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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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Law n'était pas un sot; il sentait à coup sûr cette chose simple et élémentaire que, s'il était de son intérêt de soutenir le cours, il ne faisait, en surhaussant une hausse déjà insensée, qu'augmenter son danger et la profondeur de sa chute. Mais il allait cruellement poussé, comme un tremblant équilibriste qu'on hisse au mât, le poignard dans les reins: qu'il veuille ou non, il faut qu'il monte, qu'il gravisse éperdu le dernier échelon.
    Ses maîtres, les haussiers, qui avaient déjà réalisé des sommes énormes, Bourbon, Conti, etc., donnèrent cet indigne spectacle au 30 décembre. Ils vinrent, le Régent en tête, distribuer le dividende à l'assemblée des actionnaires. Dans ce troupeau crédule, où déjà nombre d'esprits forts risquaient de se produire, on imposa la foi par l'audace, à force d'audace, par l'excès de l'absurdité. Law se déshonora. Le saltimbanque infortuné alla jusqu'à crier: «Je n'ai promis que douze ... Je donnerai quarante pour cent!» [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE XIV
LA BAISSE—L'ABOLITION DE L'OR
Janvier-Mars 1720
    Quand Law, nommé contrôleur général, se présenta aux Tuileries, on lui ferma la grille. Sa voiture n'entra pas. Insulte calculée. Ce même jour, le Parlement avait ému et enhardi le peuple par une remontrance sur la cherté des vivres. On espérait que Law, obligé de descendre en pleine foule, serait hué, sifflé (16 janvier 1720).
    Même au Palais-Royal et à la table du Régent, en février, on l'insulta en face.—Un des roués, Broglio, lui jeta une sinistre plaisanterie: «Monseigneur, dit-il au Régent, vous savez que je suis un bon physionomiste. Eh bien, d'après les règles, je vois que M. Law sera pendu dans six mois ...»—Le Régent rit, douta. «Et par ordre de Votre Altesse.»
    Celui qui si bravement insultait Law ne risquait pas grand'chose. Il savait bien qu'il plaisait à Dubois.
    Dubois avait un peu flotté, avait été un peu écarté de sa route par les séductions du Système, les pommes d'or de ce jardin des Hespérides. Mais le volage revenait à son premier amour, l'Église, qui seule pouvait l'établir, selon les vues de toute la vie. Sa chimère, son roman, couvé soixante années, l'échelle de Jacob qu'il montait dans ses rêves, c'était en trois degrés d'avoir quelque grand siège, puis le chapeau, puis ... la tiare peut-être! Qu'un coquin, comme lui, qui n'était ni diacre, ni prêtre, n'avait que la tonsure, allât si haut, dans le peu qu'il avait à vivre, ce miracle ne pouvait se faire que par une basse servitude et au clergé, et au roi George. C'était surtout dans le prince hérétique qu'il espérait, pour gagner Rome, attraper le cardinalat.
    Or, en janvier 1720, le clergé, l'Angleterre, étaient également contre Law. Dubois devait l'abandonner.
    Malgré l'argent que Law envoya à Rome pour le Prétendant, malgré les caresses du Nonce, en décembre, en janvier, l'on commence à sonner le tocsin contre lui. On prêche contre le Système. Des évêques assemblés condamnent la Banque. Cela se comprend à merveille, quand on voit Law, le nouveau converti, pour son entrée au ministère, occuper le Conseil d'une vente de biens du clergé. Il allait toucher l'Arche sainte. Comment Dubois eût-il osé le soutenir, lui qui précisément alors se faisait prêtre, archevêque de Cambrai? Il avait besoin des évêques pour lui donner les ordres et le sacrer. En un jour, ils le firent sous-diacre, diacre, prêtre. Il fut sacré par Massillon.
    Les Anglais désiraient, espéraient la chute de Law.Leur premier ministre Stanhope avait adopté en décembre le plan de Blount, imitateur et concurrent de Law. Blount voulait faire rembourser la Dette anglaise en actions du Sud. Chose improbable: la Compagnie du Sud, fort languissante, avait traîné depuis 1711, devait traîner encore si la nôtre se soutenait. Donc, il fallait qu'elle pérît. Cela allait au politique Stanhope, inquiet de notre marine. Cela allait aux maîtresses allemandes de George, à qui l'affaire devait valoir un demi-million. L'héritier présomptif était aussi pour Blount, voulant entrer dans la spéculation.
    Stanhope, loin de laisser soupçonner ses projets, se montra favorable à Law, blâma la violence de Stairs contre lui, promit même de le remplacer (18 décembre). De sa personne, il passa le détroit, vint s'arranger avec Dubois pour les affaires d'Espagne, et autre chose aussi sans doute. En mars, le plan de Blount

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