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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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nom.
    — Qu’y a-t-il dans ce panier ?
    — Je te le dirai ensuite… si j’en ai le temps. Je veux savoir quel nom aurait porté Tikanti si je t’avais permis de l’emmener chez les Blancs. Car c’est bien pour cela que tu es venu, n’est-ce pas ?
    Tandis qu’il parlait Gilles observait le panier. Il y avait quelque chose dedans, quelque chose qui vivait et ce quelque chose était sans doute l’un des nombreux serpents que l’on trouvait alors dans les forêts américaines, crotales, vipères à cornes ou autres dangereux ophidiens dont la morsure tuait instantanément. En sa qualité de sorcier, Cornplanter devait pouvoir manier sans danger pour lui-même les redoutables reptiles. S’il jetait le contenu du panier vers son ennemi, celui-ci n’aurait guère la possibilité de se défendre.
    Mais s’il réussissait à gagner quelques secondes, il parviendrait peut-être à sauver sa vie, momentanément tout au moins. Décidément, son élan de fureur indignée de tout à l’heure risquait de lui coûter cher et il aurait mieux fait d’écouter les sages conseils de Tim. Mais le moyen de rester de bois devant certains spectacles ?
    Il commença à reculer peu à peu, très légèrement, tandis que d’une voix volontairement emphatique, il récitait avec lenteur :
    — Je me nomme Gilles de Tournemine, seigneur de La Hunaudaye en Pleven. Ma race est si ancienne que son origine se perd dans les étoiles. L’enfant que tu appelles Titanki aurait reçu le nom d’Olivier…
    Son regard couleur d’eau glacée plongeait dans celui de l’Indien, s’y accrochait, le fascinant quelque peu tandis que ses pieds reculaient doucement, doucement et que sa main, posée sur sa ceinture, rampait vers la garde de son couteau. Et il avait une conscience aiguë de celle de Cornplanter qui, elle, se rapprochait du crochet fermant le panier. Sur le même ton incantatoire, il enchaîna sans respirer :
    — … qui est celui que portent tous les aînés de la famille. Quant à moi, dans ce pays même, les Indiens oneida, tes frères, m’ont baptisé « le Gerfaut-implacable-qui-frappe-dans-le-brouillard » et…
    Il cherchait ce qu’il allait pouvoir dire encore mais, au lieu d’ouvrir le crochet, les mains de l’Iroquois s’étaient remises à serrer le panier comme si, tout à coup, elles avaient peur de le laisser échapper. Encore incrédule, Cornplanter demanda :
    — Tu es le fameux « Gerfaut », l’homme des coups de main dans les grandes forêts du Sud ?
    — Mais oui. Je suis flatté que cette réputation déjà vieille soit venue jusqu’à Cornplanter.
    Lentement, celui-ci reposa le panier par terre et Gilles réprima furieusement un soupir de soulagement. Puis, se relevant, l’Iroquois considéra son ennemi d’un œil devenu grave où entrait une sorte de respect.
    — Cela change l’aspect des choses, dit-il. On se débarrasse, comme d’un moustique importun, de l’insolent qui ose venir réclamer comme sien le fils du Planteur de Maïs. Mais quand cet insolent se révèle un guerrier aussi valeureux que toi, seul le combat peut trancher la question.
    — Le combat ? Songerais-tu à te mesurer à moi, roi des Chats sauvages ?
    — Vois-tu une autre solution ? Je ne peux admettre l’idée de te laisser emmener l’enfant que je considère à la fois comme un don du Grand Esprit et comme mon fils, l’enfant que j’aime. Si tu veux le prendre, il te faudra d’abord prendre ma vie. Acceptes-tu que nous nous battions ?
    Gilles s’inclina gravement.
    — Ce sera un honneur… un honneur que j’espérais car je n’imaginais pas que tu puisses, toi, le redoutable Cornplanter, te rendre sans combat à ma demande. J’accepte !
    — Tu acceptes aussi que le combat se déroule de la façon que je choisirai ?
    De nouveau Gilles s’inclina.
    — Tu es chez toi. J’accepterai donc ta loi… et les armes que tu choisiras.
    Le sourire que lui offrit l’Indien était, cette fois, franchement ironique.
    — Tu es bien généreux ! Ne crains-tu pas que je ne choisisse des armes qui te sont peu familières ?
    — Toutes les armes me sont familières.
    — Et… tous les éléments ?
    — Que veux-tu dire ?
    — Suis-moi !
    Tous deux sortirent de la case, traversèrent la cour et franchirent le portail de bois brut, se retrouvant en face de tout le village qui, avec l’infinie patience des Indiens, n’avait pas bougé attendant le résultat des palabres. De son pas

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