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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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porc dissimulée dans une poche de l’habit et qui contenait un morceau de viande en putréfaction. Ce détail a dissuadé le coadjuteur et ce rat de frère Ignace de se pencher trop longuement sur le cadavre…
    Trop ému pour parler, Gilles se contenta de serrer avec force le bras de son ami. Le sentiment de délivrance qu’il éprouvait alors l’étouffait presque par sa violence. D’un seul coup, le sombre voile de brume qui couvrait sa maison et les siens venait de se déchirer.
    — Je pense qu’un bon repas et un présent intéressant achèveront la déroute de nos adversaires et nous concilieront définitivement le coadjuteur, soupira-t-il enfin.
    — Cela ne fait aucun doute mais dépêchons-nous de rentrer. Il faut que tu sois là pour le recevoir à sa descente de palanquin. Ce bonhomme est terriblement attaché aux formes extérieures.
    Entraînant entre eux Judith, tout à fait remise de son léger malaise, les deux hommes prirent leur course vers l’habitation, coupant à travers un champ en jachère pour arriver avant le cortège de Collin d’Agret qu’ils doublèrent juste avant qu’il ne tournât le coin de la maison.
    Un étrange spectacle les y attendait : sur la pelouse, amoureusement entretenue par Pongo et ses aides, qui faisait suite au grand bassin, une troupe de cinq ou six hommes en guenilles armés de pioches et de pelles étaient en train d’y creuser des trous. La vue de ces hommes arracha à Finnegan un cri sourd et inarticulé. Gilles vit alors que cinq de ces hommes étaient noirs mais que le sixième, incontestablement un vieillard, était blanc… et qu’une large tache de vin s’étalait sur l’une de ses joues.
    — Bon Dieu ! gémit Finnegan. Des zombis !… Qui les a amenés ici ?
    Son regard, chargé d’horreur, se tourna vers l’angle de la maison que le palanquin tournait à cet instant précis. Le coadjuteur et surtout frère Ignace ne pouvaient manquer de voir ces fantômes de chair et d’os et, parmi eux ce Blanc dont la présence allait signer l’arrêt de mort de Tournemine, la fin de « Haute-Savane »… Puis il revint se poser sur son ami.
    — Tu es perdu, dit-il, et nous avec toi. Seul celui qui conduit les zombis peut les emmener… ou encore un des damnés prêtres vaudous.
    Mais Gilles ne l’écoutait pas. Il courait déjà vers ces envahisseurs d’un nouveau genre qui, insensibles à ce qui se passait autour d’eux, continuaient, avec des gestes d’automates, leur travail de destruction. Parvenu auprès d’eux, il essaya de les entraîner, saisissant le bras maigre du vieillard à la tache de vin et manquant crier d’horreur quand le regard mort de celui-ci, semblable au regard de pierre d’une statue, se tourna vers lui sans paraître le voir. Mais avec un grognement sourd, les zombis le repoussèrent.
    Affolé, il allait peut-être frapper, essayer sa force contre ces malheureux mais une voix essoufflée se fit entendre derrière lui.
    — Écarte-toi, maître… je crois que je sais ce qu’il faut faire. Celina m’avait dit…
    C’était Désirée qui venait à la rescousse, couverte de sueur d’avoir couru à s’en briser le cœur quand depuis la terrasse sur pilotis de l’hôpital, elle avait vu ce qui se passait sur la pelouse. D’une main ferme, elle saisit la main du vieillard, murmura quelques paroles incompréhensibles puis fit un geste qui ressemblait un peu à une bénédiction. Alors, laissant tomber sa pioche, le zombi tourna vers elle son visage figé sur lequel, heureusement, retombèrent ses longs cheveux gris et, docilement, se laissa emmener vers le rideau de cactus. Les autres laissèrent aussi tomber leurs outils et suivirent.
    Le cœur cognant encore dans sa poitrine sur un rythme enragé, Gilles ferma les yeux un instant, passant sur son front trempé de sueur la manche de son habit. Pour la première fois de sa vie il avait eu peur, vraiment peur, de cette peur viscérale qui efface tout raisonnement sain et engendre la panique. Un instant même il avait cru s’évanouir… comme une femme.
    Quand il rouvrit les yeux, Désirée et ses zombis disparaissaient dans la direction des bâtiments d’exploitation et de l’hôpital, et le palanquin s’arrêtait devant le perron. Rassemblant ses forces, Gilles courut le rejoindre et arriva juste à temps pour aider le coadjuteur à en descendre.
    — Je suis rompu, lui confia celui-ci. Quelle horrible expérience, mon cher ami.
    — Nous allons essayer

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