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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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que je ne pouvais me permettre.
    Il
exprima sa gratitude en termes poétiques :
    « Le
sourire d’Allah te récompensera de ta générosité.
    —  Puisse-t-il
également veiller sur toi », répondis-je, en
cachant difficilement mon irritation.
    Un
dernier souhait qui se révélerait inopérant,
dans un avenir proche.

4
    C ’est
en redescendant de là-haut, toujours à dos d’âne,
par le mauvais chemin de cailloux et de terre, puis en traversant le
pont de bois qui me ramenait au noir battant métallique de la
porte de Jaffa, que je pus constater à quel point Jérusalem
n’était que ruines sur une bonne moitié de sa
superficie.
    Avant
de me laisser ressortir, un subashi s’assura que je ne portais aucune des armes interdites dans
toutes les cités ottomanes. Il me laissa ma misérable
dague. Mes habits indigènes ne l’ayant pas abusé,
toutefois, il remarqua, non sans une pointe de sarcasme :
    « Je
pensais que les Francs voyageaient mieux armés.
    —  Mais
pas un simple pèlerin. »
    Son
regard exprimait un net scepticisme.
    « Fais
en sorte de le rester ! »
    Je
revendis mon âne, au premier marché, le prix que je
l’avais payé  – quelques pièces
récupérées, enfin  – et tâchai
de m’orienter. On entrait à Jérusalem beaucoup
plus qu’on n’en sortait, marchands, caravanes et pèlerins
d’une douzaine de sectes criaient leur gratitude en pénétrant
dans l’enceinte sacrée. Mais l’autorité
ottomane avait beaucoup décliné, depuis deux siècles,
et les gouverneurs sans pouvoir face aux raids des Bédouins,
les extorsions fiscales répétées et les
rivalités religieuses avaient rendu la prospérité
de la ville aussi atrophiée qu’un épi de maïs
semé dans la pierraille. Les nombreux étals qui
s’alignaient dans les rues à moitié vides ne
faisaient que souligner davantage les réalités
historiques. Sous le regard des tours cédées aux
oiseaux, Jérusalem baignait dans une sorte de léthargie.
    Mohammed,
mon guide, m’avait expliqué que le terrain se divisait
en quartiers réservés aux musulmans, aux chrétiens,
aux Arméniens et aux juifs. Suivant, tant bien que mal, les
méandres des ruelles, je piquai sur le secteur nord-ouest
aggloméré autour de l’église du
Saint-Sépulcre et du quartier général des
franciscains. L’itinéraire était assez dépeuplé
pour que les poulets errants se dispersent sur mon passage. La
plupart des maisons paraissaient abandonnées. Construites en
vieilles pierres de production locale, les rares bâtisses
occupées alternaient avec des sortes de celliers en bois,
sommairement bricolés, et d’étranges terrasses
saillant comme autant de furoncles sur la peau relâchée
d’une aïeule. Ici comme en Égypte, toute illusion
d’un Orient somptueux était rapidement exclue.
    Grâce
aux vagues directives reçues de Smith et aux renseignements
recueillis en chemin, je parvins devant une maison d’un étage,
bien entretenue, sans ornements de façade, à la mode
arabe, que fermait une ancienne porte de charrette en bois massif,
ornée d’un fer à cheval. Il y avait sur la droite
une autre petite porte, et je sentais, du dehors, le parfum du
charbon de bois de la forge du nommé Jéricho. Je cognai
à la petite porte d’entrée, attendis un instant
et récidivai jusqu’à ce qu’un petit judas
s’ouvrît à hauteur de regard.
    Les
yeux apparus étaient féminins, première surprise
pour moi qui m’étais habitué, au Caire, à
de robustes portiers musulmans chargés de tenir les épouses
à l’écart. Qui plus est, les pupilles étaient
d’un gris clair presque diaphane, rarissime en Orient.
    Fidèle
aux instructions de Smith, j’amorçai en anglais :
    « Je
m’appelle Ethan Gage, porteur de la lettre d’introduction
d’un capitaine britannique à l’adresse de Jéricho.
Je suis là pour… »
    Le
judas se referma. Je commençais à me demander si
j’avais bien frappé à la bonne porte quand elle
s’ouvrit enfin. Personne en vue, juste derrière.
J’entrai prudemment dans ce qui ne pouvait être, en
effet, que la cour atelier d’un travailleur du fer, aux pavés
souillés de suie. J’apercevais la forge, au fond d’une
remise couverte aux parois garnies d’outils et d’accessoires.
À gauche de la cour, se dressait un comptoir de vente
d’ustensiles terminés, à droite une réserve
de métal et de charbon de bois. Les appartements étaient
au-dessus, accessibles par un escalier aux marches nues

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