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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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comme partout, pour que cette
porte s’ouvre, et je la franchis en proie à cette
curieuse excitation qui marque le départ pour une nouvelle
aventure.
    Après
tout, j’avais survécu, en Égypte, à huit
variétés d’enfer, reconstitué ma cagnotte,
grâce au jeu, et j’étais chargé d’une
mission qui ressemblait à un travail authentique, toute
velléité d’une carrière paisible oubliée
jusqu’à nouvel ordre. Ce Livre de Thot, dont le contenu
ésotérique pouvait conduire, prétendaient les
croyants, à la sagesse scientifique comme à la vie
éternelle, n’existait sans doute plus, s’il avait
jamais existé, mais ne m’insufflait pas moins l’ardeur
irrésistible de toute chasse au trésor. Et, malgré
mes instincts génésiques, je désirais toujours
Astiza. Il me tardait d’apprendre, par le truchement des
confédérés de Sir Sidney à Jérusalem,
ce qu’il était advenu d’elle.
    La
porte franchie, je m’arrêtai court.
    « Qu’est-ce
que tu fabriques, Mohammed ? »
    Il
était tombé ventre à terre, comme évanoui.
Mais non, il gisait simplement sur le sol, à la manière
d’un chien qui vient de trouver le vieux tapis, devant la
cheminée. Nul ne sait se relaxer comme un Ottoman, tous les os
ramollis, tous les muscles liquéfiés comme neige au
soleil.
    « Des
bandes de Bédouins barrent la route de Jérusalem,
effendi. Ils détrousseront tout pèlerin désarmé.
Ce serait folie de continuer seuls. »
    La
voix montait, paisible, du fond de la pénombre.
    « Plus
tard dans la journée, mon cousin Abdul mène une
caravane de chameaux. Nous le rejoindrons pour plus de sécurité.
Ainsi, avec son aide et celle d'Allah, nous conduirons notre
Américain à bon port.
    —  Mais
notre intention de partir de bonne heure ?
    —  Tu
m’as payé, et nous sommes partis. »
    Inutile
d’insister, il dormait déjà. Nous n’étions
qu’au milieu de la nuit, bon sang ! et pas à plus
de cinquante mètres en dehors de Jaffa. Mais je n’avais
aucune idée de la route à suivre, et il avait
certainement raison. La Palestine avait la réputation d’être
infestée de brigands, de seigneurs de guerre agressifs, de
pillards du désert et de Bédouins assassins. Je me
résignai à me ronger les ongles pendant plus de trois
heures, appréhendant toujours le retour des matelots, jusqu’à
ce que finalement le cousin Abdul apparût avec ses chameaux,
bien avant le lever du soleil. Mohammed fit les présentations,
Abdul me prêta un pistolet turc et je casquai cinq bons
shillings anglais de plus pour mon escorte additionnelle, ainsi qu’un
dernier shilling pour le picotin de mon âne. Je n’étais
pas en Palestine depuis vingt-quatre heures, et déjà
mon escarcelle s’allégeait de minute en minute.
    On
prépara du thé. L’aube pointa enfin, les étoiles
pâlirent et la caravane se mit en branle, à travers les
orangeraies. Au bout de deux kilomètres, on progressa entre
blé et coton sur une route bordée de palmiers dattiers.
Les fermes à toit de chaume dormaient encore, leurs chiens
aboyant pour signaler le passage des clochettes de nos chameaux et le
craquement du cuir de nos selles. Puis le ciel s’éclaircit,
un premier coq chanta quelque part alors que se précisaient
les contours des collines où s’étaient passés
tant d’épisodes bibliques. Dépouillés pour
produire le charbon de bois et les cendres indispensables à la
fabrication du savon, les arbres se dressaient à nu et
pourtant, après la sécheresse du désert
égyptien, la plaine côtière paraissait aussi
fertile et luxuriante que les vertes prairies du pays amish en
Pennsylvanie. C’était vraiment la Terre promise.
    Cette
Terre sainte, m’apprit mon guide, faisait partie de la Syrie,
province de l’Empire ottoman, et sa capitale, Damas, était
sous le contrôle de la Sublime Porte, depuis Constantinople.
Mais tout comme l’Égypte avait été sous le
contrôle des mamelouks indépendants, jusqu’à
ce que Bonaparte les en expulse, la Palestine était sous celui
de Djezzar, un ex-mamelouk né en Bosnie qui la gouvernait
depuis un quart de siècle, de son quartier général
d’Acre, avec une cruauté d’autant plus ostensible
qu’il avait dû, pour régner, mater une révolution
de ses propres troupes mercenaires. Plutôt que de supporter les
médisances, au sujet de ses infidélités, Djezzar
avait fait étrangler plusieurs de ses épouses, frapper
durement ses conseillers les plus proches afin de leur

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