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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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ou petites, cherchant, un sûr placement, s'y seraient portées. La révolution financière, qui semble si fâcheuse, tant qu'elle n'apparaît que comme agiotage, aurait profité à la terre et fécondé l'agriculture.
    L'autre proposition, un impôt égal sur la terre, réparait aussi en partie les maux de l'agiotage. Les grands propriétaires de terre, qui furent (par prête-noms) les grands agioteurs, se trouvant soumis à l'impôt, eussent restitué à l'État quelque chose de leurs monstrueux bénéfices.
    Résumons: 1 o le fisc simplifié , devenu très-léger; 2 o la libération de la France , la dette renversée avec profit et pour l'État et pour le créancier; 3 o Égalité de l'impôt territorial; 4 o la moitié des biens du clergé vendue en une fois, et la terre mise à si bas prix que chacun pût en acheter.
    Splendide construction de rêves et de nuages! Sur quoi (je vous prie) porte-t-elle?
    Sur la supposition que l'abolition de l'abus se fera par l'abus suprême, que la révolution peut s'opérer par le pouvoir illimité, indéfini, le vague absolutisme, le gouvernement personnel qui ne peut pas se gouverner lui-même.
    Law était fou évidemment. Le vertige de l'utopie, l'entraînement du duel contre Duverney, la partie engagée, l'ivresse avaient brouillé sa vue.
    Il ne s'aperçut pas qu'il avait son Système, l'enfant chéri de la pensée ... où?... dans la fosse aux bêtes, serpents, crabes, araignées. Il le suivit, il entra là, pour être mangé, l'imbécile, bien plus, honteusement souillé, sali, flétri.
    Le 27 août, fort inopinément, par un simple arrêt du Conseil, la révolution s'accomplit, la Compagnie des Indes prend les Fermes à ses adversaires, et se charge de lever l'impôt. Toute rente sur l'État est supprimée; la Compagnie remboursera la dette en émettant des actions rentières à 3 pour 100 que recevront les créanciers de l'État.
    L'Anti-Système périt; Duverney est vaincu. Le Système est vainqueur, ce semble. La masse des rentiers voit brusquement fermés les bureaux des payeurs, avec quelle inquiétude!
    Il faudrait pour les rassurer que leur liquidation bien faite leur donnât sans difficulté ce qu'on leur promet en échange, ces actions qui désormais sont leur unique fonds, leur propriété légitime. Qu'arrive-t-il? Les bureaux sont ouverts, les actions paraissent;le premier venu en achète! et le rentier seul est exclu. On lui répond: «Vous n'avez pas les pièces, vous reviendrez bonhomme; vous n'êtes pas encore liquidé.»
    La précipitation cruelle qu'on mit à tout cela ne servait Law en rien. Tout au contraire, ses grandes vues de colonies, de commerce, dont il était alors violemment préoccupé et qui devaient donner corps et réalité au fantasmagorique échafaudage du Système, voulaient du temps. Il était évident que, sans le temps, il périssait. On voit, par le Journal de la Régence et autres documents, que si la foule était à la rue Quincampoix, Law était d'âme et de corps, de toute son activité, à l'affaire du Nouveau Monde. Tout occupé de trouver des colons, il n'avait rien à gagner à ce crime de bourse, que la ruine infaillible et prochaine du Système. Il était trop certain que la folle poussée de hausse, la ruine des rentiers, n'aboutirait qu'à enrichir les gros voleurs, qu'une chute suivrait, épouvantable, qui emporterait Law, ses idées, sa fortune, sa personne et sa vie peut-être.
    Ni Law ni le Régent n'avaient rien à gagner à cela, qu'une immense malédiction, la ruine du présent et la honte dans tout l'avenir.
    Les plaisirs personnels du Régent étaient peu coûteux; on l'a vu. Fini à peu près pour les femmes, il ne l'était pas pour le vin. L'ivresse de chaque soir, non-seulement le menait à l'apoplexie, mais le tenait la matinée dans un état demi-apoplectique, obscurcissait sa vue, affaiblissait sa faible volonté. Ses facultés baissaient. Un signe de cet affaissement, c'est la facilitéqu'eut Dubois, aux dernières années, de l'occuper de plats intérêts de famille, de mariages, d'archevêchés pour ses bâtards, etc. Chose étrange et qui touche à l'idiotisme: son fils (un petit sot), il le nomma colonel général de l'infanterie française ! La charge, dont Turenne et Condé ne furent pas jugés dignes, charge abolie, comme trop haute, depuis l'amiral Coligny!
    Donc, représentons-nous dans son Palais-Royal, cette figure qui fut le Régent, ce distrait, ce myope, alourdi, ahuri et ne sachant à qui

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