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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Charlotte ont accepté qu’il en soit ainsi pour vos héritiers mâles, mais ma nièce pourra bientôt venir entendre la messe à Lausanne, dans une cathédrale construite par la foi catholique et consacrée, dès 1275, par le pape Grégoire X, en présence de l’empereur Rodolphe de Habsbourg, rappela, avec un peu d’humeur, M lle  Rudmeyer.
     
    Chaque fois qu’une circonstance fortuite suscitait l’évocation de la dualité religieuse, la discussion entre Métaz et la tante de sa femme se terminait par des propos aigres-doux.
     
    Pour Guillaume, la religion se résumait à un rapport direct avec Dieu, réglé par la Bible. Cette sobriété convenait parfaitement à son goût atavique des choses simples et des situations claires. Il avait, comme ses ancêtres, la foi sereine du charbonnier. Les premiers Métaz étaient arrivés de Savoie en 1598, quand le duc Charles-Emmanuel avait commencé à persécuter les protestants. Ils avaient contribué à répandre dans le pays de Vaud la formule post tenebras lux – après les ténèbres, la lumière – qui illustrait, pour eux, la pureté évangélique de la religion réformée par rapport aux « supercheries de la papisterie ».
     
    Le mari de Charlotte était en revanche de ceux qui pensaient qu’il ne fallait ni tenter de détruire les dernières racines du catholicisme par la violence ni les extirper par des lois, mais qu’il convenait de combattre le papisme en offrant à tous le spectacle édifiant d’une vie exemplaire. Il désapprouvait ouvertement les pasteurs qui ne se retenaient pas, en chaire, d’attaquer les catholiques, comme si une infime minorité de papistes constituait une menace permanente. Brimer les catholiques revenait, pour lui, à leur donner un statut de persécutés, à conduire les meilleurs huguenots à s’apitoyer sur ces gens, voire à prendre leur défense. C’est pourquoi il n’avait pas hésité à épouser une catholique de vieille souche, persuadé depuis le premier jour qu’il conduirait sa femme, sans même l’y engager, à se convertir au protestantisme. Il ignorait que Charlotte s’accommodait parfaitement des ténèbres complaisantes de sa foi et ne souhaitait, en fait de lumière, que celle, cachée, d’un amour secret.
     
    Quelques jours plus tard, alors que M. Métaz s’extasiait à la vue d’Axel faisant, en titubant, ses premiers pas sur la terrasse, Charlotte révéla à son mari qu’elle attendait un autre enfant. Elle le savait depuis le mois d’août mais avait différé cette annonce jusqu’à la fin des vendanges. Cette fois, aucun doute n’était possible, Guillaume allait enfin être père !
     
    1 Cité par Jean Orieux dans Talleyrand ou le sphinx incompris , Flammarion, Paris, 1970.
     
    2 1766-1840. Son ouvrage en deux tomes, Mélanges philosophiques, littéraires, historiques et religieux , qui constitue une intéressante documentation, ne parut qu’en 1844.
     
    3 Souvenirs de soixante années , éditions Michel Lévy frères, Paris, 1862.
     
    4 Cinquième jour de la décade, substitut de la semaine grégorienne dans le calendrier républicain, en vigueur du 6 octobre 1793 au 9 septembre 1805.
     
    5 Le plébiscite, organisé pendant sept jours sur cette simple question : « Bonaparte sera-t-il consul à vie ? », avait donné, le 2 août 1802, les résultats suivants : votants, 3 517 259 ; oui, 3 508 885 ; non, 8 374.
     
    6 Grand froid.
     
    7 Séduire.
     
    8 Cité par Alfred Rufer (1885-1970), dans la Suisse et la Révolution française , recueil préparé par Jean-René Suratteau, professeur à l’université de Dijon, Société des études robespierristes, Paris, 1974.
     

5.
     
    L’ingérence de Bonaparte dans les affaires de la Suisse, sollicitée par les patriotes vaudois, aboutit, le 19 février 1803, à un accord, aussitôt nommé Acte de Médiation. Ce texte mit fin à la République helvétique et donna naissance à une nouvelle Confédération. Les dix-neuf cantons « confédérés entre eux conformément aux principes établis dans leurs constitutions respectives » se garantissaient réciproquement « leur constitution, leur territoire, leur liberté et leur indépendance, soit contre les puissances étrangères, soit contre l’usurpation d’un canton ou d’une faction particulière ».
     
    Par le même acte – établi au cours de nombreuses réunions par les cinquante-six délégués suisses à la consulte, ouverte le 10 décembre

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