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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pouvoir ramener sur le tapis le sujet des dettes de guerre puisque Washington ne semblait pas disposé à en parler.
    Son visage était demeuré d’une parfaite impassibilité durant tout le temps de sa lecture et, celle-ci achevée, il n’avait fait aucun commentaire.
    On amena deux très beaux chevaux dont la tenue faisait grand honneur à l’élevage de Mount Vernon et les deux hommes partirent au petit trot dans le joyeux soleil, déjà chaud, et contre les ardeurs éventuelles duquel le général avait glissé, dans ses fontes, une grande ombrelle.
    Remettant à plus tard la visite des écuries, Washington emmena d’abord son hôte admirer les pâturages où s’ébattaient quelques-uns de ses produits. Mais ce dont il était peut-être le plus fier c’était un trio d’ânes, un mâle et deux femelles, qui occupaient à eux trois l’un des plus beaux endroits de l’élevage.
    — Ces trois animaux, expliqua le gentilhomme virginien, sont des cadeaux de notre cher marquis de La Fayette. Je lui avais demandé de m’en envoyer afin de pouvoir faire des mulets qui sont des animaux de trait des plus intéressants. Nous n’en avons pas en Amérique. Les premiers produits doivent naître bientôt et j’en attends beaucoup car cet âne est sans doute le plus beau que j’aie jamais vu. Il est de race maltaise ; aussi, ajouta-t-il sans rire, l’avons-nous baptisé le chevalier de Malte.
    — Superbe ! fit Gilles qui se demandait intérieurement comment le bailli de Suffren, par exemple, ou les autres serviteurs de la Religion prendraient le parrainage s’il leur arrivait de s’aventurer à Mount Vernon.
    Après les chevaux et les ânes, Washington dirigea son compagnon vers celles de ses terres qui longeaient le Potomac et arrêta son cheval sur une éminence d’où l’on dominait la superbe vallée où s’étendait le grand fleuve. Là aussi, il avait quelque chose à montrer.
    — Nous allons entreprendre très prochainement ici de grands travaux afin de canaliser les eaux du Potomac et de la rivière James pour les relier à celles de l’Ohio, du Mississippi et des Grands Lacs. Il est vital, pour la vie future des États-Unis, que soient établis des moyens de communication commodes entre nos États et ceux de l’Ouest. Ceux-ci sont placés pour ainsi dire sur un pivot. Il suffit du plus petit mouvement pour les faire tourner d’un côté ou de l’autre et si les Espagnols à leur droite ou les Anglais à leur gauche venaient à rechercher leur commerce et leur alliance, nous aurions à redouter une séparation complète.
    — Ce qui ne sera pas puisque, ainsi que vous me faites l’honneur de me le dire, les travaux vont commencer, dit Gilles qui avait déjà entendu parler de cette histoire à l’ambassade américaine de Paris.
    — Ils ont déjà commencé sur la rivière James. Nous avons ouvert des souscriptions auxquelles, d’ailleurs, s’est beaucoup intéressé notre La Fayette. Il sait que les jeunes États ne sont jamais riches et il fait tous ses efforts pour nous aider de son mieux. Ainsi les pêcheurs de l’île de Nantucket lui doivent un fort intéressant marché d’huile de baleine et nous ne doutons pas ici qu’il ne continue à œuvrer de son mieux dans l’intérêt d’un pays qui lui est cher.
    Le chevalier ne répondit pas, préférant réfléchir avant de parler. Il n’aimait guère ce nouveau seau d’eau bénite adressé à l’universel La Fayette, pas plus que la petite phrase philosophique touchant les finances des jeunes États. Néanmoins, il ne pouvait pas laisser tomber cette occasion de ramener la conversation sur le chapitre des dettes américaines.
    — On ne doute nullement, à Versailles, de l’attachement porté par M. de La Fayette à l’Amérique en général et à votre personne en particulier, général. Peut-être serait-il souhaitable, seulement, que ces attachements ne se substituassent pas entièrement à ceux qu’il doit à la France et à son roi.
    — Cela ne saurait être, mon ami. Simplement, le marquis, en homme de cœur, laisse ses sentiments aller davantage vers celui des deux pays qui a le plus besoin d’aide. La France est prospère, le roi est riche…
    — Non, général, coupa Tournemine avec une douceur destinée à tempérer la netteté froide du mot, le roi n’est pas riche et, si le royaume est encore prospère, il ne saurait plus l’être très longtemps – j’entends au niveau d’un certain nombre de ses

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