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Herge fils de Tintin

Herge fils de Tintin

Titel: Herge fils de Tintin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoit Peeters
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fondateur de la troupe, l’abbé Helsen,
était de l’avis de ceux qui l’ont côtoyé une personnalité
hors du commun. Ne fit-il pas concevoir, par exemple,
un autocar spécial, l’un des premiers construits en Belgique, pour emmener le groupe jusqu’à Sorrente ? Ses
imprudences lui valurent même d’être muté, quelques
années plus tard. Mais Georges Remi et ses compagnons
ne voyaient que le côté exaltant de ces voyages : « Nous
sortions, nous partions camper et découvrir le monde.
C’était la camaraderie, le sport et l’aventure. J’étais scout
avec passion 24 . » Pendant l’été 1922, la troupe parcourt
à pied la Suisse, les Dolomites et le Tyrol. L’année suivante, l’abbé Helsen emmène ses scouts trois semaines
dans les Pyrénées, après une brève étape à Paris. Les
longues marches en montagne ravissent le futur Hergé.« Les Pyrénées, ce fut le Tibet de ma jeunesse 25  », déclarera-t-il un jour.
    Très observateur, Georges est depuis longtemps un imitateur de talent. Mimer les attitudes de ceux qui l’entourent est une de ses distractions favorites. Mais, dans la
famille Remi, on est plutôt du genre sérieux. S’il n’y a pas
de grand miroir à la maison, c’est par principe. « Ne fais
pas le singe 26  », lui dit sa mère quand Georges se lance
dans un de ces petits numéros qu’il affectionne. C’est chez
les scouts que ses dons de mime et son humour trouvent
pour la première fois un public qui les apprécie. C’est là,
aussi, que vont se nouer deux amitiés durables, avec José
De Launoit – futur associé de l’Atelier Hergé – et Philippe Gérard – qui comptera parmi ses conseillers scénaristiques.
     
    Il n’est pas facile de se faire une idée de la personnalité
de Georges Remi en ces années d’adolescence. En dépit
des nombreuses informations collectées par les uns et par
les autres, plusieurs pièces du puzzle paraissent manquer.
    Bien qu’il soit bon élève, on a l’impression qu’aucune
matière scolaire ne l’a réellement passionné. À l’en croire,
ses professeurs ne brillaient pas par leurs connaissances :
« En ce temps-là, dans l’enseignement archiépiscopal, les
prêtres n’avaient aucune compétence particulière. Ils
enseignaient des matières pour lesquelles ils n’étaient ni
formés ni qualifiés. Je crois vraiment que la formation que
nous avons reçue à Saint-Boniface était très déficiente. »
Ils n’avaient pas la moindre flamme, et étaient pour la plupart « très bas de plafond » ; après les cours, ils jouaient au
rami en bavardant assez platement 27 . Et ce n’est pas à la
maison que le jeune garçon trouvait davantage de stimulation intellectuelle : les conversations ne volent pas bien
haut et les résultats scolaires ne suscitent guère de commentaires. C’est qu’Alexis Remi n’a pas d’autre ambition
pour Georges que de le voir entrer dans la maison
Van Roye-Waucquez. Les études secondaires sont déjà
presque une concession.
    La question des lectures d’enfance et de jeunesse a fait
couler beaucoup d’encre. La vérité est pourtant simple :
elles furent extrêmement peu nombreuses. Hergé
reconnut dans plusieurs entretiens qu’il n’avait porté
aucun intérêt aux questions intellectuelles ou artistiques
jusqu’à sa sortie du collège. Enfant, il jouait dans la rue et
ne lisait que très rarement. Il se souvenait d’un livre intitulé Roi et Paysan  – reçu lors d’une distribution des prix –,
des petites brochures de la collection « Patrie » – de
courts romans dont l’action se passait pendant la guerre
de 14 –, ainsi que de Sans Famille de Hector Malot. Et,
dans les Fables de La Fontaine, c’étaient surtout les illustrations de Benjamin Rabier qui le frappaient : « J’étais
émerveillé par la sûreté du trait, par la franchise des couleurs appliquées en aplat ; longtemps, j’ai considéré
Rabier comme un sommet dans la création artistique,
bien au-dessus de Rubens et de Rembrandt 28 . »
    Mais le livre qui le marqua le plus, il y revint souvent,
ce fut Les Trois Mousquetaires .
Je les ai lus à quinze ans, avidement. Cela, au moins, c’était
« vrai » !… Sou après sou, j’ai économisé pour acheter lasuite : Vingt ans après , que j’ai dévoré de la même manière.
Puis Le Vicomte de Bragelonne . Ah ! le chagrin de voir mourir,
sous mes yeux, le brave d’Artagnan, le noble Athos, le bon
Porthos !… Sur

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