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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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voulu, avec tant d’énergie, que leur pays atteignît à la liberté. Au milieu de ce panier de crabes, à quoi donc s’occupaient les Franklin, les John Adams… et les Washington ?
    — Que comptez-vous faire à présent ? demanda-t-il brusquement.
    Washington tira sa montre, y jeta un coup d’œil et sourit.
    — Rentrer dîner, mon ami. L’heure approche et je n’aime pas faire attendre Mme Washington. D’autant que nous avons très certainement d’autres invités. Le capitaine Beardsley a dû finir par arriver à Mount Vernon.
    Le général était si paisible, tout à coup, si souriant qu’un léger doute se leva dans l’esprit du chevalier. Le grand homme ne venait-il pas de lui jouer – supérieurement d’ailleurs – une aimable comédie destinée à l’empêcher d’aller voir du côté d’Annapolis si l’herbe était plus verte ? Aussi se promit-il d’écouter, de toutes ses oreilles, ce qui se dirait tout à l’heure autour de la table du dîner… Peut-être, en écoutant les hôtes du général, réussirait-il à se faire une opinion plus conforme à l’image qu’il avait gardée de cet homme qui avait été son chef. Il était impossible que le Washington de son souvenir ne soit plus qu’un paisible éleveur regardant, navré mais sans lever le petit doigt, s’effriter le grand rêve de sa vie…
    Or, bien avant que l’on en vînt à passer à table, quelque chose se produisit et fit comprendre à Tournemine que de grands événements devaient être en marche, et que le destin des États-Unis et peut-être aussi le sien propre étaient loin d’être scellés.
    Comme le général et lui revenaient tranquillement vers Mount Vernon au petit trot de leurs montures, ils aperçurent deux hommes qui se promenaient sous la colonnade de la maison. Cette vue parut émouvoir singulièrement le général. Il piqua des deux pour un bref galop, s’arrêta court au bas des marches, sauta à terre en voltige avec une légèreté que lui eût enviée plus d’un jeune lieutenant et se précipita littéralement vers l’un des deux hommes, un personnage grand et fort, presque obèse même, et qui abritait sous une large perruque blanche un visage dédaigneux dont la fermeté avait quelque chose d’agressif.
    Gilles qui l’avait imité machinalement arriva devant la maison pour entendre Washington s’exclamer :
    — Vous ? Vous ici ? Par quel étonnant hasard ? Avez-vous été rappelé ?
    — Non. Personne ne sait que j’ai quitté Londres. Je n’ai fait ce long voyage que pour vous voir et arracher votre décision car le temps presse. Mais je repars avec la marée du soir.
    Les yeux de l’inconnu froids et scrutateurs ne regardaient pas Washington tandis qu’il parlait mais s’attachaient à Tournemine avec une hostilité et une méfiance évidentes.
    — Allons dans votre cabinet ! fit-il nerveusement. Je vous l’ai dit, j’ai peu de temps et je souhaite vous parler en particulier.
    — Naturellement. Permettez seulement que je vous présente l’un de mes anciens aides de camp : le chevalier de Tournemine, celui que l’on appelait ici le « Gerfaut ».
    — Encore un de vos Français ! fit l’autre en esquissant un sourire qui ressemblait beaucoup à la grimace d’un chien prêt à mordre. J’aurais de beaucoup préféré que nous soyons entre nous.
    Gilles devint rouge brique.
    — C’est le général Washington que je suis venu visiter, monsieur. Pas vous ! Et le général est, je pense, assez grand pour me faire savoir si je suis importun. À présent, je suis prêt à me retirer si…
    — N’en faites rien ! coupa Washington qui se tourna avec sévérité vers le désagréable personnage. Je suis heureux de vous voir, mon ami, mais je souhaite que vous n’oubliiez pas que vous êtes ici chez moi et que j’ai le droit d’y recevoir qui bon me semble ! À présent, passons dans mon cabinet… si toutefois M. de Tournemine veut bien y consentir et rejoindre, en attendant, Mme Washington au salon. Emmenez notre ami, Tim ! ajouta-t-il avisant le coureur des bois qui venait tout juste d’apparaître, venant des cuisines où il était allé déposer sa chasse.
    — Qui est-ce ? demanda Gilles avec humeur en désignant du menton l’homme à la perruque blanche qui suivait Washington à l’intérieur de la maison, suivi lui-même de son compagnon de tout à l’heure qui devait être un secrétaire.
    — Voyons ! C’est John Adams ! répondit

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