Hannibal, Sous les remparts de Rome
indiquaient que la cité de Romulus s’apprêtait à
reprendre l’offensive. Hannibal regagna les environs de Capua avant de ravager
le territoire de Cumes et de Neapolis. Lors de cette expédition, il rencontra
sur les bords du lac d’Averne un groupe de jeunes nobles tarentins faits
prisonniers par lui à Cannae et dont il avait ordonné la libération. Parmi eux,
se trouvaient des parents de sa compagne Hélène qui demandèrent à s’entretenir
avec elle en sa présence. Sans doute désireux de s’attirer les faveurs du chef
punique, ils affirmèrent être en mesure de lui livrer leur ville si son armée
se présentait sous ses murailles. Le fils d’Hamilcar les prit au mot mais,
parvenu à proximité de Tarentum, il constata que sa garnison avait été
renforcée par les troupes de Marcus Valérius Laevinius venues de Brundisium et
qu’un siège se solderait par un échec. Le soir, il eut un entretien orageux
avec sa maîtresse :
— Ainsi,
voilà la manière dont m’accueillent tes compatriotes. Je les croyais pourtant
avides de recouvrer leur liberté. Je constate que la simple présence de
quelques centaines de légionnaires suffit à les rendre doux comme des agneaux.
— Je
comprends ta déception, Hannibal, mais il doit s’agir d’un malentendu. Si tu le
permets, je pénétrerai de nuit dans la ville et je suis sûre de pouvoir
provoquer une émeute populaire qui obligera les Romains à se réfugier dans la
citadelle où il te sera facile d’obtenir leur capitulation.
— Je
t’interdis de courir ce risque. Je n’ai pas envie de te perdre. Par contre, à
l’avenir, je me garderai bien d’écouter tes conseils. Tu n’es pas faite pour
t’occuper de politique ou d’affaires militaires. Contente-toi donc d’égayer mes
soirées par ton babillage plutôt que de m’importuner avec tes plans
fantaisistes.
— Je
ne sache pas que tu tiennes pareils discours à Imilcé !
— Un
mot de plus et je te chasse sans pitié de mon camp. Sache que je te fais
défense de prononcer le nom de mon épouse bien-aimée !
Fort
heureusement pour les Carthaginois, leur échec devant Tarentum fut compensé par
la prise de Syracuse dont Hippokratès et Épikydès, en distribuant force sommes
d’argent, parvinrent à se faire élire magistrats à l’issue d’un scrutin ponctué
de nombreuses irrégularités. Retenu à Lilybée, Appius Claudius Pulcher n’avait
rien pu faire et attendit l’arrivée du nouveau consul, Marcus Claudius
Marcellus, pour mettre le siège devant la cité rebelle, dont les défenses
étaient réputées imprenables. Du côté de la terre, la ville, très étendue,
surmontée par le plateau des Epipoles, était protégée par une enceinte
puissamment fortifiée dont les boulets lancés par les catapultes ne parvenaient
pas à entamer les lourds blocs de pierre. L’Achradine, la ville basse, était
entourée de remparts non moins solides, faisant face à l’île d’Ortygie, qui
protégeait le grand et le petit ports. Les Syracusains, toutefois, étaient
persuadés que leur meilleur défenseur était un vieillard, parent de Hiéron,
Archimède, géomètre de son état et promu ingénieur en chef de la ville. Il
vivait dans une vaste maison située près de la tour Galéagre et consacrait ses
journées à mettre au point des machines de guerre qui semaient l’effroi dans
les rangs de l’ennemi.
Marcus
Claudius Marcellus ne tarda pas à l’apprendre à ses dépens. Il avait fait venir
de Lilybée et de Rhégium de nombreux navires qui mouillèrent dans la baie.
Convaincu de son invincibilité, il fit attacher deux par deux les bateaux,
bâtissant sur une plate-forme improvisée d’immenses tours, où prenaient place
les vélites, les lanceurs de javelots, qui se trouvaient de la sorte à hauteur
des défenseurs de la muraille qu’ils pouvaient cribler de leurs traits
meurtriers. C’était du moins ce qu’imaginait le consul. Il déchanta rapidement
car Archimède disposa sur les courtines des balistes et des catapultes dont les
projectiles coulèrent les embarcations adverses. Il crut avoir trouvé la parade
en attachant ensemble huit navires sur le pont desquels il édifia une
gigantesque échelle protégée par plusieurs rangées de boucliers rectangulaires.
Ce monstre marin s’approcha dangereusement de la muraille de l’Achradine et les
légionnaires s’apprêtaient à bondir sur le chemin de ronde lorsqu’une machine,
jusque-là dissimulée par une lourde
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