Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
Vom Netzwerk:
tête. Des ceintures de couleurs vives suivaient leurs
déhanchements et leurs yeux brillaient comme autant de pierres
noires dans le lit d’une rivière.
    Ce
qui passait pour des hôtels, sous le nom de khans, était
encore moins attrayant que les cours à ciel ouvert infestées
de puces. On rencontra aussi des bandes de cavaliers armés
qui, par quatre fois, exigèrent un droit de passage. Mes
compagnons comptaient sur moi pour en payer plus que ma part. Bandits
de grands chemins ? Non, affirma Mohammed, simples durs à
cuire des hameaux côtoyés qui en protégeaient les
habitants contre pires qu’eux-mêmes, moyennant une dîme
régulière appelée ghafar. C’était
sans doute la vérité. Tous les gouvernements ne se
chargent-ils pas d’assurer, contre paiement des impôts,
la sécurité des honnêtes citoyens ? Ces
cavaliers armés constituaient une sorte de compromis entre
vulgaires chapardeurs et police officielle.
    Tout
en grognant contre ces ponctions répétées sur
mon escarcelle, je n’en appréciais pas moins les charmes
du pays d’Israël. Si la Palestine ne dégageait pas
la même odeur d’ancienneté que l’Égypte,
on y pouvait percevoir les échos des héros hébreux
de l’Antiquité, des saints chrétiens et des
conquérants islamiques. Les oliviers étaient aussi gros
que des tonneaux à vin, fissurés et tordus par la
marque des siècles. Quand on s’arrêtait pour
remplir nos gourdes, les accès aux sources étaient
lisses d’avoir accueilli toutes les sandales qui nous avaient
précédés. Des relents d’histoire
traînaient au pied de chaque montée. Comme en Égypte,
il y avait dans la lumière une limpidité exempte des
vapeurs d’Europe. Seul planait dans l’air ce même
goût de poussière, comme s’il avait été
respiré auparavant par des gorges trop nombreuses.
    C’est
à l’un de ces khans que le monde du médaillon, laissé provisoirement en
arrière, se rappela à mon bon souvenir. Un vieux
serviteur d’âge et de race indéterminés
vaquait aux tâches ménagères avec tant
d’effacement que nul ne lui prêtait la moindre attention
sinon pour lui demander un verre d’eau ou une autre peau de
mouton contre le froid nocturne. J’aurais eu un autre regard
pour une servante. Mais je me déshabillais simplement, à
l’approche de l’aube, avec l’espoir de pouvoir
dormir quelques heures, et j’avais posé mes précieux
séraphins sur ma couverture sans prendre garde au vieux birbe
qui, non loin de moi, poussait un balai de branchage.
    Je
remarquai tout à coup ses yeux exorbités, fixés
sur mes chérubins aux ailes déployées, et crus
tout d’abord qu’il allait, malgré son grand âge,
tenter de me les ravir.
    Mais,
à mon sursaut, il ne répondit que par un brusque recul
de consternation et de crainte. Je jetai ma chemise sur les séraphins
dont l’éclat disparut comme une lampe s’éteint.
    « Le
compas, chuchota-t-il en arabe.
    —  Quoi ?
    —  Les
doigts de Satan. Que la miséricorde d’Allah soit sur
nous. »
    Il
était évidemment fou à lier. Mais sa terreur
flagrante m’inspirait un profond malaise.
    « Ce
sont des reliques personnelles. N’en parlons plus.
    —  Mon
imam m’en a dit deux mots. Ça vient du repaire.
    —  Du
repaire ? »
    Alors
qu’ils provenaient de la Grande Pyramide.
    « D’Apophis ! »
lâcha-t-il par-dessus son épaule en s’enfuyant à
toutes jambes.
    Je
n’avais pas éprouvé un tel choc depuis que le
médaillon avait réellement fonctionné. Apophis !
Un dieu-serpent ou peut-être une déesse dont Astiza
m’avait cité le nom en me confirmant sa présence
dans les entrailles de la terre égyptienne. Je ne l’avais
pas prise au sérieux. Je suis un ami de Franklin, après
tout, un homme de l’Occident. Mais il y avait eu bel et bien quelque chose ,
au fond d’un puits fumant, que je n’avais eu aucune envie
d’aller voir de plus près, et que je pensais avoir
laissé derrière moi, là-bas, en Égypte.
    Pourtant,
ce nom, je venais de le réentendre… Par le mufle
d’Anubis, j’avais eu ma bonne part de dieux des deux
sexes plus étranges, plus étrangers les uns que les
autres à ma propre culture ! Qui avaient maculé
mon existence comme des invités indésirables souillent
votre parquet avec leurs semelles boueuses. Et voilà qu’un
vieux serviteur plus ou moins sénile me rappelait ce nom. Cela
ne signifiait probablement rien. Mais la coïncidence était
inquiétante.
    Je
me

Weitere Kostenlose Bücher