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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tribu indienne qui l’avait condamné à mort et jeté au fleuve, ce dont apparemment il ne lui gardait pas rancune. Il fallait qu’il fût très ému…
    — Ils feront la fête encore demain. J’ai dit à Moïse de leur distribuer un peu de tafia après l’enterrement.
    Puis, changeant de ton :
    — … Je crois qu’il va falloir que tu t’occupes seul de l’hôpital. Finnegan est parti.
    — Pongo savoir. Lui très malheureux. Grande douleur d’amour pour fille aux cheveux de lune. Elle pas aimer lui, aimer toi…
    — Comment le sais-tu ? Il te l’a dit ?
    — Non, mais Pongo avoir yeux pour voir. Et puis Finnegan parler tout seul tout à l’heure en sellant cheval. Pas te tourmenter. Lui revenir !
    — Je ne crois pas. Il ne reviendra pas.
    — Si. Lui bon médecin et bon médecin jamais abandonner malades.
    Gilles haussa les épaules.
    — L’hôpital est presque vide en ce moment. Tu peux parfaitement t’en charger.
    — Malade plus important pas à l’hôpital.
    — Que veux-tu dire ?
    — Toi malade ! Malade mauvais amour et grands malheurs peuvent venir de mauvais amour. Homme-médecine le savoir. C’est pourquoi Pongo dire : lui revenir.
    Mais le lendemain s’écoula sans que Finnegan reparaisse. Les funérailles de Celina furent une belle chose dont on parla longtemps dans la région. Afin de ne pas aggraver son cas vis-à-vis de l’Église autant que pour la satisfaction de ses propres convictions, Gilles avait fait chercher l’abbé Le Goff qui servait plus ou moins de curé à Port-Margot et qui desservait aussi la petite chapelle du Limbé. Dès son arrivée, il lui avait fait un don généreux, y avait ajouté un solide mulet qui permettait au bonhomme de se déplacer facilement et de venir, justement, assurer le service de la chapelle, ce qui en faisait en quelque sorte l’aumônier de la plantation.
    L’abbé Le Goff était sourd comme un pot mais il n’en remplissait pas moins ses devoirs sacerdotaux avec une grande exactitude, du moins quand la goutte, cette calamité des gros mangeurs et des grands buveurs, le laissait tranquille. C’était un homme déjà âgé, une vocation tardive car il avait beaucoup bourlingué sur les mers et dans les îles, piratant même quelque peu, avant d’être touché par une grâce divine qui lui assurait une vieillesse paisible et assez confortable. C’était aussi un homme aimable mais tellement ami de sa tranquillité qu’il était bien inutile d’essayer d’obtenir son aide contre ses confrères du Cap-Français. D’ailleurs, il n’aurait certainement rien entendu…
    La défunte « mamaloï » n’étant que baptisée, l’abbé se contenta de bénir le corps, de l’encenser puis retourna à ses occupations, un peu plus riche d’une pièce d’or, laissant les funérailles se dérouler comme l’entendraient les gens de la plantation. Et ce fut au milieu des chants et des danses que Celina fut portée en terre, le visage toujours découvert, par quatre solides Noirs, suivie de Gilles, des siens et de tous les esclaves auxquels s’étaient joints d’ailleurs de parfaits inconnus, des fidèles sans doute si l’on s’en tenait aux larmes abondantes qu’ils versaient et à l’ardeur avec laquelle ils chantaient.
    Toute la nuit, comme ils avaient veillé le corps, les Noirs veillèrent la tombe en buvant du tafia et en mangeant puis, au matin, chacun retourna à son travail.
    Cette journée-là, qui était la troisième du délai accordé par frère Ignace, parut à Gilles aussi pénible qu’interminable. Finnegan n’avait pas reparu et l’espoir de le voir jamais revenir s’amenuisait d’heure en heure. Judith, muette, murée dans un silence désapprobateur, vaquait à ses devoirs de maîtresse de maison, enseignant à la grosse Coralie ce qu’elle pouvait encore ignorer et mettant, avec ses servantes, de l’ordre dans ses armoires à linge. Aux repas, elle n’adressait pas la parole à son époux et, s’il arrivait à celui-ci de lui parler, elle ne répondait pas, le laissant admirer la grâce tranquille de ses gestes sans laisser supposer, même une seconde, qu’elle s’apercevait de sa présence.
    Ainsi qu’elle l’avait décidé, Gérald de La Vallée était reparti seul, soulagé peut-être secrètement de n’être point mêlé à ce qui allait se passer à « Haute-Savane », mais non sans avoir vivement conseillé à Gilles d’user de toutes les ressources de la diplomatie avant de

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