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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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et du nouvel esprit.
    Tout fut conçu à un souper qui (chose bien significative) eut lieu dans la maison natale et patrimoniale des Orléans, au palais de Saint-Cloud. Ce palais, alors si petit, logeait l'été toute la famille, Madame, mère du Régent, sa femme, souvent sa fille. Elles reçurent Stanhope et le traitèrent. Cette fraternisation solide et qui semblait définitive se fit à la table de famille. On se sentit dès lors bien ferme contre les mouvements de Sceaux, du Parlement. On avait la sécurité d'un joueur qui s'amuse et tient les cartes encore, mais qui déjà a gagné la partie. Et quelle partie? la grande, celle de la couronne; on la voyait si près! on croyait la toucher. Vive joie, moins pour le Régent (fort désintéressé) que pour les trois princesses, pour l'orgueil impérial de sa mère, pour l'ambition profonde, souffrante, de sa femme, et bien plus pour la folle ivresse de la duchesse de Berry. Elle crut Orléans déjà roi, et (comme un fait de cette date le prouve trop malheureusement) elle perdait tout à fait l'esprit.
    Nous reviendrons là-dessus. Remarquons seulement que ni l'excès du vice, ni la bonne fortune n'endurcissait le Régent. Il eut, à ce moment (peut-être attendri du bonheur), un rare mouvement de bonté. Il eut pitié de l'ennemi.
    Quoiqu'il lui fût hautement désirable que l'Espagne fût coulée à fond, quoiqu'un grand coup frappé par l'Anglais sur Alberoni dût aussi effrayer, abattre ici ses ennemis, il fit, par son agent, Nancré, avertir cet aveugle au bord du précipice. Il le pria de ne pas se perdre, de ne pas lui donner, à lui Régent, cet avantage décisif et cruel.
    Nancré ne trouva à Madrid que des sourds et des insensés. Ils nageaient en pleine victoire. Victoire peu difficile. Le duc de Savoie, qui avait encore la Sicile, mais qui était près de la perdre ou par l'Espagne ou par l'Empereur, en retirait ses troupes. Vainqueur sans combat (3 juillet), le pavillon d'Espagne flotte à Palerme. La conquête paraissait certaine. Mais les preneurs risquaient fort d'être pris. Les Anglais n'en faisaient mystère. Stanhope lui-même (24 juin), plus tard l'amiral Byng, arrivé à Cadix, avaient fait dire aux Espagnols qu'aux termes des traités, à tout prix, on défendrait l'Empereur.
    L'envoyé des Anglais serrant de près Alberoni pour obtenir une réponse, celui-ci ne décida rien de lui-même. Il a dit, après sa disgrâce: 1 o qu'il eût voulu retarder et ne faire la guerre qu'après s'être assuré de plus grandes ressources; 2 o qu'il n'eût pas voulu qu'on commençât par l'Italie, mais par l'affaire du Prétendant. Or, c'était justement l'Italie que voulait lareine, et à tout prix, sur-le-champ. Elle était si aveugle, qu'elle ne voulait de la Sicile que comme d'une conquête préalable qui lui ferait faire celle du royaume de Naples. Le pape s'y opposait: chose grave pour Philippe V. N'importe. La fée dangereuse, sans doute par un coupable échange de honteuses faiblesses, avait acheté celle-ci. Le triste roi remit tout au destin, et sobrement répondit à l'Anglais: «Que Byng exécutât ce qu'avait commandé Sa Majesté Britannique.»
    Cruelle, imprudente parole! Il était aisé à prévoir que, de ce mot, il noyait son armée. Cette brave armée d'Espagne qui, pour lui obéir, était en pleine mer, en tel danger, ne lui inspirait-elle donc aucune pitié?
    Pouvait-il croire qu'une marine créée d'hier tiendrait contre la vieille marine anglaise? Jadis, les Basques, il est vrai, si étonnamment hasardeux, firent du pavillon espagnol le premier du monde. Philippe II les découragea, et, dans l'affaire de l'Armada, les soumit à ses Castillans. Philippe V les découragea, et, dans cette affaire de Sicile, confia de hauts commandements à des intrigants jacobites, des aventuriers irlandais.
    Du reste, les moyens humains semblaient fort secondaires. On comptait sur le ciel, et l'on exigeait un miracle. On sommait Dieu d'agir. L'Inquisition à ce moment fut terrible d'activité. En une seule année, cent et quelques personnes furent brûlées vives, quatre cents autres diversement suppliciées.
    Des Juifs ou Maures, des misérables qui se croyaientsorciers, des luthériens (libres penseurs), voilà ce qu'on brûlait. Jamais de vrais coupables. L'Inquisition était fort douce pour le libertinage. Sodome était ménagée à Madrid beaucoup plus qu'à Paris. En 1726, un homme fut brûlé ici en Grève pour une faute que les juges, en Espagne

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