Helvétie
à Paris, et les représentants du Premier consul – la France reconnaissait « l’Helvétie conformément constituée au présent Acte, comme puissance indépendante ». Le système fédératif, si naturel à la Suisse, étant rétabli, la Diète fédérale, « organe essentiel », installerait, chaque année, son siège dans un des six cantons directeurs : Fribourg, Berne, Soleure, Bâle, Zurich et Lucerne. Fribourg fut désigné comme siège fédéral pour l’année en cours.
La responsabilité des affaires diplomatiques et les questions militaires étant dévolues au gouvernement helvétique, chaque canton autonome devait fournir un contingent pour l’armée fédérale et lever un impôt pour financer l’administration centrale.
Le pays de Vaud, qui, depuis le 24 janvier 1798, n’était plus, sous l’appellation de département du Léman, qu’une circonscription administrative à la mode française, se vit promu au rang d’État souverain, comme les dix-huit autres cantons qui composaient, avec lui, la nouvelle Helvétie, qualifiée avec enthousiasme par Simon Blanchod de « germe exemplaire d’une Europe pacifiée ».
Dès son retour de Paris, Guillaume Métaz avait été admis comme membre de la Société économique de Vevey. Cette assemblée, constituée sur le modèle de celles qui existaient depuis 1748 à Berne et à Lausanne, s’inspirait des principes chers aux physiocrates français émules de François Quesnay 1 , le fameux auteur du Tableau économique . Considérer que toute richesse vient de la terre, prôner la liberté totale du commerce, combattre toute intervention du pouvoir dans la production et les échanges, respecter les lois économiques naturelles sans chercher à les contrarier, constituait une doctrine depuis longtemps admise par Guillaume Métaz. Le mémoire qu’il présenta, comme c’était la règle, lors de son intronisation permit aux sociétaires d’apprécier les connaissances et l’éloquence de ce vigneron, constructeur de barques, armateur, exploitant de carrières, négociant, qui se voulait maintenant industriel, profession aussi nouvelle que le mot dans le canton de Vaud !
Délégué par la Société économique, Guillaume Métaz se rendit le 14 avril à Lausanne, avec Charlotte et Martin Chantenoz, pour assister, à l’hôtel de ville, à l’installation du Grand Conseil vaudois. L’événement historique que constituait la première délibération de cette assemblée cantonale fut annoncé par un coup de canon, tiré de la terrasse de la cathédrale, auquel répondit une salve de vingt-cinq coups, lâchés par une autre pièce d’artillerie postée à Montbenon. Le premier souci des conseillers ayant été de choisir le sceau et les couleurs du nouvel État, on apprit que, sous la forme de l’écu français, le blason cantonal s’énonçait en langage héraldique : « coupé, au chef d’argent chargé des mots Liberté et Patrie aux lettres d’or bordées de sable, à la campagne de sinople ». C’est-à-dire, dans la langue accessible au commun des citoyens, horizontalement partagé en deux, la partie supérieure étant blanche et portant les mots Liberté et Patrie en lettres d’or bordées de noir ; la partie inférieure, verte.
Le Grand Conseil, exerçant pour la première fois « les droits de souveraineté, garantis par l’Acte de Médiation », adressa à Bonaparte un hommage de reconnaissance par lequel, au nom du canton de Vaud, il exaltait « la profondeur des Lumières » [sic] du Premier consul et vouait à ce dernier « des actions de grâces particulières, pour l’avoir reconnu peuple libre et souverain ».
Le Petit Conseil, détenteur dans le canton du pouvoir exécutif, ne voulut pas être en reste et, aussitôt installé, fit imprimer une proclamation destinée aux Vaudois.
« Il ne tient maintenant qu’à nous de vivre heureux et tranquilles, sous les auspices de la Constitution libérale qui vient de nous être donnée. Mais pour cela, il faut de l’union, de la concorde et de mâles vertus. À quoi servirait-il que l’indépendance de notre canton fût déclarée et extérieurement garantie ? À quoi servirait-il que les principes de la liberté et de l’égalité fussent solennellement consacrés dans notre acte constitutionnel ? À quoi servirait-il que le plus puissant génie du siècle n’eût pas dédaigné d’employer à la confection de cet acte
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