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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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l'alliance autrichienne.
    Le parti de Choiseul avait besoin d'abord qu'on rappelât le Parlement. Ce corps avait marché si longtemps avec lui; il ne pouvait manquer de l'aider, d'entraver la marche de Turgot. La Reine agit. La sensibilité du Roi fut mise en jeu. Étant venu un jour à Paris, et,le trouvant froid, la foule étant muette, il s'attrista, s'examina, rentra dans sa conscience. Il y trouva que le Parlement avait des titres après tout, aussi bien que la royauté, que Louis XV, en y touchant, avait fait une chose dangereuse, révolutionnaire. Le rétablir, c'était réparer une brèche que le Roi même avait faite dans l'édifice monarchique. Turgot en vain lutta et réclama. Maurepas, qui ne voulait que plaire, céda. Le Parlement rentra (novembre 1774), hautain, tel qu'il était parti, hargneux, et résistant aux réformes les plus utiles.
    Première défaite pour Turgot. L'hiver se fit la ligue générale de ses ennemis. Il avait commencé par frapper la finance, en supprimant le Banquier de la cour , ne voulant plus d'avances ni d'anticipations. Il avait cassé les baux récents faits par Terray à des prix usuraires. Il avait refusé le présent ordinaire des fermiers généraux. Enfin, l'affreux tyran avait pensé qu'à l'avenir, la cour, les seigneurs, les grandes dames, ne seraient plus croupiers , croupières (pensionnaires) des fermiers généraux. La capitation des princes, ducs, etc., pour la première fois fut levée, leurs carrosses visités, comme tous, par l'octroi aux portes des villes.
    Contre un pareil ministre, la route était toute tracée: 1º rappel du Parlement; 2º attaque violente sur le point où Turgot était plus vulnérable, la liberté des grains , la cherté du blé qui viendrait au printemps.
    L'année était pourtant médiocre et non pas mauvaise. La misère était grande; on peut le croire après Louis XV et Terray. Turgot avait ouvert des ateliers de charité. Il n'y avait de disette nulle part. À Dijon,des troubles éclatent contre un magistrat accusé d'être du Pacte de famine . Mouvement populaire qu'on imita ici assez habilement. Des agents (que Turgot crut ceux du prince de Conti) ameutèrent des masses crédules, les poussèrent au pillage. Ils criaient la famine, et ils crevaient les sacs, ils jetaient les blés à la Seine.
    On laissa ces bandits courir les champs, aller même à Versailles. L'armée de dix mille hommes qui y était toujours, qu'on nommait la Maison du Roi, ne bougea pas, et, au contraire, c'est de là que partit l'ordre honteux de céder. Certain capitaine des gardes, au nom du Roi qui avait fait la faute de paraître au balcon, ordonne aux boulangers de baisser le prix du pain.
    On travaillait le Roi de très-près. Un certain Pezay, qu'il avait consulté souvent étant Dauphin, poussait auprès de lui le banquier génevois Necker, l'adversaire de Turgot. Necker, dans un livre ridicule, à l'usage «des âmes sensibles,» avait ressassé et gâté le joli petit livre de Galiani contre la secte Économique. Devant l'émeute, il aurait dû ajourner la publication. Par une très-coupable imprudence, il publia son livre justement ce jour même.
    La fameuse police de Paris, tant admirée, qui sait tout comme Dieu, ne voulut rien savoir, ne bougea, laissa la bande entrer, piller les boulangers. La Justice se conduit tout aussi bien. Le Parlement encourage l'émeute dans une supplique hypocrite, il prie le Roi d'avoir pitié du peuple, de faire baisser le prix du pain .
    Restait de faire pendre Turgot, qui avait fait le mal en livrant , disait-on, nos blés à l'étranger . Mensonge,odieux mensonge! Loin d'exporter, Turgot avait encouragé par des primes l'importation, appelé les blés étrangers. Necker, dans son fatras, avait le tort de répondre toujours au principe de l'exportation, et de réfuter pesamment ce que Turgot n'avait pas dit.
    Celui-ci avait contre lui tout le monde, le Roi même, qui avait les larmes aux yeux. On vit alors la force de la foi. On vit ce que pouvait la colère d'un homme de bien. Il accourt à Versailles, change tout, se fait autoriser à donner des ordres à la troupe. On prend, on pend deux des pillards. Et on rejoint la bande à Sèvres. Leurs chefs, qui allaient être pris, tinrent ferme et furent tués. On trouva parmi eux des officiers, vieux reîtres à vendre, qui dans la sale affaire étaient agents provocateurs.
    Cependant le Roi pleure. Il disait à Turgot: «N'avons-nous rien à nous reprocher?» Sous

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