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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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qui emplissaient
l’air d’odeurs sucrées. A la fin du repas, Imilcé quitta son lit de repos pour
saluer personnellement chacun des convives et lui remettre, à l’intention de
son épouse, un coffret finement ciselé débordant de bijoux provenant du pillage
des propriétés des sénateurs romains en Campanie et en Lucanie. Puis, regagnant
sa place, elle s’adressa à ses invités :
    — Mes
chers amis, je sais que bon nombre d’entre vous ont approuvé le discours de
Hannon le grand à propos des revendications du jeune souverain syracusain. Vous
les estimez exorbitantes et vous vous proposez de les repousser en croyant agir
pour le bien de Carthage. C’est là un piège que nous tend ce maudit Hannon car
il sait qu’Hannibal a besoin de conclure ce traité avec Hiéronymos pour porter
un coup fatal à l’arrogance de Rome. La perte de la Sicile privera la cité de
Romulus de son approvisionnement en blé et l’obligera à capituler quand sa
population sera réduite à se nourrir de l’herbe poussant entre les dalles du
Forum. Pensez-vous un seul instant que les autres villes de la grande île
accepteront d’échanger le joug romain pour la férule des Syracusains ?
Panormos [48] et Acragas ne le toléreront jamais et feront appel à notre arbitrage pour
ramener à la raison ce jeune fou de Hiéronymos et nous leur donnerons
satisfaction. Pour l’heure, ce qui compte, c’est de l’amener à dénoncer son
alliance avec Rome et il ne nous coûte rien de lui faire des promesses que nous
ne pourrons pas tenir. Aussi, je vous en supplie au nom de mon époux, feignez
d’accéder à cette requête.
    — Imilcé,
dit Itherbaal, nous suivrons ton conseil mais je doute fort que le peuple
apprécie notre attitude et Hannon saura exploiter son ressentiment.
    — Vous
parlez du peuple mais vous ignorez tout de ses sentiments car vous refusez de
vous mêler à lui en dehors des périodes d’élections. Moi, je le connais bien
car je me promène souvent dans les rues de Carthage, à pied, et non pas dans
une somptueuse litière précédée d’esclaves chassant devant elle les passants.
Les artisans et les portefaix s’adressent à moi amicalement pour me faire part
de leurs soucis et de leurs préoccupations. Par de menus dons, j’essaie de
soulager les misères des plus démunis et, à leur contact, j’ai compris une
chose : ces êtres frustes, que vous méprisez tout en affectant de parler
en leur nom, ont une seule consolation dans leur morne existence : celle
de savoir que leurs pères, leurs fils ou leurs frères combattent aux côtés de
mon mari et contribuent de la sorte à la gloire de notre cité. Si l’on vous
reproche votre vote, répondez que vous avez agi à ma demande et soyez sûrs que
cela fera taire toutes les critiques.
    — Qu’avons-nous
à nous préoccuper de la Sicile ? fit Bomilcar, un sénateur aux opinions si
fluctuantes qu’Imilcé se demanda pourquoi Itherbaal s’obstinait à le compter au
nombre de ses amis.
    — Je
ne croyais pas avoir invité à ce banquet Hannon le grand, dit-elle, en
suscitant l’hilarité des autres convives. Sans doute ton mépris de la grande
île vient de ce que les possessions de tes ancêtres se trouvent en Sardaigne.
    — C’est
vrai et l’échec de notre récente expédition là-bas devrait nous inciter à la
plus grande prudence.
    — Puisque
le vin glacé ne t’a pas rafraîchi la mémoire, permets-moi de le faire à sa
place. Qui a recommandé à notre Sénat d’envoyer à Carales [49] un corps
expéditionnaire commandé par Hasdrubal le chauve et Hannon, fils de
Myrkan ? Toi ! Tu as prétendu être en relations avec un Sarde de mère
punique, un dénommé Hampsicoras, qui affirmait pouvoir soulever, d’un simple
mot de sa part, des milliers de ses compatriotes gémissant sous le poids des
impôts prélevés par Rome. Pour achever de convaincre tes collègues, tu as
soutenu qu’un nouveau préteur, totalement inexpérimenté, Quintus Mucius
Scaevola, devait prendre le commandement des légions stationnées en Sardaigne
et que notre armée, appuyée par ses alliés locaux, n’en ferait qu’une bouchée.
Malheureusement, ce n’est pas ce jouvenceau qui a débarqué mais le vieux Titus
Manlius Torquatus, l’un des chefs romains les plus compétents. Il a écrasé nos
troupes et fait prisonniers Hasdrubal le chauve et Hannon ainsi que des
milliers de nos soldats. Et c’est toi qui viens nous donner des conseils !
Sors de

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