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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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de petit esprit, se dédommage et se lâche aux dehors par les fureurs cupides, les trafics illicites, spécialement de la chair humaine.
    3 o L'Espagne, ainsi livrée à la brutalité anglaise,l'Espagne, vendue par Dubois, va être apparemment l'implacable ennemie de la France? Qu'espérer désormais de cette cour aigrie, ulcérée?
    Ce fut tout le contraire. Étonnante lâcheté. Battue, elle devint bonne et douce, jeta tout sur Alberoni. Le roi, la reine, le chargèrent à l'envi, s'excusant bassement comme des écoliers.
    Ils dirent aux Anglais, aux Français, qu'il les avait séduits, leur avait fait faire trois péchés : l'emploi de la sainte cruzada contre des princes catholiques, l'Empereur attaqué pendant sa guerre des Turcs, et enfin la défense de demander au pape des bulles pour la nomination aux bénéfices.
    Ce qui irrita beaucoup plus Alberoni que ces sottises, c'est qu'ils lui reprochaient leurs fautes, comme l'obstination de la reine aheurtée à son Italie, à sa Sicile, où elle noya la marine espagnole, contre l'avis d'Alberoni, qui subordonnait tout à la grande affaire d'Angleterre.
    Autre point, un peu ridicule. On sut qu'aux trois péchés il s'en joignait un quatrième. On sut ce que cachait ce royal sanctuaire de dévotion, cette chambre renfermée et obscure, si bien gardée par la nourrice. L'odeur en est dans Saint-Simon, qui tire par respect le rideau. La vie que les princes italiens, les Médicis et les Farnèse étalaient si naïvement, la Farnésine de Madrid, avec plus de décence, en faisait un moyen de gouvernement intime. On a vu qu'à la guerre de 1719, elle prit l'habit leste de petit officier. Gracieuse, mais déjà amaigrie, n'ayant plus l'embonpoint qui la fit épouser, et de plus marquée, couturée,le visage perdu, elle suppléa sans scrupule par l'excès de la complaisance.
    Alberoni avait ces burlesques secrets. Il avait su, et vu peut-être. La cour d'Espagne eût bien voulu le retenir; elle n'osa arrêter un cardinal. D'autre part, elle frémissait de le voir passer en France. Le Régent dont elle avait tant attaqué, conspué les mœurs, ne prendrait-il pas sa revanche? Ayant en main ce dangereux témoin, n'amuserait-il pas ses roués, tout Paris, aux dépens de Leurs Majestés? On le craignait horriblement. On se crut tout permis pour sauver l'honneur monarchique, cette suprême religion, la royauté. Avant qu'Alberoni eût atteint la frontière, une bande (selon lui envoyée de Madrid) lui barra le chemin pour le tuer. Mais il avait du monde, il fut brave, chassa ces coquins. Sauvé en France, il remercia Dieu de se trouver enfin «dans un pays chrétien.» Un envoyé du Régent, le chevalier Marcien, le reçut et le conduisit avec égard et politesse. Le proscrit déchargea son cœur. Il dit ce qu'il savait de ce plaisant contraste, une si sombre cour de vie si relâchée.
    Cette cour, désolée d'apprendre qu'il n'était pas tué, demandait qu'il lui fût livré. Le Régent refusa. Autant en fit la république de Gênes. En Suisse, à Lugano, nouvelle tentative d'enlèvement ou d'assassinat. Les rois ont les bras longs. Il se le tint pour dit. Pendant plusieurs années, sous la protection de l'Empereur, il se tint si caché qu'on ne put plus le découvrir.
    Le roi, la reine, pour arranger ensemble le fantasque plaisir et le santissimo, avaient besoin d'unexcellent Jésuite. Leur confesseur, le bon P. Daubenton, était un vieillard grassouillet, qui semblait avoir engraissé de toutes ces petites ordures qu'en sa longue carrière il avait enterrées d'indulgence et d'oubli. C'était un sot, mais non pas sans adresse à son métier de confesseur, pour garder dans sa connivence quelque attitude décente. La Trinité, pour lui, avait quatre personnes; la quatrième, pour qui il eût fait bon marché des autres, était sa Société. Dès 1719, Dubois l'acheta par la promesse qu'à la première occasion il rendrait aux Jésuites le confessionnal du roi, leur livrerait le petit Louis XV. L'occasion future, alors bien peu probable, était que la cour de Madrid, si ennemie du Palais-Royal, se laisserait gagner elle-même par l'espoir de donner à la France une reine espagnole, une nouvelle Anne d'Autriche, l'espoir d'être appuyée dans son grand rêve d'Italie, en épousant, subissant (chose dure) deux filles de ce Régent, «l'impie et le roué, le parricide empoisonneur.»
    En 1719, et encore en 1720, la reine accueillait, caressait tous les ennemis du Régent. Elle

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