage, causant la mort par noyade de plusieurs centaines d’hommes. Pensant
qu’il faudrait aux Syracusains beaucoup de temps pour approvisionner en
nouveaux projectiles cet instrument terrifiant, le consul ordonna à une dizaine
d’autres bateaux de s’approcher de l’enceinte. Là encore, Archimède avait tout
prévu. Il fit entrer en action des grues gigantesques qui se terminaient par
une lourde main de fer qu’il suffisait de manœuvrer habilement pour saisir par
la proue les navires ennemis et les hisser, au moyen d’un treuil, dans les airs
avant de les laisser retomber brutalement dans les eaux du port.
    Echaudé
par cette série de revers, Marcus Claudius Marcellus jugea plus prudent de
faire reculer le reste de la flotte loin de la muraille. Quand il aperçut les
défenseurs de celle-ci disposer en haut des tours des miroirs, il ne put
s’empêcher de sourire et dit à ses officiers :
    — Ce
diable d’Archimède pense sans doute que j’ai envie de contempler mes troupes au
grand complet. Que les bateaux se placent donc en ordre de combat afin que je
puisse les regarder tout à mon aise grâce à l’instrument que m’offre ce vieux
fou !
    — Ne
crains-tu pas une nouvelle ruse de sa part ? lui demanda un centurion.
    — Il
n’y a aucun risque et je m’en voudrais de donner à cet homme l’impression que
je redoute ses inventions. Qu’on fasse ce que j’ai ordonné.
    Quand le
soleil fut à son zénith, Archimède inclina les miroirs de telle manière qu’ils
reflètent vers les bateaux les rayons du char d’Apollon. Bientôt, à la
stupéfaction générale, la charpente des navires s’enflamma et leurs capitaines
durent gagner la haute mer pour éviter de voir leurs bateaux réduits en cendres
tout en étant entourés d’eau. Lorsqu’il rapporta ce fait à son collègue Appius
Claudius Pulcher, le consul ne put s’empêcher de se moquer de lui-même et de
ses malheurs, à la grande fureur de son interlocuteur.
    Car ce
dernier, dont le camp était situé à l’intérieur des terres, avait beau lancer
assaut sur assaut contre l’enceinte, il ne parvenait pas à se maintenir
longtemps sous les remparts et craignait d’être pris à revers par un corps
expéditionnaire carthaginois, fort de vingt-cinq mille fantassins et trois
mille cavaliers appuyés par une vingtaine d’éléphants, dont on lui avait
signalé le débarquement près de Héracleia Minoa, non loin d’Acragas [51] où une garnison punique s’était installée. Le danger était d’autant plus grand
qu’une nuit, Hippokratès, à la tête de plusieurs milliers de soldats, avait
réussi à quitter Syracuse pour rejoindre les renforts envoyés par la cité
d’Elissa et s’emparer de plusieurs autres villes demeurées jusque-là fidèles à
Rome.
    Le siège
durait depuis des mois et paraissait ne jamais devoir prendre fin lorsque
Marcus Claudius Marcellus s’empara de la ville par traîtrise. Condamné au fouet
pour une broutille par Hippokratès, un Syracusain fut si mortifié par cette
humiliation qu’à peine remis de ses blessures, il se glissa dans le camp romain
pour l’avertir que sa cité s’apprêtait à célébrer la fête d’Artémis, l’une de
ses divinités tutélaires. En l’honneur de la déesse, l’on servirait à profusion
du vin aux défenseurs dont la vigilance se relâcherait sans nul doute. L’homme,
auquel le consul promit une forte récompense si ses renseignements s’avéraient
exacts, montra à ce dernier l’un des points faibles du dispositif syracusain, à
proximité de la tour Galéagre. A la tombée de la nuit, quelques dizaines de
légionnaires rampèrent dans l’obscurité jusqu’au rempart contre lequel ils
dressèrent de hautes échelles de bois. Ivres à force d’avoir offert des
libations en l’honneur d’Artémis, les sentinelles s’étaient assoupies et les
membres de ce petit détachement parvinrent sans peine à s’emparer du chemin de
ronde puis à ouvrir l’une des poternes de l’Hexapyles, la forteresse commandant
le plateau des Epipoles, par laquelle s’engouffrèrent dans le plus grand
silence les soldats de Marcus Claudius Marcellus. Au petit matin, ce dernier
était maître de la ville haute dont la garnison avait été massacrée

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