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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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rappeler qui
était le maître, et noyer ceux de ses généraux
et de ses capitaines qui n’avaient plus l’heur de lui
plaire.
    Autant
de décisions indispensables, d’après Mohammed. La
province se répartissait en trop de groupes ethniques et
religieux, tous d’accord entre eux comme calvinistes au
Vatican. L’invasion de l’Égypte avait lancé
un nombre encore plus imposant de réfugiés vers la
Terre sainte, avec à leur tête les mamelouks fugitifs
d’Ibrahim Bey. Suivis par de frais afflux d’Ottomans
comptant sur une autre invasion française, l’or et les
promesses d’aide navale des Britanniques ajoutant encore à
la confusion. Une moitié de la population espionnait l’autre
moitié et chaque clan, secte ou culte pesait ses chances de
survie, entre Djezzar-le-Boucher et les Français invincibles,
du moins jusque-là. Les nouvelles des étonnantes
victoires de Napoléon en Égypte, dont cette ultime
répression d’une révolte, dans la ville du Caire,
avaient ébranlé tout l’Empire ottoman.
    Je
savais, aussi, que Napoléon espérait toujours conclure
une alliance avec Tippoo Sahib, le sultan francophile qui s’opposait
en Inde à Wellesley et aux Britanniques. Ambitieux à
l’extrême, Napoléon organisait actuellement un
corps de chameliers qui, espérait-il, pourrait bientôt
traverser les déserts de l’est plus efficacement
qu’Alexandre ne l’avait fait. Ce Corse de trente ans
voulait damer le pion aux Grecs en galopant jusqu’à la
frontière d’Inde méridionale afin d’y
opérer sa jonction avec le citoyen Tippoo et priver
l’Angleterre de sa plus riche colonie.
    D’après
Smith, je pouvais apporter ma contribution aux contre-mesures à
prendre.
    J’y
réfléchissais en trottant auprès de Mohammed,
beaucoup trop grand pour mon âne dont le dos s’incurvait
comme une branche de noyer d’Amérique.
    « Mohammed,
ta Palestine me fait l’effet d’un nid de rats tous plus
sûrs d’avoir raison les uns que les autres. Il y a autant
de factions politiques et religieuses, ici, que dans un conseil
municipal du New Hampshire.
    Tous
ces hommes sont des saints, effendi, et rien n’est plus
irritant qu’un voisin aussi saint que toi, mais de foi
différente. »
    Amen ! Car
admettre qu’un autre homme puisse avoir raison, c’est
admettre, subsidiairement, qu’on puisse avoir tort, et la
moitié des grandes effusions de sang viennent de là.
Français et Anglais en sont un exemple : toujours prêts
à se battre afin de prouver qui sont les plus démocratiques,
les républicains français avec leur guillotine ou les
parlementaires britanniques avec leur prison pour dettes. Naguère,
à Paris, quand je n’avais d’autres soucis que les
cartes, les femmes et quelque alliance de principe, je ne me
souvenais pas d’avoir jamais été réellement
choqué par la conduite de quelqu’un d’autre ou
inversement. Puis il y avait eu ce médaillon, la campagne
d’Égypte, Astiza, Napoléon, Sidney Smith et je me
retrouvais en Palestine, à stimuler l’avance de ma
piètre monture vers la capitale mondiale de tous les
désaccords. Je me demandais, pour la millième fois,
comment j’avais pu en arriver là.
    À
cause de notre retard et du train modéré de la
caravane, il nous fallut trois jours pour rallier Jérusalem.
Arrivée crépusculaire, au soir du troisième,
après un trajet ennuyeux sur un entrelacs de routes sinueuses
qui, visiblement, n’avaient pas été réparées
depuis Ponce Pilate. Et qui dans cette dernière étape
s’étaient transformées en sentiers de
chèvres dignes des Appalaches. On grimpa la vallée du
Bab-el-Oued entre pins et genévriers, dans l’herbe brune
de l’automne. L’air y était de plus en plus frais
et sec. On progressait en spirale, autour de la colline, parmi les
pets et les braiements des ânes, l’écume semée
par les chameaux, les altercations de conducteurs de chars à
bœufs tombés nez à nez entre montée et
descente. On croisait ou dépassait des moines en robe de bure,
des missionnaires arméniens en soutane, des juifs orthodoxes
aux cheveux aussi longs que la barbe, des marchands syriens, deux ou
trois courtiers en coton français expatriés, et
d’innombrables musulmans enturbannés, porteurs de longs
bâtons. Des Bédouins poussaient dans la descente de
maigres troupeaux de moutons ou de chèvres, et des filles
promenaient sur les bas-côtés leurs ondulations
alléchantes, jarre d’argile bien en équilibre sur
la

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