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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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porter bientôt au
secours de ses alliés capuans. Leur cité était assiégée par quatre légions
placées sous les ordres des consuls Quintus Fulvius Flaccus et Appius Claudius
Pulcher que le Sénat avait menacés de la peine capitale s’ils ne parvenaient
pas à s’emparer de la ville rebelle. Laissant dans le Bruttium le gros de son
armée, le fils d’Hamilcar se dirigea à marches forcées vers Rome en empruntant
la Via Latina, précédé de peu par quinze mille Romains qui faisaient route par
la Via Appia. Sur les rives du Tibre, un vent de panique commença à souffler.
Le préteur urbain Caïus Calpurnius Pison dut édicter des mesures sévères pour
réprimer un début de soulèvement populaire. Le Sénat siégeait en permanence sur
le Forum et les citoyens passaient leurs journées dans les temples où ils
offraient en sacrifice des milliers d’animaux. Quelques propagateurs de rumeurs
alarmistes furent précipités du haut de la roche Tarpéienne pour avoir tenté de
soudoyer des gardes afin de quitter la ville avant l’entrée des troupes
carthaginoises. Les rumeurs les plus folles couraient sur la progression de celles-ci.
    Un matin,
des réfugiés se présentèrent devant la porte Colline. Ils venaient de l’Anio,
un district campagnard situé à une trentaine de stades [52] de Rome, et
affirmaient qu’Hannibal, à la tête d’un détachement de deux mille hommes,
venait d’installer son campement dans leurs foyers. Les Pères conscrits
ordonnèrent de les conduire sous bonne garde jusqu’au Capitole et de leur
interdire tout contact avec les autres habitants afin de ne pas démoraliser ces
derniers. La précaution s’avéra vaine. Au milieu de l’après-midi, la foule se
porta en masse sur les remparts pour observer les cavaliers numides caracolant
entre la porte Colline et la porte Esquiline. Au milieu d’entre eux, juché sur
un cheval d’un noir étincelant, se tenait Hannibal, reconnaissable à son
manteau de commandement. Il avait enfin réalisé son rêve : il était sous
les murailles de Rome, qu’il contemplait de son œil unique comme un vautour
scrute sa proie. Dans la nuit, l’on vit distinctement les feux s’élever de son
camp où le reste de ses troupes l’avait rejoint.
    Quand le
jour se leva, les deux armées s’étaient rangées en ordre de bataille et avaient
commencé à faire mouvement lorsqu’un violent orage de grêle éclata, les
obligeant à se mettre à l’abri. Le lendemain, le même phénomène se reproduisit
et les environs de la porte Colline furent noyés dans une brume épaisse. Dans
la ville, plusieurs immeubles s’effondrèrent, provoquant la mort de leurs
habitants cependant que leurs voisins, calfeutrés chez eux, attendaient avec
impatience la fin de ce déluge qui fit gonfler les eaux du Tibre. Quand la
pluie cessa, la foule courut sur les remparts et le cri des premiers arrivés
emplit d’effroi leurs concitoyens qui refluèrent à l’intérieur de la cité,
croyant naïvement que les Carthaginois escaladaient la muraille. Cette méprise
fut vite dissipée par des messagers chargés par le Sénat d’annoncer à tous
l’incroyable nouvelle : Hannibal avait levé son camp. Des éclaireurs
envoyés en reconnaissance confirmèrent le fait. Les troupes puniques se repliaient
en bon ordre vers le sud, en direction du Bruttium.
     
    ***
     
    Quand il
retrouva Maharbal et Magon près de Tarentum, le premier, l’air triste, lui
lança :
    — Sans
doute était-ce parce que je n’étais pas à tes côtés que tu as refusé, cette
fois-ci encore, de dîner au Capitole ?
    — Je
t’en supplie, par Melqart tout-puissant, n’aggrave pas ma douleur ! Oui,
j’ai contemplé les murailles de Rome et j’aurais peut-être pu pénétrer dans
cette ville en achetant très cher quelques complicités. C’était le seul moyen
pour moi de m’en emparer car je n’avais avec moi ni catapultes ni machines de
siège pour démolir ses remparts. Je touchais au but mais, au dernier moment, un
sinistre pressentiment m’a fait comprendre qu’il valait mieux rebrousser
chemin.
    — Tu
en dis trop peu. Quel était ce présage capable de provoquer l’épouvante chez
toi qu’on dit inaccessible à la peur ?
    — Maharbal,
tu sais qu’on me soupçonne d’impiété car, contrairement à ces maudits Romains,
je n’aime pas faire étalage de mes sentiments religieux. Je suis pourtant
sensible aux messages que nous adressent les dieux et les deux violents

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